14 mars 2012

A propos "Incendie du dépôt de Mpila"

Voici une réflexion d'un ami écrivain congolais:

"Claver,
L’incendie qui s'est déclenché sur le dépôt de l’armement et les munitions de Mpila (Congo Brazzaville) est un événement malheureux qui fait réfléchir. Comment un accident pareil a-t-il pu arriver? Pourquoi a-t-on déposé tant de munitions près de la population? C'est la preuve que le peuple est piégé par des "épées de Damoclès" larguées de toute part. De là à parler de terrorisme d'Etat. Les milliers de morts et blessés qu'on a dénombrés à Brazzaville sont simplement des victimes de l'inconscience de nos dirigeants plus soucieux de leur main-mise sur le pouvoir que tout autre chose. L'hôtel Majorque n'existe plus... depuis une décennie; les impacts des balles sont encore visibles sur certains bâtiments du centre-ville. Comme si cela ne suffisait pas, Brazzaville s'est réveillée aux coups de canons et de bombes propulsés par l'inconscience de ceux qui sont sensés protéger la population. S'il t'arrive de rencontrer l'abbé Zoubakela, demande-lui combien de ses chrétiens sont morts ou blessés à cette occasion, sacrifiés sur l'autel de la peur de ceux qui nous dirigent.
Avons-nous vraiment besoin de telles armes si incendiaires? Avons-nous vraiment besoin de l'armée? Regardez l'histoire du Congo, combien des fois l'armée a-t-elle vraiment défendu les frontières du Congo contre des envahisseurs étrangers? Les armes ont toujours tué des citoyens congolais, au lieu de les protéger. L'histoire nous apprend que même le président Marien Ngouabi, même le cardinal Biayenda, nul n'est à l'abri de la menace des armes et de l'assassinat. L'arme tue, on le sait; elle est dangereuse, on le sait; mais on l'accumule pour terroriser sa population, et éviter les putsch. D'aucuns ont d'ailleurs pensé à l'amorce d'un coup d'Etat. Avons-nous, pays pauvres, vraiment besoin de dépenser autant de milliards de dollars dans l'armement?
Les Suisses, dégoûtés de la militarisation de leur identité par l'imposition du service militaire, ont il y a quelques années ouvert une "campagne pour une Suisse sans armée". Sans succès, certes, mais ils ont osé. Clair du moment que ce pays produit et exporte des armes. Je me souviendrai toujours de ton condisciple, Patrick Suter, sommé de subir la prison pour avoir refusé de faire le service militaire. Dans nos pays, il aurait été purement et simplement "exécuté", pour haute trahison. Il n'y a pas de place pour l'objection de conscience. C'est cela la différence avec les pays démocratiquement évolués.
L'Afrique connaîtra une ère de prospérité et d'avancement démocratiques le jour où elle maîtrisera les excentricités de ses armées. Chaque général en Afrique est un putschiste virtuel. C'est toi qui dis qu'un enfant de douze ans armé jusqu'aux dents est viscéralement plus cruel que cent adultes réunis. On n'a pas besoin d'armes, mais d'eau et de pain. J'attends impatiemment ta réaction à ces réflexions cousues de toutes pièces." AA. (Email du 12 mars 2012)

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