Révéillé relativement tôt pour je ne sais quelle raison, je m'apprête à sortir pour effectuer mes dernières courses avant l'arrivée de Donatien autour de 11 heures. Mais je ne réussis pas à me libérer. C'est comme si quelque chose me retenait à la maison. Alors que les enfants de la maison ne sont pas encore debout, je prends mon petit déj. De la charcuterie anglaise aux goûts anglais. J'arrive tout de même à l'office postal sur High Road où j'échange tous les USD refusés au Congo. En effet, l'échange des dollars au pays devient impossible dès qu'il y a une égratignure, une fissure, une coupure ou un pli coupant sur le billet américain. Les cambistes refusent les billets de 1 dollar. Ils vous proposent alors un marché de dupe consistant à vous échanger à valeur réduite les billets incriminés. Pourtant tout le monde sait qu'à la banque ils s'échangent sans problème. Souvent, on est tellement pressé d'en finir avec cette opération qu'on tombe dans le traquenard des cambistes. Ainsi, à cause d'une minime écorchure, un billet de 100 USD est échangé à 70 ou 60 USD. J'ai appris que cela se fait aussi en Tanzanie. J'ai aussi appris que les billets USD d'avant 2009 sont démonnaitisés alors qu'ils circulent ailleurs. Le billet américain est scrutiné, examiné avec une attention intense avant d'être échangé prétendant qu'il y en a beaucoup de faux qui circulent.
L'échange des dollars américains forme un véritable système d'extorsion lorsque des agents de l'Etat sont rémunérés. Ainsi qu'on l'a appris, il y a quelques mois, avec les membres du Parlement congolais réclamant leurs dûs, les salaires sont payés sur un taux d'échange qui ne correspond pas au taux actuel. Ainsi la valeur des salaires ne suit pas la courbe des échanges alors que celle-ci monte sur le marché. Ainsi dans le cas d'espèce un fonctionnaire qui gagnait 2000 USD en octobre 2016 verra son salaire stagner à 1.800.000 FC, et de fait, diminuer à 1300 USD en juin 2017. Où va la différence? Qui encaisse les 700 USD demeure une énigme dont nul n'ose déchiffrer le mystère. Je crois qu'il vaudrait, comme pour beaucoup de choses qui se passent dans nos pays, arrêter de réfléchir et de se plier aux vagues de nos misérables destins.
Il existe une opération dite "retour" dans le règlement des salaires. Les agents payeurs ou facilitateurs exigent de l'assisté qu'il leur laisse généreusement 1 mois de salaire sur les arriérés. Un monsieur ayant encaissé la totalité de son salaire s'est vu insulté, menacé par les fameux intermédiaires ou commissionnaires. C'est un marché très lucratif. Signe d'une déchéance de moeurs dans le maniement de la monnaie publique. Tout le monde s'y plie. Si tu réfléchis autrement, on te prend pour un toc-toc. C'est hélas cela la triste réalité vécue au quotidien chez nous en Afrique. Chaque agent bénéficie impunément de largesses liées à son statut. Et personne n'ose élever la voix, personne n'ose risquer sa vie.
J'en étais à des cogitations pareilles lorsque Donat est arrivé. Nous avons passé l'après-midi à parler de mon séjour au pays, de la famille ainsi que de Kenge. Donat aime bien Maspick dont j'ai relaté l'histoire précédemment. Il m'a aidé à effectuer les derniers achats. Il était 18 heures lorsqu'il a repris le bus pour Birmingham.
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