2 févr. 2019

Meutrier à 18 ans

L'histoire de Romario Roach interpelle toute société et tout parent. 18 ans et triple meurtrier. Il tue sa mère, un homme inconnu et une professeure de l'université. Le jugement n'est pas encore intervenu: on dira que c'est un enfant déséquilibré, un malade mental. Est-ce pour atténuer le crime ou lui accorder quelque bénéfice du doute? Aucun jugement raisonnable ne tient à ce niveau. 
1. Conscience de meurtrier? Quelle conscience un enfant ou un homme de 18 ans a-t-il de son crime? Il serait plus correct de se demander si cet homicide possède encore toutes ses facultés, s'il pourrait encore revenir en arrière, au droit chemin. Je le crois condamné. Je crois que le crime fait désormais partie de son être et qu'il ne s'en débarrassera jamais, ou presque jamais. C'est le cas d'une conscience mal formée: à ce stage il n'est plus en mesure de reconnaître la gravité de son délit. Le cap du non-retour est franchi, dépassé. Tout est à cet instant de passage entre le normal et l'anormal, entre la culpabilité et l'indifférence à la faute ou l'inconscience du mal. Franchir le pas est à mon avis l'événement fatal: un enfant criminel à 18 ans est un horrible danger public qu'il faut maîtriser au plus tôt et éloigner des autres. Le tout est de savoir comment il en est arrivé là. Des causes endogènes et extérieures sont à prendre en considération. Et chaque cas est unique, malgré la similarité des motivations. Chaque criminel a une histoire personnelle, son histoire.
 2. "Dieu merci, que sa mère est décédée avant même de se rendre compte des crimes de son fils" Ainsi s'est exclamée Mama Mapasa lorsqu'elle a entendu cette histoire de crimes en série. Erreur, me suis-je dit. Elle aurait assisté impuissante à la d'échéance morale et sociale de son fils, à son grand dam. La mère aurait  sans doute honte eu de son fils criminel, mais si elle avait vécu, elle aurait été peut-être la seule personne capable de redresser la barre éducationnelle du meurtrier. Peut-être le contraire, qui sait? Nous vivons dans une société en constante mutation dans laquelle les changements des valeurs sont fréquents, rapides, et insolites. Des choses jadis sacrilèges sont promues au rang de valeurs aujourd'hui. L'animalité devient on dirait la norme. Des enfants lisent des livres de crimes, voient des films dangereux, pornographiques, s'habituent à la violence et à l'usage des armes dans un environnement qui leur permet de suivre cette voie. Comment voulez-vous qu'ils ne passent pas à l'acte, qu'ils ne pratiquent pas dans la réalité ce dont leur imaginaire est quotidiennement nourri. Le crime, le vol, l'assassinat, le viol, la drogue, la violence font partie de leur environnement immédiat. Peu de chance qu'ils s'en sortent sans y toucher ni goûter. Le héros n'est plus le père ni la mère, mais le bandit ou la prostituée du coin de la rue, le protagoniste du film à la mode projeté dans les cinémas de la ville, ou le meneur du gang dans laquelle l'enfant est incorporé contre sa volonté. 
3. Quelle société à venir? La Barbade, pays réputé modèle en termes de sécurité et d'éducation, risque de ne plus être la havre de la paix et des vacances caribéennes. Le modèle américain y est pour beaucoup à mon avis. L'école perd de plus en plus son rôle de lieu de formation humaine pour devenir une arène de carrières. On ne forme plus l'enfant à la vie, mais à une carrière miroitant l'acquisition de l'argent, la réussite professionnelle sans forcément insister sur les valeurs religieuses, morales et sociales qui guident la société. Ce qui s'entend ailleurs - en Amérique - commence à se vivre et voir ici. A une échelle réduite peut-être mais significative, ce pays se trouve à un tournant décisif. A l'autorité politique, aux éducateurs, aux animateurs sociaux et religieux de prendre les choses en main pour essayer d'endiguer ce qui pourrait encore l'être. Une remise en question des modèles traditionnels doit constituer le point de base de la réforme éthique à entreprendre dans la société, si l'on tient à gagner le pari de la violence criminelle et meurtrière.
4. Ce triple meurtrier de 18 ans est représentatif de la nouvelle société, impliquant les risques d'une société à la dérive qui perd ses repères. Cet homme ou cet enfant est le résultat visible d'un malaise plus profond dans la crise qui frappe la société moderne. Il n'est pas seul. Il ne serait pas pessimiste ni faux de dire que dans ces conditions se cache dans chaque enfant un potentiel criminel si l'on n'y prend garde. L'heure est donc à la vigilance, à une rééducation complète de la société et à la conscientisation de la population face aux ravages du crime et de la violence. Des monstres en devenir!

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