30 oct. 2022

Un poignard dans le dos de la RDC

30 octobre 2022. Ce matin, le gouvernement congolais vient d'expulser officiellement Mr Vincent Karega, ambassadeur du Rwanda en RDC. Un signe très fort et manifeste de la montée de la tension entre les deux pays voisins. Un geste souhaité depuis longtemps par les Congolais dont M Martin Fayulu. Qu'est-ce qui s'observe?

Lorsqu'on suit les informations, le Rwanda continue de soutenir que la guerre dans l'Est de la RDC est une affaire interne entre Congolais et qu'il n'y a aucun soldat rwandais sur le sol congolais. Cette rhétorique a réussi jusqu'à ce jour, que dis-je, jusqu'au jour où les Etats-Unis ont officiellement dénoncé l'agression rwandaise. Internationalement bloquée, diplomatiquement séquestrée avec une énorme présence d'armées étrangères sur son sol, la RDC a jusqu'ici été incapable de faire entendre sa voix. Une ethnie expansionniste vient à elle seule s'emparer des leviers essentiels du pouvoir politique, de l'armée, des services de police et de sécurité congolais. Une ethnie soutenue par la communauté internationale à la faveur d'un génocide perpétré par ceux-là mêmes qui s'en disent les victimes, vient s'emparer des terres congolaises sous le couvert d'une décentralisation cousue de toutes pièces. Le territoire autonome Minembwe en est l'illustration. Une MONUSCO sans réel impact pour la pacification de la région, mais dont le mandat est interminablement prolongé. Des pourparlers dans lesquels les agresseurs font partie de la mission de pacification, et par lesquels les agresseurs sont intégrés avec grades ou promotions dans l'armée nationale congolaise. Des centaines de groupes rebelles soutenus par le Rwanda - ce qui nie le Rwanda -  pour enrichir les voisins en pillant les ressources naturelles et minières de la RDC. Le Rwanda construit sa prospérité sur le pillage des minerais congolais (coltan, diamant, or, cassitérite, etc.) dont il est devenu exportateur. Le Rwanda trop petit pour absorber sa population a besoin de terre. Par les groupes rebelles à sa solde, il envahit les terres du Nord- ou Sud- Kivu qu'il repeuple de ses citoyens en incendiant les villages et villes congolais. Déplacements massifs des population, massacres aveugles avec la complicité de la communauté internationale silencieuse. Les méthodes cruelles - viol, décapitation, émasculation - pratiquées à la machette dans l'Est s'étendent à l'Ouest par l'intermédiaire des soit-disant bergers pasteurs qui auraient acquis des fermes dans le territoire de Kwamouth. 

Retour sur l'histoire. En réalité, cette situation prend racine dans l'histoire post-indépendante de la RDC. Que des Rwandais soient élevés à des hauts postes de commandement en RDC n'est pas nouveau. Tel était le cas du puissant directeur du bureau du président Bisengimana... et plus tard du chef d'état-major général de l'armée congolaise James Kabarere. La liste est interminable car il y a encore des ministres et ambassadeurs dont l'identité est douteuse. Une infiltration établie pour paralyser le fonctionnement du pays. Curieusement, des armées étrangères sont invitées pour des missions de pacification sur le territoire congolais. Cela s'est fait du temps de Mobutu comme du temps des Kabila père et fils. Difficile à accepter mais la vérité est que l'avènement au pouvoir des Kabila constitue la phase finale du processus de balkanisation. L'AFDL a signé le sinistre accord de Lemera. Une véritable bombe à retardement. Après août 98, la guerre du RCD et ses ramifications prolongées jusqu'à ce jour avec le M23 qui ressuscite des cendres pour destabiliser à nouveau l'unité de la RDC. Les Rwandais sont aux commandes partout, à Kinshasa comme dans les provinces. L'armée est leur fief tout comme les services de renseignements et la police. La prise de Bunagana aux frontières avec l'Ouganda répond à une stratégie de l'occupation longtemps murie par les expansionnistes. Les Congolais se relèvent petit à petit de leur sommeil, et la résistance s'organise. La population de Goma proteste contre l'ennemi, déchire son drapeau et scande des slogans hostiles. Comment le petit Rwanda parvient-il à disturber le grand Congo? C'est l'énigme. Avec ce poignard dans le dos, la RDC saura-t-elle récupérer ses territoires et pacifier sa région tumultueuse de l'Est tant enviée par les prédateurs rwandais, ougandais ou burundais? Telle est le défi qui reste posé.

Pas de choix. La RDC n'a pas d'autre solution que d'organiser son armée nationale, de l'épurer des traitres étrangers, et de se préparer à une guerre longue contre le Rwanda. Ce n'est qu'au prix de menacer d'envahir le Rwanda qu'elle se fera craindre et respecter. Cela l'est aussi vrai de l'Ouganda ou du Burundi. Et de tout autre pays. Le vieil adage latin tient encore le coup: "Si vis pacem, para bellum."

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