"La question du jour
En politique, dans les études, dans les rapports quotidiens, dans la vie de couple, est-il logique que l'on ait à tous les coups raison parce que (noter la causalité) l'autre a tort? Ne peut - on être tous dans le faux (noter la concomitance) même si les positionnements sont différents? Ne peut-on, dans la même veine, avoir tous raison?
Bon week end à vous mes amis!
Bon week end à vous mes amis!
(Declerd Midon, sur Facebook, 2 juillet 2016)
1. La nature agressive du politique exige que l'on n'ait jamais tort. L'homme, le régime, ajoutez-y politiques, n'ont jamais tort. Ils peuvent nager dans l'eau trouble et en sortir blancs comme neige, nickel comme si aucune tache n'a jamais touché leur accoutrement. La raison, c'est le tort de l'autre tout comme le vrai est l'autre face du faux. Entre les intervalles, l'homme, le régime s'offrent des espaces pour dicter ce qui est logique, sensé, vrai selon leur auguste volonté. C'est le fondement même de la dictature en politique. Cette dictature politique sur le monde utilise des structures officielles et internationales pour s'imposer, déterminer qui a raison qui a tort; décider ce qui est juste. Il faut savoir lire entre les lignes. C'est cela la magie de la politique.
2. Ce matin, j'ai lu un article de RFI relatant la réaction du Rwanda à propos d'enrôlements d'enfants mineurs dans des groupes armés soupçonnés de semer la terreur au Burundi. La réaction de l'ambassadrice rwandaise aux Etats-Unis ne s'est pas faite attendre: un niet catégorique remettant en cause l'enquête qui a amené les Américains à classer le Rwanda parmi les pays qui exploitent les enfants à des fins belliqueuses. En littéraire observateur du comportement des hommes et des régimes, je ne suis pas surpris parce que le Rwanda renie toujours en bloc tous les rapports internationaux qui l'accusent de tel ou tel méfait. Et les arguments sont toujours les mêmes. Sur le génocide qui a frappé ce pays par exemple, l'homme, le régime au pouvoir imposent leur vérité comme étant la seule crédible alors que des témoignages et des enquêtes indépendants apportent des versions qui disent autre chose. Ceux qui en sont sortis immaculés et prétendent avoir sauvé des vies, ne sont pas forcément innocents ni exempts de complicité dans ce massacre génocidaire.
3. On l'a vu au Burkina Faso. Les voix se sont tues pendant trente ans tant que Blaise Compaoré dirigeait le pays. La révolution de la rectification n'avait officiellement rien à voir avec le meurtre du camarade Thomas Sankara, enterré pourtant dans une fosse commune sans que toute la vérité sur son attentat n'ait été mise à jour. La famille Sankara, muselée, n'a jamais réussi à faire entendre sa voix pendant que le pays a fonctionné en fonction de la volonté de l'homme au pouvoir. Et pourtant, et pourtant! L'autre version des faits a toujours circulé, résistante à toute tentative d'anéantissement. Elle a refait brusquement surface après l'éviction du camarade sage président burkinabé dans sa tentative de traficoter la Constitution du pays pour obtenir un mandat supplémentaire.
4. Les exemples sont nombreux. La vérité dépasse le vouloir contingent des hommes, des régimes. L'erreur des politiques et des régimes est de croire ou de faire croire que les gens acceptent sans critiquer ce qu'ils présentent comme vrai, comme faux. Au niveau de la pensée, rien ne change. C'est au niveau de l'efficacité qu'ils tiennent le gouvernail, car ils disposent d'armes sophistiquées pour intimider et terroriser leurs populations. La vérité politique relève du maître des céans qui largue son armée, sa police, ses services de renseignements sur la masse de ses sujets apeurés et forcés de rire, sourire, acclamer, taire leur misère et proclamer leur bonheur au passage du chef. Le chef incarne la vérité; on ne peut le contester ni le contredire impunément.
5. "Je dois être heureux que mon chef est là car je lui dois la vie et tout ce dont je dispose. Qu'il vole tout le trésor national, qu'il détourne nos richesses, cela est son droit. Quant à moi, je me contente du souffle de la vie que mon chef protège et entretient à sa guise. Y a-t-il plus grand bienfait?" Résignation, obséquiosité, contentement, fidélité au régime, c'est comme cela que se définit désormais le patriotisme.
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