Je considère le dimanche des rameaux 1967 comme le premier que j'ai gardé dans ma mémoire. Ce pourrait être le premier que j'ai vécu, à l'état conscient. Dans la brousse où j'avais vécu jusqu'alors, les rameaux ne se célébraient pas. J'étais à Kenge en quatrième année primaire; mon oncle Dieudonné Bunda en troisième à l'école St Frédéric devenue Mateka-Mbuta à la suite de la zaïrianisation. Tous les deux, nous faisions partie du groupe des fameux Petits Chanteurs et Danseurs de Kenge. Ce dimanche-là, contrairement aux habitudes, on n'avait pas animé la messe. Le groupe préparait assidument son voyage pour l'Europe. Nous sommes donc allés à la messe des rameaux à l'église Saint-Esprit, la seule église de Kenge à l'époque. C'est l'abbé Denys Luhangu, d'heureuse mémoire, qui officiait. A l'aspersion de l'eau bénite sur les rameaux, mon oncle Dieudonné s'est rendu compte que l'eau n'avait pas touché son rameau. Comme il n'était pas servi, il a jugé qu'il devrait se servir lui-même. Eh bien, l'insatisfait jeune homme s'est faufilé entre les fidèles jusqu'à atteindre le prêtre qui continuait la bénédiction des palmes et a simplement enfoncé son rameau dans le bénitier avant de détaler à la surprise générale. On ne me l'a pas raconté, j'en ai été témoin, et peut-être le seul au monde qui s'en souvient encore, en plus de l'intéressé bien entendu. On a tourné beaucoup d'aventures avec mon congénère d'oncle Bunda Kahyudi. J'y ai repensé aujourd'hui et constaté que cette histoire date d'il y a quarante-cinq ans déjà. On vient de loin.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire