14 nov. 2024

Travaux de fin d'études

Mon expérience de professeur à Berlin, Cave Hill, et de directeur des études postgraduées à l'université des West Indies m'appris à apprécier les travaux de fin d'études avec une certaine certitude. A temps nouveaux, étudiants nouveaux. Il s'effectue un changement énorme dans le comportement des étudiants qu'on appelle désormais apprenants comme dans celui du personnel enseignant. Le profil des apprenants et leurs attentes ont nettement, tandis que les superviseurs suivent encore des schémas traditionnels. Et des situations d'arrangements de plus en plus ambiguës voient le jour. Observateur critique, je peux prétendre avoir vu tous les cas possibles ou presque. J'ai collaboré à plusieurs formes de direction de thèses et mémoires avec des collègues d'Afrique, d'Europe et des Amériques. J'ai été "internal et external examiner" pour des thèses de doctorat defendues au sein et hors de mon université. A présent, il m'arrive de diriger des travaux de fin d'études à l'ISP Kenge. Je constate qu'il y a une lacune dans la conception même des mémoires et thèses. Les défenses donnent lieu ä d'inouis spectacles de réjouissances et célébrations. Souvent au détriment du travail quelle que soit sa qualité. C'est à ce niveau qu'il y a problème.

Certains étudiants ne se démarquent pas de leurs notes de cours, qu'ils répètent souvent sans les critiquer ni les rectifier. Ils extrapolent sur les commentaires des enseignants et leurs réflexions ne vont pas souvent au-delà du contenu du cours. D'autres jettent sur la pavée des synthèses de plusieurs cours, manipulées de sorte à produire un micmac indigeste. D'autres encore plus astucieux ou originaux vous balancent des textes individuels sans consistance ni articulation. D'autres attendent simplement que les directeurs fassent le travail à leur place. Ces cas de figures existent partout, à des dimensions différentes. Le problème réside surtout dans l'attitude que les étudiants affichent au sujet de leurs travaux de fin d'études. Les nombreux plagiats démontrent souvent un manque de temps et d'assimilation de leurs matières. Un collègue s'étonnait dernièrement de voir que des travaux plagiés sont passés alors qu'un rapport de plagiat était produit. Au résultat, des étudiants présentent des travaux déjà faits ailleurs ou élaborés à la hâte. Des dérogations spéciales sont demandées et généreusement accordées de connivence avec les responsables de l'évaluation des mémoires et thèses. Une réponse négative n'est jamais attendue. Encore moins un échec. En dépit d'irrégularités évidentes qui éclaboussent la réputation des institutions, les étudiants tiennent à passer avec distinction au moindre effort. Dans une institution supérieure qui se veut centrée sur les étudiants, la voix de ceux-ci tend plutôt à banaliser leurs mémoires qui sont pourtant censés démontrer le niveau et la qualité de leur formation. Ainsi se developpe une culture du raccourci. Qui dit raccourci dit corruption. Ce risque-là guette toutes les institutions. J'arrête là. Intelligenti pauca.

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