23 sept. 2014

Une semaine entière sans écrire sur le blog

Oui, ça arrive. Et c'est même arrivé. Pourquoi? Parce qu'il y a eu deuil dans ma famille, certes, mais surtout parce que, resté seul avec deux jumeaux de 7 ans et neuf mois, le temps ne m'a plus appartenu. Il fallait me lever tôt, à leur rythme, veiller à leur toilette, préparer leur petit déjeuner, vérifier leurs cartables scolaires, leur prévoir des snacks et de la boisson, en plus de mes propres occupations matinales. Comme si cela ne suffisait pas, il fallait surtout faire en sorte que l'on quitte la maison à l'heure afin d'arriver ponctuellement dans l'enceinte de l'école. Il fallait ceci et cela, et ceci et cela encore sans avoir jamais terminé la liste. Me voilà désormais homme au foyer.
Les enfants, c'est capricieux. Ils te narguent, te poussent à la colère sinon à l'embarras. Beaucoup dépend de l'atmosphère du réveil et de l'ambiance de la matinée. Au schéma habituellement tracé d'actes à poser comme brosser les dents, se laver, s'oppose un autre schéma voulu par eux selon leur plaisir du jour. Claver peut carrément refuser de se laver prétextant qu'il fait froid; Chrystelle te tape droit sur les nerfs en préférant d'abord s'occuper de ses propres "bébés" qu'elle lave, berce, nourrit, etc. Que le temps passe vite ne l'intéresse pas. Ils prétendent qu'ils n'aiment pas être en retard, mais ne font rien en réalité pour éviter le retard.
En dépit de ce tableau peu flatteur, ce temps constitue un temps de profonde remise en question de moi-même, de mes attitudes par rapport aux enfants. Une occasion de mieux les connaître. Les premières nuits, Claver se réveillait pour pleurer l'absence de sa mère; Chrystelle préférait dormir dans mon lit afin que je la dépose dans sa chambre pendant qu'elle dort. J'ai appris à gérer, à prendre cela avec philosophie. Je me suis rappelé des choses que me racontaient mes parents à propos de mes premières années de vie, où je jetais l'eau qu'on me présentait à la place du lait. Mais je me souviens de mes huit ans, à Makiosi. Je crois que j'étais plus éveillé que mes deux trésors. Il y a un immense bonheur à complaire au plaisir de ces jeunes gens pour un père jugé à tort parfois distant ou occupé.
"Oui, mais il faut travailler pendant qu'ils dorment." C'est plus facile à dire qu'à faire. Il y a le ménage qui attend, la maison qui doit être nettoyée. Je me suis abstenu de recourir à une ménagère professionnelle, estimant que le temps était relativement court. Erreur! Il faut conduire les jumeaux à l'école - soit entre 45 minutes et une heure de voiture. Il faut les récupérer avant 15h30. Or je suis chef de département, le gros boulot arrive souvent en fin de journée. En plus, il faut préparer les leçons, enseigner un cours de post-grade. Il faut suivre leurs devoirs, les persuader de les finir, contrôler ces qu'ils font. Un tas de choses difficiles à prévoir! Seule l'habitude peut servir d'expérience pour les organiser rationnellement. Aucune minute ne m'appartient jusqu'au retour de leur mère. C'est entendu, et je l'accepte non sans me poser des questions plus pertinentes.
Alors, me suis-je demandé, comment Clavère fait-elle pour maîtriser ces jeunes gens et assurer tout le confort dont ils ont besoin à la maison, à l'école et comme dans tout autre lieu? Comme je suis perfectionniste, je ne me rends certainement pas de la valeur impayable de sa responsabilité de mère. Je crois que j'ai été souvent injuste à son égard par des jugements irréfléchis ou spontanés. C'est seulement aujourd'hui que je peux apprécier à leur juste valeur son travail et son rôle auprès des enfants. Le cœur d'une mère est plus tendre que la rigueur du père. On me dit avare de compliments. Mon épouse en premier. Je suis victime de ma formation, je ne saurais le nier. Je crois qu'il est temps de changer et d'assurer une harmonie salutaire à ma famille.
Et le blog? Eh bien, le blog n'a qu'à attendre, car je sais désormais ce qui est essentiel dans la vie. Mes lecteurs le savent, je n'écris que ce que je veux et quand je veux. Mon blog, votre blog, a souffert de cette situation passagère dans laquelle je me trouve pour l'instant. Moralité: homme au foyer, sois simplement père pour tes enfants, le reste suivra...

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