4 sept. 2014

"Nge ke nani e Mokonzi"

Welches Kirchenlied singen Sie gerne?"Nge ke nani e Mokonzi", usw.

J'ai lu avec intérêt une interview de mon ami, le père Alphonse Müller SVD sur www.steyler.de L'extrait que j'ai retenu là me révèle deux choses que je m'empresse d'écrire. J'ai d'abord voulu savoir si ce n'était pas une erreur typographique. Que non! Steyler.de est d'expression allemande entièrement. Tout extrait en langue étrangère doit être le fait de l'interlocuteur, dans ce cas de l'interviewé. Le père Alphonse a bel et bien dit: "Nge ke nani e Mokonzi". Ce mélange de kikongo et de lingala reflète son parcours missionnaire. Le jeune missionnaire a atterri à Bagata avant de descendre à St. Hippolyte dans la ville de Bandundu où il fut vicaire du père Nico Berends. Musicien de talent, compositeur doué, le père a vraiment baigné dans la tradition culturelle yansi, il a vulgarisé l'instrumentalisation des chants liturgiques avec son groupe de guitaristes, ses chorales. "Nge ke nani e Mfumu" est le titre original kikongo de l'abbé Kinzanza. "Nge ke nani e Mokonzi" est le résultat de l'exode rural du père (Ne riez surtout pas). "Mokonzi" est la traduction lingala de "Mfumu". Les Kinois l'ont traduit comme suit: "Yo nde nani e Mokonzi" tout en gardant intégralement la mélodie et le rythme. La dernière fois que je l'ai rencontré au deuil du frère Simon d'heureuse mémoire, l'homme de Ngayime parlait couramment le lingala. J'ai une fois suivi la messe d'un ancien de Kenge qui a prêché en lingala alors que toute l'intonation était kikongo.
La deuxième chose que cela évoque pour moi, c'est la concordance de préférence avec celle d'un autre illustre missionnaire SVD, le frère Baptiste van Rooijen. Paix à son âme! Je l'ai écrit dans mon éloge en son honneur sur ce même blog. Le frère Baptiste qui chantonnait presque toujours m'a plusieurs confié que "Nge ke nani e Mfumu" était son chant religieux préféré. Il fallait le voir lorsqu'il en parlait. Pour avoir vécu trois ans avec lui dans la même communauté, je sais de quoi je parle car je l'ai plusieurs fois entendu le mimer.
Qu'est-ce qui constitue la beauté de ce morceau pourtant si simple et sans grande envergure pour que deux SVD en fassent leur chant préféré? Sa beauté est évidente, mais je crois que sa signification y est pour beaucoup. Je m'explique. Ce chant qui est exécuté aussi bien pour les solennités glorieuses que pour les défunts est devenu populaire à l'époque où l'Etat zaïrois avait interdit les cours de religion, les croix sur les places publiques. Il a inspiré une résistance symbolique et efficace face à la dérive dictatoriale de Mobutu. Je pourrais bien me tromper.
"Nge ke nani e Mokonzi", c'est une fusion linguistique qu'on produit lorsqu'on est un bon missionnaire. Respekt Pater Müller!
 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire