29 avr. 2012

Miledia mia Khatu

C'est mon autre nom, le vrai, le plus significatif et enraciné dans la réalité de ma naissance. Traduisez: "Habits inutiles". Tout un message, une vie, un programme, une histoire. Oublié? Oh que non! Il y a quelques nostalgiques récalcitrants qui se plaisent encore à me le rappeler. Vous comprendrez pourquoi j'aime parler des "sapeurs" et du Dieu Kitende: c'est en quelque sorte un destin.
Miledi-mia-khatu! Bwa bathedi kilumbu ya butuka. Bwa bathediki ku Kabengo, hata dia mama: "Ah Miledi". Ha ya yedi: "A Tata Miledi". Mu masonga, yayuka dioku dihika zina dieni.
Miledi mia Khatu "pour les intimes" comme on l'entendait à l'époque du Zaïre. Alias Miledi!!!!

27 avr. 2012

Joyeux Anniversaire, Jean-Robert

L'abbé Jean-Robert Abi Baa Bapa Mifuku fête son anniversaire aujourd'hui. Pour la petite histoire, le mien c'est après-demain. Au grand séminaire de Mayidi, nous nous arrangions pour fêter les deux événements ensemble, le 28 avril. Que des souvenirs communs! Tu te souviendras bien de "Happy Birthday", chanté par Mambu à cette occasion. Reçois mes voeux les plus sincères, depuis la lointaine et proche Barbade, d'un heureux anniversaire, Mif. Que le Seigneur te bénisse et te protège!

25 avr. 2012

Barcelone - Real éliminés en demi-finale

Coup de tonnere sur le football espagnol! Alors que les spécialistes et tacticiens du foot - et même Mourinho à basse-voix -  pré-voyaient une finale hispanico-espagnole entre les géants espagnols, ce sont les outsiders qui ont finalement eu raison de leurs adversaires. A ce niveau de la compétition aucune équipe n'est figurante. Tout le monde peut battre tout le monde. Je ne cesserai jamais de le dire. Seule gagne l'équipe qui est réaliste et a de bons nerfs.
La suprématie tant redoutée du football espagnol appartient désormais à l'histoire. Real et Barca, c'est désormais des équipes comme les autres. Le fameux tandem Iniesta-Xavi dont je dis qu'il est le meilleur au monde, a aussi ses limites; c'est des humains comme tout le monde. Dieu merci, sinon on n'aurait que les mêmes au sommet! Ce serait dommage pour le football.
Si la qualification du Bayern n'étonne pas forcément, le parcours de Chelsea avec Di Matteo - officiellement un entraîneur intérimaire - est impressionnant. Je ne m'étonnerais pas de les voir gagner la coupe de la Ligue des Champions. Seulement, ils doivent aplainir la montagne du Bayern de Munich qui jouera à l'Allianz Arena devant son public, sur son propre terrain depuis que l'Olympiastadion a été disqualifié pour les grandes compétitions.
Vive le football.

24 avr. 2012

Des emails entre Congolais

Depuis un certain temps, je reçois par centaines des emails qui circulent parmi les compatriotes congolais aussi bien du pays que de la diaspora. Je n'arrive pas à m'expliquer comment je me retourve sur ces mailing-lists contre mon accord préalable. Je n'appartiens à aucun de ces groupes. Bien que mon compte hotmail les filtre, certains messages me parviennent quotidiennement. Ces emails souvent répétitifs sont de tous les registres, souvent écrits par des personnes qui, n'ayant rien d'autre à faire, passent des heures et des heures sur le net. J'en connais quelque cinq personnellement. Tous les thèmes sont abordés; tous les niveaux d'écriture et d'intellectualité sont présents; le français, le lingala et le swahili sont les langues prépondérantes à côté de l'anglais (et de l'allemand). La politique congolaise est le sujet de prédilection: chaque événement est considéré, scruté selon l'humeur de l'expéditeur; et des échanges virulents s'engagent entre membres de ces groupes d'internautes. Insultes et actes de respect se disputent la palme. Insanités et vulgarités battent le plein. La gent féminine y est peu ou prou représentée. En commun, toutes ces personnes ont une passion très prononcée de notre pays. Le régime en place en prend pour son compte, selon qu'on est pour ou contre. C'est un forum où l'on peut laisser ses plumes. Certaines disputes sont très viscérales, épidermiques; et chacun a raison. Certains universitaires y perdent leur honneur devant des abrutis comme des intellectuels en mal de reclassement, des éducateurs sans élèves dociles auxquels inculquer leurs théories obscurantistes d'économie, de politique ou de philosophie.
En dépit de ces incohérences, ces emails offrent des informations qui m'étaient inconnues, des articles inédits, des documents ou des vidéos auxquels je n'ai jamais eu accès auparavant. Certaines analyses sont pertinentes tandis que d'autres ne valent pas la peine. En clair, tout n'y est pas faux comme tout n'y est pas forcément vrai. Il faudrait à la rigueur un bon sens critique pour discerner le vrai du faux dans ces tas de renseignements. Il faut certes les lire, mais demeurer soi-même et garder sa tête sur les épaules.

22 avr. 2012

Présidentielles françaises 2012

D'aucuns le donnaient déjà perdant. Ce n'est pas l'impression que Nicolas Sarkozy a donnée ce soir. Par contre, j'ai perçu quelques signes d'agitation et d'incertitude sur son visage et dans son discours. Un sourire forcé. Je me trompe peut-être. Pourquoi par contre a-t-il invité son adversaire François Hollande à trois débats publics? Mes yeux d'aveugle se sont aussitôt ouverts. Le débat, l'affrontement direct sur le plateau de la télé, c'est normalement l'arme de l'outsider pour se refaire quelques lueurs d'espoir. On peut tout dire, Sarkozy prend déjà la mesure de son éventuelle sortie. Je me trompe peut-être, encore une fois. Politique, politiques, mani pulite! 

12 avr. 2012

Faustin aurait eu 57 ans aujourd'hui

Paix à ton âme, L'Homme. Je n'ai pas encore digéré ta mort, bien qu'on prétende que le temps répare les blessures. Repose en paix, cher Faustin-Antoine! Je ne te dérangerai plus.

La corruption routière

Le texte de Ken Saro-Wiwa dit tout haut ce qui se passe sur les routes d'Afrique. Quiconque voyage sur les autoroutes, routes, rues et pistes africaines rencontre à un moment ou à un autre ce phénomène: une police routière avide d'argent et de biens des usagers de ces routes.
Okonkwo n'est pas heureux de sa promotion au titre d'inspecteur et voudrait rester sergeant parce qu'avec l'argent reçu du traffic il a pu se contruire une grande maison avec frigo et meubles et épouser quatre femmes. L'inspecteur, c'est juste un titre; c'est s'asseoir au bureau alors que les "affaires profitables" se règlent sur la route. D'où ses pleurs et son désenchantement!
"Refus d'obtempérer aux injonctions", telle fut longtemps la phrase française exhibée par tous les policiers dans leurs rapports. Chaque policier, gendarme ou militaire posté sur la route, en fait son "ligablo", une source avantageuses de revenues qui dépasse de loin son salaire mensuel, encore faut-il que celui-ci soit payé.
En juillet 2003, nous étions en route pour Bandundu. Arrivés au Pont Mayindombe, des agents en tenues militaires nous arrêtent ayant remarqué que le Dr Mosimi tournait une vidéo caméra. Rien à faire: il fallait leur laisser la caméra parce que nous menacions la sécurité du pays. A notre proposition de détruirele film, ils ont dit niet; ils devraient garder l'appareil, sans plus. On a perdu plus d'une heure à discuter. Le rapport était écrit sur un vieux cahier d'écolier sans entête ni sceau. Farce de voleurs! Lorsqu'on a proposé 50 USD, ils en ont exigé 300; ils ne voulaient surtout pas de Francs congolais car l'incident était très grave. Ayant appris que Donat était médecin et vivait en France, ils ont monté les enchères. Je ne sais plus combien on leur a donné.
Dans ce pays-là, les choses dépendent souvent de l'individu qui se trouve en face de vous. Une Congolaise d'origine rwandaise m'a raconté en Suisse qu'elle a conduit sa voiture sans permis de conduire à Kinshasa pendant plus de dix ans sans avoir jamais été inquiétée par la police routière. "Deuxième bureau" d'un ministre mobutiste, comme on dit au Congo, elle roulait en mercedes. Et comme elle était de stature forte et imposante, personne n'osait la déranger. On respecte la femme de... Elle entrait même au Mont Ngaliema sans être contrôlée. Les ennuis n'existent que pour les pauvres, les basses classes.
J'ai une fois vu un camion militaire sur lequel on chargeait des sacs de manioc confisqués auprès des commerçants sur la route du Bas-Zaïre. La barrière placée là filtrait tous les véhicules en direction de Kinshasa. L'autre direction ne les intéressait pas.
Ne parlons pas d'extorsion d'argent, de confiscation d'animaux domestiques sous prétexte qu'ils ne disposent d'aucun document vétérinaire, voire de confiscation de véhicules entiers avec marchandises.
Il y a eu un gendarme qui s'est rendu célèbre a cause de sa probité et de son honnêteté. Il s'appelait Charlot. Dieu ait son âme. Il était réputé être le seul gendarme dans toute la ville de Kinshasa à ne jamais exiger des pourboires ni de corruption. Par contre, les taximen, les chauffeurs et autres usagers de la route le gratifiaient de dons généreux. C'était un plaisir de le voir organiser la circulation au croisement des avenues Kasavubu et Rwakadingi, son poste de travail. C'était un Monsieur. Comme pour dire qu'au milieu de cent brebis galeuses, il y a toujours une brebis non atteinte par la pandémie. Respect!
Tout ne s'explique pas par la pauvreté ni le manque de paiement. Les fonctionnaires sont impayés depuis des années, mais n'ont aucune emprise sur les gens. Ainsi, lorsqu'ils attrapent un dossier juteux, ils en profitent. S'ils se retrouvaient sur la route, ils auraient sans aucun doute agi de la même façon que les policiers routiers.
Souvent, ces policiers doivent arrondir une somme à remettre à leurs chefs invisibles, qui les dispatche selon leur volonté à travers les rues des villes et les routes du pays. Un versement journalier comme pour un propriétaire de taxi. Une fois la somme exigée par les chefs obtenue, les policiers s'empressent de penser à leur propre poche. C'est du donnant donnant. Les premières heures, on travaille pour le chef; le reste de la journée pour soi-même. Chaque grand véhicule doit payer quelque chose à ces vautours de la route. Okonkwo avait raison de refuser le titre d'inspecteur. La corruption est également ancrée dans la mentalité qu'un policier cherchera une infraction là où il n'y en a pas ou cherchera à aggraver un petit incident anodin. C'est toute la société qu'il faudrait, en réalité, changer de fond en comble.

Excerpts from Ken Saro-Wiwa: Sozaboy (1994)

(...) When they promoted him to Inspector, my master and myself went to gratulate him. But lo and behold, when we reach there now, Inspector Okokwo was crying. He was crying with water from his eye. No joke oh. I have not seen such kain thing before. How can person who get promotion begin to cry? Instead of to be happy. When my master ask Okonkwo why 'e dey cry, Okonkwo said:
"Smog," - that is how he used to call my master, - "Smog, how I no go cry? Look my house. Fridge, radiogram, carpet, four wives; better house for my village. You tink say na my salary I use for alle dese things? If I no stand for road dere to be traffic you tink say I for fit? Ah, dis promotion, na demotion. Make dem take de Inspector, give me my sarzent" (Saro-Wiwa: Sozaboy, Longman, 1994, 2)

Well, all these things were confusing me. When people say that better government have come and there will be no more bribe. I begin to wonder whether Inspector Okonkwo will not be there again. But my master told me that Okonkwo is bigger bigger man in new government than before sef. And still they talk that there will be no more bribe again. Well, we go sit down look.
Anyway, to talk true, there was no bribe for some time. But after some time they begin again. The traffic begin small small bribe. Then they increased it by small. Until they begin to take bigger bigger bribe than before. Then the people begin to say that now wey soza and police be government, nobody can be able to arrest traffic when they chop bribe. Because government cannont arrest government. So therefore, everything will be okay for the big big people who are chopping the bribe. (2-3)


Glossary:
(kain: kind; 'e: he; dey cry: is crying; tink: think; na: it's; dese: these; fit: can, to be able; dis: this, dem: them; sarzent: sergeant.
sef: even; wey: who; soza: soldier; chop: eat, accept)

11 avr. 2012

Mes pensées à la suite de ce crime pour sorcellerie

1. Sorcellerie? Un mot magique! Mensonge bricolé de toutes pièces pour endormir les esprits des gens. Je n'y crois pas. Et je n'en ai jamais eu une seule preuve convaincante.
2. Qu'un enfant urine au lit, c'est un acte biologique normal. Si le cas perdure au-delà d'un certain âge, il y a une anomalie logiquement explicable et guérissable sans avoir à recourir à la sorcellerie. C'est blamable, mais pas susceptible d'amener aux actes criminels rapportés dans l'article précédent.
3. S'il est une croyance que l'on doit combattre en Afrique, un vrai frein au développement intégral, je crois que c'est la sorcellerie. Absolument! L'Africain voit la sorcellerie partout, même là où on ne peut en parler. Toute coïncidence - hasardeuse ou préparée - est sorcellerie. Quelqu'un meurt à la suite d'un accident voire de maladie ordinaire, on va chercher un coupable dans la famille, qui aurait lancé le mauvais oeil au malheureux. Quelqu'un a du succès dans son travail, son art ou son sport, la sorcellerie est évoquée sans hésitation. Quelqu'un échoue dans ses entreprises, ses ambitions, on trouvera un sorcier à la base de cet échec: jamais on ne parlera d'incompétence, d'impréparation, d'inaptitude. Tout cela, parce qu'existe le fléau explicatif de tout.
4. La sorcellerie, les gris-gris, les fétiches, les canaris divinatoires, les cornes d'animaux sauvages, le sang du cycle mensuel des femmes, les os ou les dents des morts, etc. sont autant des puissances souterraines qui semblent diriger le monde africain. Eto'o de passage par Yaoundé va rendre visite à ses parents au village avant une compétition importante, ceux qui ont le troisième oeil y verront un geste sorcier. "Il y va plutôt chercher des goals, se blinder..." pour renforcer sa puissance. Or tout le monde sait que le secret de la victoire dans tout sport réside dans l'entraînement. Aucun entraîneur n'alignera Eto'o s'il ne s'entraîne pas avec son équipe.
5. Un notable de Kenge construisait dans les années 70 une maison en durables comme on dit chez nous. Des rôdeurs fascinés par la hauteur des échaffaudages lui ont demandé: "Papa, vous construisez une maison à étages?" La réponse de Papa Buka ne s'est pas fait attendre: "Tata, beto ne tungi nzo tazi fwidiko?" (Papa, des gens comme nous, tu signes ta mort si tu construis une maison à étages). Comprenne qui pourra! En d'autres mots, les gens sont tellement jaloux qu'ils vont vous ensorceler (vous tuer par la sorcellerie) avant même d'occuper la maison.
6. La sorcellerie est un fléau solidement ancré dans les mentalités des Africains. Comment peut-on traiter un enfant qui ne sait ni marcher, ni parler de grand sorcier alors qu'il ne sait encore rien de la vie. On vous dira: "Mais cet enfant incarne les puissances des ancêtres; les fétiches du clan ou de la tribu. Il est enfant, mais il est déjà vieux, plus fort que tous les adultes du village réunis". Allez, allez, allez au diable, monsieur.
7. Même l'homme de Dieu n'y est pas insensible. Des pasteurs, des prêcheurs, des évangélisateurs recourent à la sorcellerie pour renforcer leur puissance. Ne parlez pas des politiciens, des médecins, des juristes ou d'autres personnes en vue dans le monde temporel. Ne parlez pas des musiciens, des grands-prêtres, des trafiquants d'or ou de diamant qui disparaissent dans le sol pour creuser la pierre rare. Tout le monde utilise la sorcellerie, même les Blancs. Surtout les Blancs, ils recourent aux talismans. Rien de grand ne peut se faire ni obtenir sans la sorcellerie. L'Africain est fasciné par l'extraordinaire, l'inconcevable: il croira volontiers qu'un tel chef peut "s'envoler". On raconte que le président togolais Eyadema a été le seul survivant d'un crash aérien. Vrai? Allez-y voir. Mais on oublie que son homologue Samora Machel est décédé à la suite d'un crash. Le chef africain, grand-sorcier, a un pouvoir surhumain qui le rend invincible. Ses sujets y croient. La sorcellerie n'épargne personne.
8. Combien d'enfants innocents sont méchamment abandonnés et jetés à la rue, sous prétexte qu'ils sont sorciers! Combien d'enfants sont soumis à d'atroces tortures de désenvoûtements par des pasteurs véreux dont le métier est de terroriser leurs adeptes! Combien de pasteurs se sont appropriés de biens, des maisons, des bijoux d'autrui sous prétexte qu'ils étaient envoûtés! Dites à vos propres frères que c'est des trucs qui n'ont pas de sens, qu'ils vous traiteront de sorciers.
9. L'Afrique doit se débarrasser de la sorcellerie, et de tout ce que celle-ci implique, si elle veut combler son retard technique et technologique par rapport à l'Occident et aux autres parties du monde. La première révolution qu'elle doit opérer doit être mentale. On doit discerner la vraie valeur de nos traditions pour ne retenir que les traditions susceptibles de nous permettre une vie équilibrée dans ce monde moderne qui a perdu le sens de l'homme. Ces charlatans de marabouts, liseurs de mains, professeurs faiseurs de chance, guérisseurs de sida, ces hommes à tout faire, voilà des gens qui ont un impact sur la vie de nos communautés. Leur action sert plus à nuire, à propager des antivaleurs, à asseoir leur pouvoir maléfique et à rétrograder qu'à pistonner l'essor de l'Afrique. Et les gens sont de naïves victimes de ces élucubrations sans fondement rationnel. Impossible de les débarrasser de ces entraves qui constituent l'essence de leur vision du monde: "Nos ancêtres y croyaient dur comme fer; nous ne pouvons abandonner ce patrimoine culturel et spirituel qui informe notre identité". Discours oiseux!
10. La sorcellerie, c'est un virus pire que toute maladie contagieuse, car elle enchaîne l'esprit dans des mythes infantilisants. Oui, la sorcellerie endort notre esprit comme un parasite incrusté à la racine de notre cerveau. Eradiquons-la si nous tenons à ce que l'Afrique se développe économiquement, culturellement, humainement et spirituellement. Mission gigantesque!

Mon pourfendeur de lecteur se moque de moi: "Piètre rêveur éveillé et aliéné!"

Vous avez dit: Sorcellerie? Lisez SVP

Grande Bretagne : La peine à perpétuité pour deux congolais
Un couple reconnu coupable du meurtre d'un jeune garçon de 15 ans a été condamné à la réclusion à perpétuité par un tribunal de Londres. Le couple, qui frise la trentaine, a tué Kristy, le frère de Magalie, le jour de Noel en 2010 après l'avoir torturé. Kristy Bamu et quatre de ses frères et sœurs étaient venus à Londres pour les vacances de Noël, en provenance de Paris où ils habitaient.
Le jury a appris que rien n'indiquait que leur sœur Magalie Bamu, ou son partenaire Eric Bikubi, aient commis des actes de violence avant la découverte du fait que Kristy Bamu urinait au lit.
Bikubi, qui, comme la famille Bamu, est originaire de République démocratique du Congo, a déclaré que c'était là une preuve de sorcellerie.
Il entama ce qu'il appelé des séances d'exorcisme, torturant Kristy avec une barre de fer, un marteau, un couteau et des pinces. Magalie Bamu a participé à cette torture et les autres membres de la famille ont été contraints d'en faire autant. Au bout du compte, le jour de Noël, l'adolescent a été allongé dans la baignoire où il s'est noyé.

Plus de 100 traces de blessures

Le juge a estimé que les supplices dont ont souffert Kristy et les autres enfants dépassent toute croyance. Le corps de Kristy portait 130 traces de blessures. Son cerveau avait enflé, deux dents étaient cassées et l'une de ses oreilles manquait.
En prononçant les peines, le juge a indiqué que la violence était orchestrée par Bikubi. Mais il a souligné que Magalie Bamu n'avait rien fait pour faire cesser la violence et qu'elle y avait volontairement participé, car elle croit aussi à la sorcellerie.
Le juge a également indiqué que le caractère sadique de ce meurtre ne lui a pas laissé d'autre choix qu'une lourde condamnation. Les accusés n'ont pas exprimé d'émotion au moment où ils quittaient le box. Le juge a estimé qu'Eric Bikubi devait passer un minimum de trente ans en prison et que sa partenaire Magalie Bamu pas moins de 25 ans.
Kinshasa, 7/03/2012 (L'Observateur, via mediacongo.net)

8 avr. 2012

Pâques 1982

Rome, Pâques 1982. J'étais en troisième année de théologie, préparant mon baccalauréat. Comme d'habitude lors des grandes fêtes, je suis descendu à la Place St Pierre réciter l'Angelus avec le Pape Jean-Paul II, moins d'une année après la tentative d'assassinat qui l'avait cloué quelques mois au lit. Chaque dimanche, je suivais le pape depuis ma chambre, il me suffisait d'ouvrir les battants de ma fenêtre et d'ouvrir la radio. Quelquefois, j'utilisais des jumelles.
Cette fois, il y avait tellement de monde que je ne pouvais pas traverser la place pour rentrer au Collège Urbain. J'ai donc été entraîné par la foule sur la Via della Conciliazione jusqu'au niveau du Castel St Angelo. Au niveau de la Radio Vatican, la foule devenue moins compacte, un garçon d'environ 10-11 ans s'est planté à deux reprises devant pour m'observer très attentivement. "Guarda Mama, che faccia!" (Maman, regarde, quel visage!). Un spectacle digne d'un cirque ou d'un jeu des masques! Je suis resté maître de moi-même, pinçant un sourire inévitable et évitant une colère impromptue. La mère, gênée par l'impertincence de son fils, s'est empressée de venir s'excuser: "Scusi, Signore. Noi viviamo in un paese; è una nuova cosa per lui, non ha mai visto un uomo come lei." (Excuse, Monsieur. Nous venons d'un village. C'est du nouveau pour lui, il n'a jamais vu un homme comme vous). J'ai fait quelques grimaces à l'enfant avant de m'éclipser, brandissant ma négritude dans une Italie blanche et tolérante.
C'est de telles différences notables qui, parfois, vous surprennent, surtout lorsque vous êtes à l'étranger. Votre peau, votre accent, votre religion, votre look, tout révèle qui vous êtes. De là au racisme, à la xénophobie, à l'extrêmisme religieux, à l'affirmation exagérée de soi, le chemin est ouvert. De là à l'interculturalité, au métissage, au pluralisme ethnique et à la tolérance religieuse, le chemin est aussi ouvert. Et chacun est libre de se situer sur cette échelle de valeurs comme sa conscience le lui dicte.
Christ ressuscité l'est pour toute l'humanité. Joyeuse Fête de Pâques à tous les lecteurs et à toutes les lectrices de ce blog!

7 avr. 2012

Le saviez-vous?

"Jésus est mort quand il a bu l'eau salée" (Claver Mabana Jr, 7 avril 2012)

Professeur Mupompa

- De Monsieur Mabana, vous riez à l'élève ou bien vous riez à moi?
- Je ris à l'élève, Monsieur.
- Sortez, idiot!

Une scène d'avril ou mai 1973 dont mes condisciples de Kalonda se souviennent, sans aucun doute. Seulement voilà. Depuis quelques semaines, Monsieur Mupompa, Dieu seul sait s'il est encore vivant, est devenu fameux dans ma maison. J'ai forgé une expression: "Je ris à Mupompa". Et voici comment. Ma fille Chrystelle, un jour intriguée que je rie sans raison et soupçonnant que je me moque d'elle, m'a demandé: "Papa, tu ris à qui?" J'ai éludé la question, continuant mon rire. Elle a insisté. Embarrassé, je me suis souvenu de mon ancien prof de math, chimie, physique, géographie: "Je ris à Mupompa". La phrase m'a tiré de l'embarras; ça c'est moi, je fonctionne comme ça. Elle a donc compris que je ne me moquais pas d'elle. Depuis, la question a changé: "Papa, tu ris à M'pompa ou tu ris à moi?". N'est-ce pas génial?

6 avr. 2012

Un Vendredi-Saint à Kimbau

Je ne saurais dire l'année exacte, mais le récit est authentique. Je l'ai entendu du Père Hugo Tewes SVD qui a travaillé à Kimbau de 1970 à 1977/8 et à Bagata, avant de devenir provincial. 
Un fou très connu à Kimbau s'appelait Christophe Mabundi alias Maspik, "Soin na Soin... Goût na goût" pour les intimes. Pour la petite histoire, il racontait à qui voulait l'entendre qu'il avait été mon condisciple dans la classe de Papa Dibendila. Faux! Papa Antoine Dibendila ne m'a jamais enseigné.
Vendredi Saint (entre 1969-78). Le Père Hugo était cette fois-là à la mission plutôt que dans sa chère brousse. Après la lecture de la Passion, on a entonné "Mfumu fwilete nkenda ku beto nsumuki e Yezu nde ungana dienga". (Seigneur Jésus aie pitié de nous pécheurs et donne-nous ta grâce). Le chant une fois terminé par la chorale, Maspik a pris la relève en improvisant une strophe sur le même ton: "Bamindele ba gonda Yezu bakusilaka (bahuninaka) beto bandombe" (Les Blancs ont tué Jésus, mais ils prétendent que c'est nous les Noirs). Sans vergogne, il a invité l'assemblée à reprendre le refrain. Tout le monde est bien sûr resté silencieux, éberlué, scandalisé.
J'avais, comme enfant à Kabwita, connu son père, Kha Kayudi (vous avez bien lu); ce fut le premier "fou" que j'aie connu de ma vie. Il disait: "Tchoro, tchoro benu bana baba". Maspik travaillait comme TO (travailleur ordinaire) à l'hôpital de Kimbau lorsqu'il s'est embarqué dans un des véhicules qui nous avaient accompagnés aux messes des prémisses en 1983. Dieu seul sait comment ce déserteur a pu obtenir par la suite une mutation en règle de Kimbau à la clinique de Kenge. Comme quoi, dans ce pays-là les démarches réussissent à qui ose. Même à un minus! De quoi se demander s'il l'était vraiment, car les dimanches il assurait l'ordre à l'église Notre Dame et les enfants lui obéissaient.

1 avr. 2012

Dimanche des Rameaux 1967

Je considère le dimanche des rameaux 1967 comme le premier que j'ai gardé dans ma mémoire. Ce pourrait être le premier que j'ai vécu, à l'état conscient. Dans la brousse où j'avais vécu jusqu'alors, les rameaux ne se célébraient pas. J'étais à Kenge en quatrième année primaire; mon oncle Dieudonné Bunda en troisième à l'école St Frédéric devenue Mateka-Mbuta à la suite de la zaïrianisation. Tous les deux, nous faisions partie du groupe des fameux Petits Chanteurs et Danseurs de Kenge. Ce dimanche-là, contrairement aux habitudes, on n'avait pas animé la messe. Le groupe préparait assidument son voyage pour l'Europe. Nous sommes donc allés à la messe des rameaux à l'église Saint-Esprit, la seule église de Kenge à l'époque. C'est l'abbé Denys Luhangu, d'heureuse mémoire, qui officiait. A l'aspersion de l'eau bénite sur les rameaux, mon oncle Dieudonné s'est rendu compte que l'eau n'avait pas touché son rameau. Comme il n'était pas servi, il a jugé qu'il devrait se servir lui-même. Eh bien, l'insatisfait jeune homme s'est faufilé entre les fidèles jusqu'à atteindre le prêtre qui continuait la bénédiction des palmes et a simplement enfoncé son rameau dans le bénitier avant de détaler à la surprise générale. On ne me l'a pas raconté, j'en ai été témoin, et peut-être le seul au monde qui s'en souvient encore, en plus de l'intéressé bien entendu. On a tourné beaucoup d'aventures avec mon congénère d'oncle Bunda Kahyudi. J'y ai repensé aujourd'hui et constaté que cette histoire date d'il y a quarante-cinq ans déjà. On vient de loin.