6 avr. 2012

Un Vendredi-Saint à Kimbau

Je ne saurais dire l'année exacte, mais le récit est authentique. Je l'ai entendu du Père Hugo Tewes SVD qui a travaillé à Kimbau de 1970 à 1977/8 et à Bagata, avant de devenir provincial. 
Un fou très connu à Kimbau s'appelait Christophe Mabundi alias Maspik, "Soin na Soin... Goût na goût" pour les intimes. Pour la petite histoire, il racontait à qui voulait l'entendre qu'il avait été mon condisciple dans la classe de Papa Dibendila. Faux! Papa Antoine Dibendila ne m'a jamais enseigné.
Vendredi Saint (entre 1969-78). Le Père Hugo était cette fois-là à la mission plutôt que dans sa chère brousse. Après la lecture de la Passion, on a entonné "Mfumu fwilete nkenda ku beto nsumuki e Yezu nde ungana dienga". (Seigneur Jésus aie pitié de nous pécheurs et donne-nous ta grâce). Le chant une fois terminé par la chorale, Maspik a pris la relève en improvisant une strophe sur le même ton: "Bamindele ba gonda Yezu bakusilaka (bahuninaka) beto bandombe" (Les Blancs ont tué Jésus, mais ils prétendent que c'est nous les Noirs). Sans vergogne, il a invité l'assemblée à reprendre le refrain. Tout le monde est bien sûr resté silencieux, éberlué, scandalisé.
J'avais, comme enfant à Kabwita, connu son père, Kha Kayudi (vous avez bien lu); ce fut le premier "fou" que j'aie connu de ma vie. Il disait: "Tchoro, tchoro benu bana baba". Maspik travaillait comme TO (travailleur ordinaire) à l'hôpital de Kimbau lorsqu'il s'est embarqué dans un des véhicules qui nous avaient accompagnés aux messes des prémisses en 1983. Dieu seul sait comment ce déserteur a pu obtenir par la suite une mutation en règle de Kimbau à la clinique de Kenge. Comme quoi, dans ce pays-là les démarches réussissent à qui ose. Même à un minus! De quoi se demander s'il l'était vraiment, car les dimanches il assurait l'ordre à l'église Notre Dame et les enfants lui obéissaient.

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