Sous le pouvoir monolithique du feu président Joseph Désiré Mobutu, le 14 octobre, date de sa naissance, était proclamé journée de la jeunesse au Zaïre. C'était congé. On célébrait le Guide né à Lisala, qui aurait totalisé 93 ans aujourd'hui s'il avait vécu jusqu'à ce jour. Je ne l'ai pas spécialement aimé, mais je suis resté admiratif de certaines de ses pensées et de certains de ses raisonnements. Il réfléchissait bien, pensait bien, raisonnait bien. Orateur prolifique, il savait se montrer convaincant et menaçant. Il savait faire passer son message. Certaines de ses réflexions sur les divisions tribales, sur les églises du réveil, sur le fonctionement des instutions, se sont vérifiées avec le temps. C'était un visionaire. Il n'empêche qu'aveuglé par ses ambitions de mégalomane, il a abusé de son pouvoir, qu'il était un dictateur sanguinaire, qu'il porte sur ses mains le sang de plusieurs compatriotes innocents, qu'il a amassé des millions dans ses comptes, qu'il a acheté des domaines à l'étranger, etc. On l'a accusé de tout cela, comme on a accusé et accuse encore tous ses successeurs.
Mobutu est un Congolais qui mérite, selon moi, sa place parmi les bâtisseurs de ce pays. Que son corps soit rapatrié sur le territoire congolais, serait le voeu de plusieurs mobutistes. Il y en a nombreux aujourd'hui qui lui donnent raison et regrettent son absence. Le soldat qui n'hésitait pas d'aller, avec son épouse, au front pour défendre l'intégrité du territoire congolais. Chapeau!
J'étais en troisième primaire lorsqu'il est monté au sommet de l'état congolais. De 1965 à 70, il a rééllement travaillé pour ce pays. Ses efforts étaient visibles et palpables. Sur le volet politique, il a créé le MPR. Sur le plan économique, des entreprises ont vu le jour sur les cendres des sociétés coloniales muées en nationales. Malheureusement, fort de ces réussites, le pouvoir s'est affirmé, durci au fil du temps. Les tensions qui l'ont opposé à l'église catholique ont culminé avec la "déchéance" du Cardinal Malula décidée par le Bureau Politique du MPR (Cf. P Madrandele) et l'exil de ce dernier à Rome. La zaïrianisation de toutes les entreprises publiques a porté un coup fatal à l'économie, justifiée par la dévaluation du dollar américain. A partir de ce temps, il est devenu plus préoccupé de son image, de son héritage et de son enrichissement personnels. Le mobutisme, le MPR radicalisé au rang de parti état, la constitution, tout cela a conduit à une crise qui a paralysé tout le développement du pays malgré des slogans ronflants: Objectif 80, Plan Mobutu, Septenat du Social, etc. S'il est une chose à son actif, c'est l'unité nationale. Il a su insufler aux Zaïrois la fierté nationale. C'est peut-être aussi cela qui maintient encore Goma et Bukavu en RDC. Il est parti le 17 mai 1997 officiellement alors qu'il ne contrôlait plus le pays, lâché par ses maîtres américains et occidentaux. Depuis cette guerre de conquête du pouvoir qui s'est transformée en guerre d'invasion, la RDC n'a plus jamais vraiment connu la paix. Il y a toujours des poches d'insécurité, des territoires entiers occupés par les voisins envieux de ses richesses naturelles. Des élections se préparent sur un territoire congolais divisé, occupé, et en insécurité. Attendons voir.
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