13 octobre 2022. Alors que se commémorait la mort de Franco hier, voilà que Kiamwangana Mateta vient aussi de tirer sa révérence. Verckys, le saxophoniste aux poumons d’acier, vient de partir ad patrem. Honneur et respect à l’artiste. Je n’avais jamais entendu son nom avant la sortie de sa chanson Mfumbwa qui marqua son départ de l’Ok Jazz. Je connaissais Franco, Rochereau, Nico, Dewayon ou Bokelo mais n’avais jamais entendu parler de Vercky avant la création de Vévé. Je n’ai jamais été son fanatique bien que j’aie retenu par la force des choses certaines chansons qu’il larguait sur le marché. Fifi, Ndona ont fait mes délices certes. Excellent mécène et gestionnaire d’affaires, il a lancé des orchestres de renom dans l’arène musicale. Tous les jeunes musiciens connus du temps de mon adolescence ont reçu le soutien matériel ou financier de Kiamwangana, très célèbre et incontournable dans les années 70. Il a créé et défait des orchestres tellement il était puissant et influent. L’orchestre Kiam a connu aussi son temps de succès. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, Verckys est un grand nom dans l’histoire de la musique congolaise. Par contre je n’ai jamais été son homme, je n’aimais pas sa gestion des choses ni sa vision musicale. Et je ne lui ai pas pardonné deux choses: d’avoir composé Nakomitunaka et d’avoir coulé le Sosoliso du Trio Madjesi. Pour moi séminariste et candidat au sacerdoce, la chanson Nakomitunaka comme Djalelo ont accompagné et marqué la plongée de notre pays dans la dictature mobutiste et la déchéance morale dont les conséquences sont encore visibles. En démolissant la toute-puissante église catholique, le pays est tombé dans la prédation sectaire. Quoique j’aie aimé a mourir le Bella Bella des Frères Soki, le Trio Madjesi a longtemps fait partie de mes idoles comme de beaucoup de jeunes de mon époque. Toucher à leur intégrité constituait un délit pour moi. Même le procès autour de la chanson “Anna” devenue “Chérie Luta” avec la zairianisation des noms, me parut injustement mené parce que la jeunesse avait vibré au rythme des Sex Madjesi, Rois des jeunes. Des griefs restés vivants à l’endroit se Kiamwangana. Avec le recul du temps, je possède maintenant un meilleur jugement et plus d’objectivité. Ainsi va la vie.
Au-delà de ces événements jugés à l’aune de mon nombril, il me faut reconnaître l’énorme contribution de ce musicien polyvalent - chanteur, saxophoniste, guitariste à ses heures - à notre patrimoine musical et culturel. Arrangeur, éditeur, découvreur de talents et mécène, Verckys mérite un vibrant hommage et la palme d’or qui lui revient. Adieu artiste maestro du saxophone, que la terre de nos ancêtres te soit tendre et suave. Repos éternel dans la paix céleste! Condoléances à tes proches et à la communauté musicale.
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