9 juin 2012

Etonnant Rwanda

1. Je connaissais les Rwandais depuis les temps de mes études à Rome.  J'avais un aîné proche Thadée Nsengiyumva qui est devenu plus tard évêque de son diocèse et qui a été tué pendant le génocide de 94. Mais mes amis les plus proches, je les comptais parmi les Ougandais. Une chose m'avait frappé chez les Rwandais: alors que nous on enterrait les divisions internes, les Rwandais continuaient leurs mésententes même à l'étranger, même au sein de l'église.
2. Ma deuxième expérience, je l'ai vécue à Fribourg. A côté des Rwandais authentiques, il y en avait beaucoup d'indéfinissables qui allaient aussi bien aux rencontres des Zaïrois qu'à celles des Rwandais. La rumeur disait qu'il suffisait de manier quelques phrases en lingala pour se voir octroyer le passeport zaïrois. Par contre, par des amis interposés, j'ai connu Apollinaire, un réfugié tutshi qui soutenait que la meilleure solution pour la paix entre Tutshi et Hutu aurait été leur annexion pure et simple au Grand Zaïre. Nous sommes dans les années 88 - 89.
3. Pendant ce même temps, j'avais des collègues étudiants zaïrois qui jugeaient très suspects les rapports entre le Zaïre et le Rwanda. Je n'oublierai jamais cette remarque de Jean Biletsi: "Si le Zaïre entre en guerre contre le petit Rwanda, il la perdra et se verra envahi. Pourquoi? Parce que certains postes-clés de l'armée était détenue par des Rwandais. Comment voulez-vous gagner une guerre lorsque le responsable de la logistique des FAZ est un Rwandais."
4. Début 1997, la marche de l'AFDL était déjà déclenchée. Je me trouvais à Zürich, j'ai rencontré un  docteur en droit rwandais qui m'a impressionné par sa connaissance du Zaïre. Formé à Bukavu, il est passé par Fribourg où d'ailleurs il connaissait tous les étudiants zaïrois; il y était avant 88. Il me dira sans hésiter que l'intervention de l'AFDL causerait le départ de Mobutu, à cause de la méthode de guérilla développée par les FPR qui a fait ses preuves au Rwanda.
5. L'avènement de Laurent-Désiré Kabila a confirmé aussi bien ces informations. La main mise du Rwanda sur le Congo était claire. D'où la guerre qui dure depuis 1998. Le phénomène remonte certes à Bisengimana Rwema, mais on n'a pas vu de cas dans le sens inverse. J'ai rencontré en 2006 à un colloque tenu à Michigan State University une collègue professeure rwandaise qui m'a dit que son oncle était ministre dans le gouvernement Mobutu alors qu'il était rwandais. Le nom m'échappe.
6. De ce qui précède, je tire quelques conclusions rapides:
"Les Rwandais sont des guerriers. Il n'y a qu'à voir leurs danses traditionnelles. A ce titre, ils éterniseront la guerre au Congo. Que l'insécurité y dure cinq, dix ou vingt ans, ils n'en ont cure.
"Tout ce qui se dit contre le Rwanda et qui n'est pas à son avantage, il a les moyens de le contredire. Ainsi, grâce un très puissant lobby, ce pays a réussi à imposer certaines vérités aux Américains, et donc au monde. Que le Président Kagamé n'a joué aucun rôle dans le génocide de 1994, en ridiculisant de fait le juge français Van Ruymbeke, en refroidissant les relations avec la France et en adhérant au Commonwealth. Que le Rwanda ne joue aucun rôle dans les tueries qui se passent présentement en RDC, rendant caducs les rapports de l'ONU et Human Rights Watch alors que ceux-ci sont fondés sur des enquêtes menées sur le terrain". Voilà des réalités dont il sera impossible aux Congolais de prouver la véracité sur la scène internationale tant que les Etats-Unis, la France, et l'Union Européennes demeureront insensibles à ces prétendus "on dit".
Ce qui se passe en RDC, ne regarde que les Congolais. Mais les Rwandais réussissent à offrir leurs "bons offices" pour résoudre la crise au Congo. Seule l'histoire révélera leurs vraies intentions et leur agenda quoique des signes annexionnistes soient déjà visibles. Eh oui, c'est le cas de le dire: "Etonnant Rwanda".

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