La tradition africaine prône le respect des parents, dieux terrestres, et des aînés. Seulement, cela ne marche pas toujours comme cela.
Juillet - Août 1972 (?). Ou 1973, je ne suis plus sûr de la date. Je suis en vacances en famille. La nouvelle nous arrive, que mon grand-père Kahiudi est malade. Mon père, fils aimant infiniment ses parents, fait venir le vieux Kahiudi et sa vénérable épouse Kalongo, à Mutoni pour des soins plus appropriés. A l'époque, le centre de santé du Fond du bien-être indigène laissé par les Belges fonctionnait encore, de façon plus ou moins régulière. Les médicaments étaient à disposition. L'infirmier, Jean-Marie Lombi, un oncle, s'acquittait avec compétence de ses fonctions. Seulement voilà!
En cette période, le vieux et la vieille - Dieu seul sait s'ils étaient si vieux que ça - ne se parlaient plus, de suite d'une dispute qui les a amenés à invoquer les morts, à faire des "misasu". Ils s'étaient jurés de ne plus jamais partager un repas préparé du "même feu". Lorsqu'ils sont venus, mon père n'était pas mis au courant de la situation. Cette tradition veut qu'avant de "se remettre en entente" on opère des sacrifices, des offrandes appelées - des tatu ye mbakala -; faute de quoi il y aura des morts dans la grande famille. Ainsi donc, Kahiudi et Kalongo une fois chez nous ne pouvaient prendre la nourriture de notre maison. Ma mère, aussitôt informée et priée de ne pas alerter papa, s'est arrangée pour que la nourriture de l'un provienne d'un "autre feu", d'une famille amie et proche, les Kimbinda. Ainsi, des va-et-vient de plats s'opéraient, à l'insu de papa, entre les deux maisons. Nous les enfants en savions quelque chose, mais étions également sommés de nous taire. Jusqu'au jour J.
Papa, très observateur, avait remarqué que ses parents ne s'adressaient jamais la parole; chacun s'arrangeant pour se retrouver seul à seul avec lui pour poser ses doléances. Un bon matin, je l'entendis fulminer contre les pratiques rétrogrades d'un temps passé, contre l'inadéquation de telles attitudes dans un monde moderne. Il démanda, calmement mais fermement, à ses parents de rentrer chez eux aussitôt que l'infirmier jugea leur situation salutaire saine et résolue.
Je n'oubliai jamais cet événement, car plus de vingt ans plus tard, je continuai à reprocher à mon père d'avoir congédié de chez lui ses propres parents entre-temps morts. Vous avez dit quoi? Tradition africaine? On en reparlera. En attendant, préoccupez-vous de vivre ici et maintenant.
Juillet - Août 1972 (?). Ou 1973, je ne suis plus sûr de la date. Je suis en vacances en famille. La nouvelle nous arrive, que mon grand-père Kahiudi est malade. Mon père, fils aimant infiniment ses parents, fait venir le vieux Kahiudi et sa vénérable épouse Kalongo, à Mutoni pour des soins plus appropriés. A l'époque, le centre de santé du Fond du bien-être indigène laissé par les Belges fonctionnait encore, de façon plus ou moins régulière. Les médicaments étaient à disposition. L'infirmier, Jean-Marie Lombi, un oncle, s'acquittait avec compétence de ses fonctions. Seulement voilà!
En cette période, le vieux et la vieille - Dieu seul sait s'ils étaient si vieux que ça - ne se parlaient plus, de suite d'une dispute qui les a amenés à invoquer les morts, à faire des "misasu". Ils s'étaient jurés de ne plus jamais partager un repas préparé du "même feu". Lorsqu'ils sont venus, mon père n'était pas mis au courant de la situation. Cette tradition veut qu'avant de "se remettre en entente" on opère des sacrifices, des offrandes appelées - des tatu ye mbakala -; faute de quoi il y aura des morts dans la grande famille. Ainsi donc, Kahiudi et Kalongo une fois chez nous ne pouvaient prendre la nourriture de notre maison. Ma mère, aussitôt informée et priée de ne pas alerter papa, s'est arrangée pour que la nourriture de l'un provienne d'un "autre feu", d'une famille amie et proche, les Kimbinda. Ainsi, des va-et-vient de plats s'opéraient, à l'insu de papa, entre les deux maisons. Nous les enfants en savions quelque chose, mais étions également sommés de nous taire. Jusqu'au jour J.
Papa, très observateur, avait remarqué que ses parents ne s'adressaient jamais la parole; chacun s'arrangeant pour se retrouver seul à seul avec lui pour poser ses doléances. Un bon matin, je l'entendis fulminer contre les pratiques rétrogrades d'un temps passé, contre l'inadéquation de telles attitudes dans un monde moderne. Il démanda, calmement mais fermement, à ses parents de rentrer chez eux aussitôt que l'infirmier jugea leur situation salutaire saine et résolue.
Je n'oubliai jamais cet événement, car plus de vingt ans plus tard, je continuai à reprocher à mon père d'avoir congédié de chez lui ses propres parents entre-temps morts. Vous avez dit quoi? Tradition africaine? On en reparlera. En attendant, préoccupez-vous de vivre ici et maintenant.
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