23 mars 2022. Interview avec M. Anaclet Mutaba:
AM: Bonsoir Mbuta Muntu. Aujourd'hui le 23 mars c'est le 43ème anniversaire de notre grève à Kalonda. Je pense que vous vous en souvenez.
KM: Bonsoir Anaclet, je n'ai pas retenu la date mais je me souviens de la grève. Ecris tes souvenirs, je vais les publier sur mon blog.
AM: Nous n'avions pas prévu que l’événement serait ainsi. Nous pensions que les abbés (Kapende et Singa) allaient venir vers nous mais hélas personne ne s'était approché. Ce vendredi-là, nous devrions avoir à la première heure le cours de latin avec le père Ben et à la deuxième chimie avec le père Charles. C'est ce dernier qui était venu s'enquérir de notre refus aux enseignements.
KM: Que s'est-il passé ensuite?
AM: Comme aucune autorité du séminaire n'était venue vers nous, on s'était décidé de boycotter les activités scolaires sauf les heures de prières. Ce matin-là nous sommes allés à Modèle, c'est là que nous nous sommes concertés, que la reprise des activités ce serait avec Monseigneur. Et que si on arrivait à renvoyer un de nous, tous nous devrions demander nos dossiers. Nous sommes rentrés au séminaire à l'heure du repas de midi, mais l'ordre avait été donné que nous n'avions pas droit au repas. Par solidarité, ceux de quatrième voulaient nous laisser la nourriture, mais nous avions refusé.
KM: Tu révèles des détails qui m'étaient inconnus. Comment s'est passée la suite?
AM: Le soir, nous sommes allés prendre les plats de nourriture au réfectoire. Kajos, Jim et Mbongo Mpasi n'avaient pas fait une résistance pendant que nous prenions les plats à la cuisine. C'est à ce moment que ceux de première et deuxième commencèrent à crier au voleur. Pour nous, nous avions récupéré notre nourriture de midi. Le samedi pas de cours pour nous, nous étions en train d'attendre l'arrivée de Monseigneur l'Evêque qui n'est arrivé que le dimanche soir. Le dimanche, pendant l'homélie, l'abbé Kapende avait fait allusion à notre grève en parlant de " khalu madinga". Le même dimanche, lorsque nous avions appris que Monseigneur l'Evêque était là, nous sommes allés chez lui, mais il nous demandera de l'attendre lundi puisqu'il se rendait à Masamuna. Le lundi, nous nous sommes rendus en classe comme Monseigneur l'Evêque nous l'avait recommandé mais hélas aucun n'enseignant ne s'était présenté. Le soir, nous sommes allés devant la chambre de Monseigneur qui était de retour. A sa sortie de sa chambre, l'abbé Kapende s'était pointé pour parler de notre comportement.
KM: Oui, je me souviens de l'homélie sur "khalu madinga". Quelle mémoire! Je me souviens aussi de notre rencontre avec Monseigneur qui rappellera une grève que nous avions faite en 1970 à cause des "milembwa" et comment l'abbé Kilunga, le père Ben et lui-même l'avaient gérée. Il y avait les abbés Kapenda et Singa, les pères Overgoor et Schwertz, le régent Mampuya et moi. Je me souviens également des renvois que nous avions décrétés. La suite des événements s'il te plait.
AM: Je reviens à la journée de samedi; un petit incident, nous avions voulu aller au réfectoire mais le régent Mampuya nous avait empêchés. Il va prendre les babouches de Manzanza et de Ngumbu (RIP) qu'il jettera sur le toit de la cuisine; pour répliquer nous sommes allés déposer nos babouches devant sa chambre jusqu'au moment où il est allé reprendre les babouches de nos amis; et nous avons récupéré les nôtres.
KM: Olala tu reviens sur des détails que j'ai complètement oubliés. Effectivement, Faustin s'occupait de l'intendance. Il avait aussi été visé par la grève.
AM: Le mardi, le 27 mars 1979, Monseigneur l'Evêque était venu dans notre salle de classe pour s'entretenir avec nous. C'est nous qui avions commencé à parler des raisons de notre grève. Notre première raison, le manger; il n'y avait plus de règlement; nous avions demandé que le régent Mampuya devrait se comporter comme les autres grands séminaristes. Et nous lui avions dit que l'autre jour l'abbé Kapende nous accusait d'être toujours en dehors de la classe, en forêt; pour nous c'est pendant ce temps que nous allions chercher les noix. Nous étions blâmés et il nous avait prodigué quelques conseils, pour lui nous devrions être renvoyés tous. Il avait commencé à pleuvoir pendant notre entretien. A la fin nous avions entonné " Kilumbu ya Nzambi silaka beto yo yai mene kulunga."
KM: Ah bonjour Anaclet, j'ai dormi entre-temps. Ce que vous reprochiez à l'abbé Mampuya m'est connu. Parle de l'issue de la grève car je n'ai jamais oublié ce que Fidèle Lufu dépité m'avait dit à l'époque.
AM: Nous avions encore dit qu'on nous donnait de l'eau colorée soit disant que c'était le lait.
KM: Il y a eu finalement des "meneurs" qui ont été renvoyés. Voudrais-tu commenter comment cela s'est passé? Continue stp... je vais éditer et publier cette interview.
AM: Tous ceux qui étaient renvoyés n'étaient pas forcément meneurs; parmi les renvoyés, il y a Bwaki Meloud qui était parmi les meneurs. Kahuma était un éclaireur, Nzalalemba je ne vois pas la raison de son renvoi; l'abbé Lusilu était très actif pendant la grève. S'agissant de l'abbé Ndandu et Kimvunza, je ne sais pas vraiment pourquoi ils étaient renvoyés. Il y a Mongungu, chef de classe, Fidèle Lufu, et moi même qui étions des meneurs.
KM: D'accord. C'est du passé mais qui reste gravé dans les mémoires.
AM: Après notre retour nous avons trouvé qu'il y eût amélioration pour la nourriture, il y aura un guide comme règlement. Mais nous avons été relégués au dortoir des petits, et nos chefs de dortoir étaient ceux de deuxième. Et moi, je remplaçais Mongungu comme Senior de la classe. Comme je n'étais pas renvoyé beaucoup d'entre nous me considérait avec les miens notamment Grégoire Tshilema, Paix à son âme, Lufu et Ngumbu étant des traîtres.
KM: Oui, il y a eu des remous dans tous les sens. Cette histoire a vraiment marqué et bouleversé l'année 78-79.
AM: Plusieurs personnes ont été indexées comme incitateurs tels le père Ben, le père Charles et le prof Makelele.
KM: De cela je me souviens aussi.
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