23 nov. 2011

Suspension de l'abbé J-R Singa... Réaction à chaud


Kenge, 21 novembre 2011. L'abbé Jean-René Singa vient d'être notifié de sa suspension a divinis dans sa trente-quatrième année de sacerdoce.  Et pour cause? "Non obtempération aux injonctions" comme aimaient dire les gendarmes de la police routière zaïroise. Promu Directeur Général de l'ISTM (Institut Supérieur des Techniques Médicales) de Kenge par le ministre congolais de l'éducation nationale, ce prêtre a été affecté par son évêque comme Curé à la paroisse de Matari, à près de 300 Km de Kenge. Or, le prêtre doit obéissance totale à son évêque qui possède la plénitude du sacerdoce. Officiellement, la sanction canonique frappe le prêtre parce qu'il refuse de répondre à l'obédience épiscopale.
Soyons quand même objectifs: il y a clairement vice de forme et de procédure. L'une des deux autorités - soit le ministre soit l'évêque, sinon les deux - doit avoir rompu les termes du contrat. Comment le contrat liant les deux institutions est-il stipulé, notamment en matière des nominations des responsables à l'ISTM? Visiblement, les deux autorités ne se sont pas consultées. Le ministre aurait assurément signé son décret "sans la proposition" du prélat. Ce dernier, tout en ayant connaissance de la promotion de son prêtre, l'a à son tour nommé curé de paroisse. Ce qui correspond à "sa volonté".
Le DG était depuis 2000 secrétaire général académique de cette institution. L'évêque a nommé un autre, l'abbé Munkaba, au poste de SGA. Ce qui devrait créer un inévitable climat de tension entre les deux prêtres, véritables pions de damier forcés de défendre leur ego personnel. Dans ce cafouillage où le DG s'accroche à son prestigieux poste, l'évêque brandit l'arme imparable dont il dispose: le canon incendiaire. Le prêtre récalcitrant est mis hors d'état de nuire. Du déjà vu! Les détails sont connus. L'épée de Salomon aurait assurément mieux fait la différence.
Ce qui me frappe, moi qui vis hors du Congo et travaille dans l'enseignement supérieur depuis une dizaine d'années, c'est la prépondérance de l'arbitraire dans nos pays. Dans les pays organisés, les postes administratifs et académiques sont mis au concours; et les promotions sont sollicitées sur la base d'un dossier. Le concours et l'étude minutieuse de dossiers, non pas la volonté d'une autorité quelconque, constituent les seules garanties pour sélectionner ou promouvoir les meilleurs candidats à ces postes. Même les collègues prêtres se soumettent à ces normes. Un respect rigoureux des textes et des droits des individus aurait évité une telle impasse. Ce n'est pas moi qui vous apprendrai comment le titre de "Prof. Dr." s'acquiert. Dans de telles conditions faire carrière à l'ISTM Marie Reine de la Paix de Kenge est impensable.

Personnellement, je ne suis pas du tout surpris par cette tournure des événements. C'était prévisible. Je l'avais prédit à quelques amis. Vous souvenez-vous de mon appel aux prêtres de Kenge en date du 9 septembre 2011? L'abbé Singa a écrit le 16 juin 2011 une lettre dans laquelle il a dévoilé et dénoncé les injustices en cours dans la gestion humaine et financière du diocèse, en remettant en cause la nomination du vicaire général, la répartition tribaliste des fonctions. Très grave et impardonnable!  De toutes les lettres qui circulent, celle-là est la plus percutante. Ce qui a provoqué des menaces de toutes parts contre sa personne. Je ne parle que de ce qui est exposé au vu de tous. Parlez-moi encore d'évangile et d'amour du Christ! Alea iacta est!

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