6 sept. 2021

Enième coup d'état en Afrique

5 septembre 2021. La Guinée Conakry s'est réveillée sous les coups de tonnerre et des bottes. Mamay Doumbouya de Kankan - rappelez-vous Camara Laye et Ahmadou Kourouma - de père mère race tribu oncle concubine malinké, est l'homme fort de Conakry depuis hier. Il vient redresser ce que ni Sekou Touré ni Lansana Conte, encore moins Didas Camara et Alpha Condé n'auront réussi à réaliser en 63 ans d'indépendance. Son Comité du redressement et du développement va éradiquer la gabegie, la pauvreté, la mauvaise gouvernance, la corruption, et Dieu seul sait encore quel fléau, sur toute l'étendue de la Guinée. Etat de droit enfin quoi!

Preuve notoire de la faiblesse des institutions politiques africaines, d'immaturité démocratique. Constitution suspendue, suspension de tous les organes du pouvoir (parlement, sénat, gouvernement), gouvernement de transition, fermeture des frontières terrestres et aériennes, etc. La population est appelée au calme car la prospérité et la paix tant attendues sont là, enfin. Enième coup d'état, comment un pays peut-il se redresser et se développer dans des conditions si volatiles et précaires. N'oublions jamais qu'un coup, appelez cela d'état ou de bottes, en cache toujours un autre. Et c'est sûr, il y en aura un autre... tôt ou tard. Le Tchad, le Togo, la RDC, la RC, Centrafrique, Ethiopie, Mali, en ont fait l'expérience. Quoi qu'ils prétendent, c'est un recul en termes de démocratie et de droits de l'homme. C'est un recul tout court. Une fête qui cache un drame fatal. Rien ne changera: la place naturelle du soldat c'est la caserne, et non pas la tribune politique. Incarnant sous le prétexte de l'ordre  l'arbitraire et la brutalité, l'armée pillera, terrorisera, et enfoncera encore plus profondément le pays dans la boue.

Le président Alpha Condé est avec eux ("nous"). En clair, on ne l'a pas tué comme c'est souvent l'habitude. Il n'est pas libre, mais avec eux. Il n'est plus aux affaires, mais les tortures l'attendent. L'Union Africaine condamne. Les Etats-Unis aussi. La France aussi, il paraît. Mais en réalité, personne ne soutient le président déchu le temps de réajuster les stratégies coloniales aux circonstances du moment. Nul n'a besoin de coup d'état, mais apparemment pour les soldats, c'est le moyen rapide d'accéder au pouvoir suprême. Enième coup d'état, honte à l'Afrique.   

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