Naïf et insensé que de le croire ou de se croire condamné(s) par l'Histoire? Qui l'a décrété? De quel droit? Pour quelles raisons et dans quels buts? Nul ne possède le monopole de la puissance ni l'hégémonie de l'intelligence quoique certaines s'octroient le droit de s'attribuer de tels privilèges. On entend partout dire que tous les hommes sont égaux devant Dieu et devant la loi. Je l'entends aussi, mais n'en suis convaincu qu'à moitié tant que l'ordre des choses ne change pas.
Il est naturellement acquis que certaines gens sont destinés à être des serviteurs ou servantes des autres. N'est pas chef qui le veut mais on naît prince, duc ou Dieu seul sait quoi/qui. Et qui a institué le premier roi ou empereur? On remonte jusqu'à l'ordre divin pour prétendre que le pouvoir est sacré. Le mythologue sait appréhender ces réalités en recourant à des théories classiques, maladroitement dictées par les puissants de ce monde. Un mythe naît, vit et meurt. Rien n'est éternel. C'est ainsi que la science, l'autre revers du mythe, évolue. On prétend construire des vérités éternelles qui n'en sont pas. Les mythes nous apprennent que le savoir n'a rien à voir avec l'écriture qui n'en est qu'un support. On édicte des principes, on les utilise tant qu'ils servent sa cause. On écrit une Constitution, on la change ou l'amende dès que les conditions de satisfaction se modifient. On élit des candidats dont les noms ne sont pas retenus sur la liste finale. Etc. Ce n'est pas seulement en Afrique que ce jeu démocratique a lieu. Seulement voilà, on crie au scandale dès que cela se produit en Afrique; on proclame l'incapacité des Africains à se gouverner selon des principes modernes de liberté et de démocratie. L'Occident a certes dépassé cette étape basique de la corruption, mais il n'en demeure pas moins victime, et n'hésite pas à embrouiller les enjeux démocratiques dans ses colonies - vous avez bien lu -. Oui je le confirme l'Afrique est encore colonisée ou mieux néo-colonisée. Elle en est encore à se laisser légitimer par l'Occident.
La RDC, pour ne citer que cet exemple, est incapable d'exploiter ses immenses richesses pour son propre développement et le bien-être de sa population parce qu'il y a d'énormes intérêts occidentaux et étrangers en jeu. Les multinationales, les organismes paravents du capitalisme sauvages, et les mécanismes de spoliation systématiques mis en place par les Congolais eux-mêmes, condamnent ce pays à l'exploitation occidentale et étrangère pour des décennies. Enviée, occupée et exploitée par ses voisins, mise sous tutelle par l'Occident et l'Orient, la RDC tourne en rond au lieu de devenir un espace de paix et de prospérité. Un pays aux potentialités humaines et naturelles immenses qui évolue littéralement en faux soixante années après son indépendance. Pourquoi? Parce que nous sommes condamnés par l'Histoire, me dira-t-on. Rien de plus faux! Il n'y a simplement d'éveil révolutionnaire nationaliste. Lumumba, trahi par les siens, a payé certes de sa vie. Mais combien y a-t-il dans ce pays qui iraient jusqu'au sacrifice suprême pour en défendre la souveraineté? Comme me disait à l'époque un ami: "Ce pays est déjà miné, chaviré pour l'éternité. Tout effort qu'un seul individu ferait pour le relever sera vain." Ce genre de discours confirme notre condamnation éternel. Damnés de la terre? Ceci pourrait mutatis mutandi se dire d pays de ce continent.
Il est temps de braver la condamnation éternelle, d'agir et de se prendre en main. Il n'y a aucune fatalité sut le chemin de notre libération totale. Le temps de la manne coloniale est désormais dépassé. Une action concertée visant la reprise en main de notre destinée. Pas de vains mots mais une révolution radicale sans compromission de notre être.
Il est temps de braver la condamnation éternelle, d'agir et de se prendre en main. Il n'y a aucune fatalité sut le chemin de notre libération totale. Le temps de la manne coloniale est désormais dépassé. Une action concertée visant la reprise en main de notre destinée. Pas de vains mots mais une révolution radicale sans compromission de notre être.