Ci-dessous ma proposition de contribution au Colloque international Kane.
"La question qui consistait à se
demander s’il fallait ou non envoyer les enfants à l’école occidentale est de
fait révolue de nos jours. Le colonialisme a imposé de façon unilatérale aux
colonisés son curriculum éducatif. Le thème de l’école tel qu’il a été exposé
dans L’aventure ambiguë de Kane
(Juliard, 1961) demeure actuel en ce qui concerne sa pertinence, ses objectifs
et ses méthodes. Quelle école pour l’Afrique ? Avec une perspicacité
remarquable, la visionnaire Grande Royale a, mieux que quiconque, perçu dans
l’école nouvelle la clé de la solution au problème de survie des peuples Diallobé :
ils doivent désormais apprendre le secret de la réussite des Blancs, à
« lier le bois au bois » et à « vaincre sans avoir
raison ».
Cette contribution quoique basée
sur le roman de C H Kane procède d’une approche à la fois comparative et
interdisciplinaire. Elle s’étend aussi bien du côté des littératures caribéennes
de l’époque de la négritude que des sciences sociales. Pour illustrer mon
propos, j’analyserai le poème « Prière d’un petit enfant nègre » du
Guadeloupéen Guy Tirolien (1913-), j’aborderai quelques passages du Cahier d’un retour au paix natal et un poème
« Colonial girls » de la Jamaïcaine Olive Senior. J’examinerai
également la thèse défendue par Kiala Sadila Kanda intitulée : L’éducation et l’ajustement culturel pour le
développement en milieu rural africain (Edilivres, 2016), un essai sociologique
élaboré au regard de nouvelles théories du développement éducationnel. Est-il
possible d’avoir une école africaine conçue (exclusivement) pour l’Africain ?
Si oui, à quelles conditions ? L’école moderne ne demeure-t-elle pas tributaire
de la communauté dominante qui l’a introduite chez les colonisés ? Le défi
revient à mettre l’école moderne au service de l’Afrique, d’accorder
l’éducation postcoloniale avec les contraintes traditionnelles et les
pesanteurs culturelles de l’Afrique profonde.
Tous ces textes exigent
ou suggèrent une réforme impérative de l’école héritée du système colonial et
son adaptation aux besoins et attentes des consommateurs. L’école postcoloniale
se doit donc de calibrer ses objectifs si elle entend mettre l’Africain et
l’Afrique au centre de ses préoccupations. Il est principalement question
d’idéologie et d’aliénation mentales."
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