Voici ce que m'écrit un lecteur qui a choisi l'anonymat:
"Cher ami,
Tu touches là un sujet très intéressant, mais superficiellement. On voit que tu n'y crois pas et n'en sais pas grand-chose. Moi, j'ai eu le malheur de m'y plonger pieds et mains liés. Aujourd'hui que je suis à la retraite, je regrette infiniment cette mésaventure.
Des amis m'ont persuadé d'y recourir à cause des difficultés financières que je traversais à l'époque. Ils m'ont introduit auprès d'un vieux sorcier du Plateau de Bateke qui m'a révélé ce monde du diable. Oui, j'appelle cela un monde diabolique, car il fallait une initiation de quelques semaines avant d'obtenir le gros lot. Tu ne vas pas me croire: j'avais renié ma foi catholique pendant de longues années, emprisonné que j'étais par des pratiques magiques. J'avais des incantations de puissance et d'envoûtement à réciter au lever du jour, à midi, comme au coucher du soleil. Avant de faire quoi que ce soit, j'invoquais Lucifer. Je devais veiller à me lever du pied droit avant d'effectuer quelques tours de cercle. Certains jours, il m'était interdit de me laver. Le sacrifice humain, j'ai réussi à l'esquiver moyennant espèces sonnantes et trébuchantes auprès du Gourou.
Quant à l'argent, il arrivait en abondance. L'argent du Moyeke est très dangereux; tu peux perdre ta vie pour une transgression anodine. Quelle que soit la quantité des sous qui sortait de la source, je devrais la dépenser au bout d'un temps relativement court. C'est ainsi que je faisais de l'ambiance un exutoire psychologique et moral: je payais des tournées générales à tous les mélomanes au cours des concerts de l'OK Jazz ou d'Afrisa. On me connaissait comme un grand mécène à Un-Deux-Trois, au Type K comme au Faubourg. J'ai sponsorisé des actions sociales, des orchestres, des matches de foot, des jeux scolaires. J'ai aussi financé certaines activités obscures d'ordre occulte ou religieux. Quoique le public m'ait traité de bienfaiteur, quoique j'aie obtenu une médaille du Chancelier de l'Ordre des Léopards, je ne faisais ces activités que pour sauver ma peau. Je jouissais d'une grande notoriété et d'un honneur dans la ville.
En fait, je blanchissais cet argent qu'il m'était strictement interdit de consommer. Il fallait beaucoup de gesticulations pour me maintenir en vie. Beaucoup de mes amis sont partis, pour n'avoir pas respecté les règles du jeu.
Trop de menaces pesaient sur moi. Des lettres venues d'on ne sait où me parvenaient qui me menaçaient de mort si je n'accomplissais tel ou tel rite à telle ou telle date. Devant la difficulté, j'ai dû racheter mon âme auprès du Gourou qui, Dieu merci, vivait encore. Bien sûr, l'argent parti, les amis sont aussi partis. On m'a traité de défaillant, de ruiné, alors qu'en réalité je n'étais pas plus riche qu'auparavant. C'était une illusion. J'avais eu seulement la chance d'échapper à cette corvée et à cette vie de façade, laquelle à la longue s'est révélée inutile et dégradante. Je ne me laisserai plus avoir. Malheureusement, il y a au pays des milliers de personnes qui y croient et mènent ce genre de vie que j'ai volontairement abondonné pour me sentir libre de ma conscience et de mes actions. Tu peux publier cette confession sur ton blog, sans citer mon nom de grâce. Si l'occasion se présente encore, j'ajouterai d'autres détails. Ceci suffit pour l'instant." (E-mail du 19 juin 2012)
PS: Ton voeu est respecté. Merci pour ce témoignage si édifiant! C
"Cher ami,
Tu touches là un sujet très intéressant, mais superficiellement. On voit que tu n'y crois pas et n'en sais pas grand-chose. Moi, j'ai eu le malheur de m'y plonger pieds et mains liés. Aujourd'hui que je suis à la retraite, je regrette infiniment cette mésaventure.
Des amis m'ont persuadé d'y recourir à cause des difficultés financières que je traversais à l'époque. Ils m'ont introduit auprès d'un vieux sorcier du Plateau de Bateke qui m'a révélé ce monde du diable. Oui, j'appelle cela un monde diabolique, car il fallait une initiation de quelques semaines avant d'obtenir le gros lot. Tu ne vas pas me croire: j'avais renié ma foi catholique pendant de longues années, emprisonné que j'étais par des pratiques magiques. J'avais des incantations de puissance et d'envoûtement à réciter au lever du jour, à midi, comme au coucher du soleil. Avant de faire quoi que ce soit, j'invoquais Lucifer. Je devais veiller à me lever du pied droit avant d'effectuer quelques tours de cercle. Certains jours, il m'était interdit de me laver. Le sacrifice humain, j'ai réussi à l'esquiver moyennant espèces sonnantes et trébuchantes auprès du Gourou.
Quant à l'argent, il arrivait en abondance. L'argent du Moyeke est très dangereux; tu peux perdre ta vie pour une transgression anodine. Quelle que soit la quantité des sous qui sortait de la source, je devrais la dépenser au bout d'un temps relativement court. C'est ainsi que je faisais de l'ambiance un exutoire psychologique et moral: je payais des tournées générales à tous les mélomanes au cours des concerts de l'OK Jazz ou d'Afrisa. On me connaissait comme un grand mécène à Un-Deux-Trois, au Type K comme au Faubourg. J'ai sponsorisé des actions sociales, des orchestres, des matches de foot, des jeux scolaires. J'ai aussi financé certaines activités obscures d'ordre occulte ou religieux. Quoique le public m'ait traité de bienfaiteur, quoique j'aie obtenu une médaille du Chancelier de l'Ordre des Léopards, je ne faisais ces activités que pour sauver ma peau. Je jouissais d'une grande notoriété et d'un honneur dans la ville.
En fait, je blanchissais cet argent qu'il m'était strictement interdit de consommer. Il fallait beaucoup de gesticulations pour me maintenir en vie. Beaucoup de mes amis sont partis, pour n'avoir pas respecté les règles du jeu.
Trop de menaces pesaient sur moi. Des lettres venues d'on ne sait où me parvenaient qui me menaçaient de mort si je n'accomplissais tel ou tel rite à telle ou telle date. Devant la difficulté, j'ai dû racheter mon âme auprès du Gourou qui, Dieu merci, vivait encore. Bien sûr, l'argent parti, les amis sont aussi partis. On m'a traité de défaillant, de ruiné, alors qu'en réalité je n'étais pas plus riche qu'auparavant. C'était une illusion. J'avais eu seulement la chance d'échapper à cette corvée et à cette vie de façade, laquelle à la longue s'est révélée inutile et dégradante. Je ne me laisserai plus avoir. Malheureusement, il y a au pays des milliers de personnes qui y croient et mènent ce genre de vie que j'ai volontairement abondonné pour me sentir libre de ma conscience et de mes actions. Tu peux publier cette confession sur ton blog, sans citer mon nom de grâce. Si l'occasion se présente encore, j'ajouterai d'autres détails. Ceci suffit pour l'instant." (E-mail du 19 juin 2012)
PS: Ton voeu est respecté. Merci pour ce témoignage si édifiant! C
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