28 janv. 2012

Qui a dit que la démocratie était faite pour les Africains?

Mot forgé par l'Occident, il reste la propriété des Occidentaux. Depuis des millénaires, c'est eux qui pratiquent la démocratie, en modifient ou améliorent le contenu. Ils l'ont inventé, l'imposent sous le couvert de leur impérialisme ou néocolonialisme après les prétendues indépendances. Les Africains se sont greffés, par l'accident de la colonisation, sur une histoire dans laquelle ils ne trouvent aucun repère. D'où les mascarades électorales toujours entachées de malversations et de falsifcations qu'on voit un peu partout en Afrique. Les dictateurs d'une génération étaient élus à 100%. La nouvelle génération est plus pragmatique: elle accepte l'opposition, agit dans l'ombre, tue dans le silence. Le pouvoir est au bout de leur canon.
Vous voulez une définition de la démocratie africaine? C'est un exercice cynique organisé par le pouvoir en place pour s'y maintenir avec l'approbation tacite du peuple. Le fusil fait le reste, muselle le récalcitrant, assure l'ordre tel que voulu par le maître. Tout le reste n'est que blablabla. Le scénario est orchestré de sorte qu'avant comme après l'élection, rien ne change. C'est pourquoi le sang doit couler comme holocauste pour blinder des sangs des innocents les pactes maléfiques avec le diable. N'oubliez pas que je suis un mythologue. L'Afrique n'en a pas fini de nous montrer son visage au nom de la démocratie.
En Côte d'Ivoire, comme si le ridicule ne tuait pas, Robert Gueï s'était présenté à la télévision avant même la clôture du dépouillement des voix pour remercier la population de l'avoir élu. Le même Gueï avait emprisonné les joueurs de l'équipe nationale de foot pour avoir été éliminés de la Coupe d'Afrique des Nations. Cela s'était déjà vu en Guinée du temps de Sekou Touré. Ne vous en faites pas: je suis moi-même un dictateur. Toutes les responsabilités que j'assume, je les exerce d'une main de fer, de façon intransigeante. Comme mon feu père, je hais la médiocrité. Cependant, il y a des choses qui me répugnent.
La candidature de Wade  85 ans, pour un troisième mandat à la tête du Sénégal, me donne de la nausée. Je comprends la passion des jeunes. On valide le vieillard sénillant, on invalide le jeune. Prouver l'objectivité des critères de validation demeure sujet de dispute. Quelle honte pour le Sénégal incapable d'en découdre avec un vieux cocon qui s'accroche au pouvoir. Il a déjà fait ses preuves, on le connaît, on ne peut plus rien attendre de lui. Quel recul en terme de gouvernance! Quelle honteuse victoire de la classe au pouvoir. Le peuple continuera de croupir dans la misère et d'être saigné à blanc comme au Soudan, au Zimbabwe, au Gabon, au Cameroun, en RDC, en Egypte, en Lybie, au Togo par des prédateurs devenus - secret de polichinelle - millionnaires ou milliardaires sans le savoir. Mais le peuple, quel peuple? Détrompez-vous. Souvenez-vous des 25% des voix pour être élu président. Wade n'organise pas les élections pour les perdre. Ce n'est pas Abdou Diouf. Encore moins L S Senghor. Au fait, le Sénégal avait pourtant si bien commencé. Je vous dirai que, toujours de l'incapacité des Africains en matières de démocratie, c'était comme de la peinture sur le mur d'un bâtiment, qui s'émousse sous les coups des intempéries. On est aujourd'hui dans l'arbitraire total. Les passions se découvrent, les gens sont descendus dans la rue. Il leur manque seulement une chose: le fusil, seul silencieux à maintenir au pouvoir par défi. Un enfant de douze ans armé jusqu'aux dents est plus fort que cent adultes tous réunis.
Les décideurs, acquis à la cause du pouvoir, valident tel ou tel candidats en fonction de leurs propres intérêts personnels. Le pays ne les intéresse pas. C'est quoi un pays? Une organisation imposé de toutes pièces par la volonté de l'Occident. Seuls les agendas cachés décident des lois démocratiques. Vous avez dit corruption? Non, démocratie. Pourquoi scierais-je la branche de l'arbre sur laquelle je suis assis? MPR égale Se Servir? Non, mais oui en réalité. Résultat: tous les dynosaures n'ont-ils pas vécu comme d'intouchables pachas? Tout ce qui a un début a une fin. Dieu seul sait comment cela finira. Chaque pays a son secret, chaque dictateur a son sorcier invisible.
Mon amie, Mme Schmitt, m'a rappelé hier un dicton que j'avais oublié: "Die Schwaben können alles, aber kein Hochdeutsch" (Les Souabes savent tout faire, sauf parler l'allemand standard).
Démocratie, démocratie, c'est quel néologisme ça? Ce n'est pas pour nous, Africains. Revenez dans un siècle pour en parler aux Africains. Je ne serai plus là.

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