- Ni l'un ni l'autre, m'a répondu mon ami. Simplement écrivain.
- Laisse-moi voir ton passeport! (Il me le passe en hésitant). Profession: Professeur, que je lis.
- Oui, je suis professeur et écrivain.
- Non, lui dis-je. Tu es professeur. Ecrivain sur le passeport? On ne te prendrait pas au sérieux, du moins un soupçon tomberait sur toi.
- Pourtant, c'est écrivain que je préfère.
- Tu as raison. Mais la société civile a aussi son mot. Tu écris en français, tu n'es pas français. Eh bien tu es un écrivain francophone sans plus.
- Justement, je refuse d'être catégorisé par ma nationalité et ma non-appartenance à la France.
- Cesse avec ton aveugle illusion. Aucun français ne te prend au sérieux. Au salon du livre de Paris, n'est-ce pas que tu m'as dit que tous les livres des non français étaient largués à l'étage, loin des visiteurs du salon?
- Oui, mais ça c'est les organisateurs.
- O que non, cher ami. Tant que tu resteras africain et francophone, ton livre se trouvera à l'étage si tu ne l'a pas compris. Pourquoi? Beh, parce que les français ont horreur que leur langue soit massacrée. Il n'y a pas de place pour du petit-nègre et du charabia.
- N'est-ce pas du racisme ou de la discrimination que tu insinues?
- Je n'ose pas prononcer ces mots par pudeur, mais c'est comme si. As-tu entendu l'histoire de l'écrivain congolais Dongala que la France a refusé d'accueillir lorsqu'il avait fui la guerre dans son pays? Eh bien, il a trouvé asile en Amérique, où il enseigne la littérature francophone.
- Qu'importe? La France, c'est le pays de la liberté et des droits de l'homme.
- C'est très vrai. Tu n'y es pas moins réduit à un écrivain africain et francophone, c'est-à-dire voué à servir de matière à quelques africanistes nostalgiques du bon vieux temps de l'empire colonial, qui te présenteront à leurs pairs pour "confirmer" ton talent d'écrivain. Oui d'écrivain francophone d'Afrique.
- Serais-tu de ces africains qui accusent les français d'être à la base de tous les malheurs qui arrivent sur leur continent?
- Que non! Les africains sont eux-mêmes les responsables de leurs malheurs. Pourquoi ne refusent-ils pas l'intrusion des grandes puissances dans leurs affaires intérieures? Il ne me revient pas de juger la politique étrangère française. Littéraire, je m'intéresse plutôt au sort des écrivains non français publiant en français. Le développement de la polémique soulevée par le manifeste de la littérature-monde m'intéresse. Pourquoi n'initierais-tu pas un mouvement postfrancophone, détaché de la francophonie politique, qui redynamiserait les efforts de tes collègues soumis aux diktats des éditeurs parisiens?
- Postfrancophonie? Voilà une idée que je peux considérer. Au fait, on est un pied dedans, un pied dehors. Surtout dehors. La francophonie ne joue pas son vrai rôle culturel.
- Tu m'as bien compris. C'est à cette seule condition que tu t'épanouiras librement dans la langue de la liberté.
- Laisse-moi voir ton passeport! (Il me le passe en hésitant). Profession: Professeur, que je lis.
- Oui, je suis professeur et écrivain.
- Non, lui dis-je. Tu es professeur. Ecrivain sur le passeport? On ne te prendrait pas au sérieux, du moins un soupçon tomberait sur toi.
- Pourtant, c'est écrivain que je préfère.
- Tu as raison. Mais la société civile a aussi son mot. Tu écris en français, tu n'es pas français. Eh bien tu es un écrivain francophone sans plus.
- Justement, je refuse d'être catégorisé par ma nationalité et ma non-appartenance à la France.
- Cesse avec ton aveugle illusion. Aucun français ne te prend au sérieux. Au salon du livre de Paris, n'est-ce pas que tu m'as dit que tous les livres des non français étaient largués à l'étage, loin des visiteurs du salon?
- Oui, mais ça c'est les organisateurs.
- O que non, cher ami. Tant que tu resteras africain et francophone, ton livre se trouvera à l'étage si tu ne l'a pas compris. Pourquoi? Beh, parce que les français ont horreur que leur langue soit massacrée. Il n'y a pas de place pour du petit-nègre et du charabia.
- N'est-ce pas du racisme ou de la discrimination que tu insinues?
- Je n'ose pas prononcer ces mots par pudeur, mais c'est comme si. As-tu entendu l'histoire de l'écrivain congolais Dongala que la France a refusé d'accueillir lorsqu'il avait fui la guerre dans son pays? Eh bien, il a trouvé asile en Amérique, où il enseigne la littérature francophone.
- Qu'importe? La France, c'est le pays de la liberté et des droits de l'homme.
- C'est très vrai. Tu n'y es pas moins réduit à un écrivain africain et francophone, c'est-à-dire voué à servir de matière à quelques africanistes nostalgiques du bon vieux temps de l'empire colonial, qui te présenteront à leurs pairs pour "confirmer" ton talent d'écrivain. Oui d'écrivain francophone d'Afrique.
- Serais-tu de ces africains qui accusent les français d'être à la base de tous les malheurs qui arrivent sur leur continent?
- Que non! Les africains sont eux-mêmes les responsables de leurs malheurs. Pourquoi ne refusent-ils pas l'intrusion des grandes puissances dans leurs affaires intérieures? Il ne me revient pas de juger la politique étrangère française. Littéraire, je m'intéresse plutôt au sort des écrivains non français publiant en français. Le développement de la polémique soulevée par le manifeste de la littérature-monde m'intéresse. Pourquoi n'initierais-tu pas un mouvement postfrancophone, détaché de la francophonie politique, qui redynamiserait les efforts de tes collègues soumis aux diktats des éditeurs parisiens?
- Postfrancophonie? Voilà une idée que je peux considérer. Au fait, on est un pied dedans, un pied dehors. Surtout dehors. La francophonie ne joue pas son vrai rôle culturel.
- Tu m'as bien compris. C'est à cette seule condition que tu t'épanouiras librement dans la langue de la liberté.
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