6 décembre 1956-2021. S'il avait vécu jusqu'à ce jour, l'abbé Flavien Busina Bikakala aurait fêté son 65e anniversaire de vie. Mais Dieu l'a voulu autrement. Après une vie marquée par des hauts et des bas, après avoir souffert énormément, il a vécu très difficilement les dernières années de son passage terrestre. Il a eu une jeunesse équilibrée, entourée de l'amour des siens et dopée par son sens de réalisme et un activisme hors paire. Caractère très fort, téméraire à ses heures, Flavien était un homme de parole, de défi et d'action. Il ne faisait rien à moitié, il allait jusqu'au bout de tout ce qu'il entamait. Une chose que je n'oublierai jamais, c'est l'auto-injection. C'est la seule personne de mon entourage que j'ai vue s'auto-injecter, à une époque où je craignais l'injection. Je pense à ces vieilles longues seringues qui nous terrorisaient du temps de notre enfance. Quelle force de caractère! Le lecteur de ce blog pourra se souvenir de mes injections de Masamuna par les soeurs Scholastique ou Maguy. Voilà pour la parenthèse! J'ai eu le même parcours que DG Bikakala: Kalonda, Mayidi, Rome, Kenge-Katende. Mêmes jours d'anniversaire de lectorat, acolytat, diaconat, ordination sacerdotale. A chaque étape, nous étions proches: Businax demeure pour moi le meilleur gardien de but que j'aie jamais connu. C'est à Rome que je l'ai le mieux observé et connu. Avec une volonté de fer, Flavien a réussi à faire imprimer un 33 tours de Misa Zaïre. J'en possède encore une copie dans mes archives. Que des souvenirs! Les spaghetti alle vongole commandés dans un restaurant d'Ostia restent gravés dans ma mémoire parce que c'était mon 24e anniversaire. Une très bonne maîtrise de l'italien et de l'allemand témoigne éloquement de ses capacités linguistiques. "Mbwa kangala ya wadiaka", me répétait Pafla. Un véritable motto pour lui au point de faire frémir le recteur du collège, Padre Fumagalli. Travailleur pas comme deux, il a réussi à remplacer le P Ben Overgoor alors qu'il n'y était pas préparé en assurant le cours de latin à Katende. Je l'ai vu bosser pour que le niveau ne baisse pas, qu'on ne regrette pas le vénérable magister de nous tous. On se souviendra de son accident fatal de moto. On se souviendra de son travail comme curé ou exorciste. Une consécration au service de ses ouailles et malades. Il faisait tout cela avec passion et fermeté d'esprit. S'il y a une chose que je regrette au sujet de l'abbé Flavien, c'est que ses talents (intellectuels, musicaux, linguistiques, culturels et sportifs) n'ont pas été exploités suffisamment par le diocèse qui a fini par l'abandonner à son triste sort, et le réduire à une mort lente. No comments. On se souviendra de mon message de protestation diffusé à sa mort. Si nous étions à Rome, nous nous serions rendus à notre restaurant de Piazza Barberini où nous avons reçu le vieux Makwanza, Bokemposila, et quelques amis. Nous aurions pris la Vespa de Sila Lengame, hérité d'un certain Laurent Monsengwo. Nous aurions chanté "Che fretta c'era, maledetta primavera" ou "Buona Domenica". En dépit de la bonne amitié et de la fraternité que nous avons partagées, nous n'étions pas d'accord sur certains choix qu'il a opérés. Lors de nos échanges, je lui exprimais mon indignation en toute franchise. Je garde encore ses lettres, ses emails et lettres-testaments qui annonçaient sa mort. Honneur et respect à mon compagnon de lutte parti dans la fleur de l'âge que Jean-Pierre Gavuka a précédé, que Benjamin Fala et Faustin ont suivi. Notre épopée romaine tient encore le coup par-delà le temps car leurs noms restent gravés dans le cycle cosmique et mythique de ma toile littéraire. Adieu mon frère Flavien! Whena mboti kuna wena mwana mama!
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