14 oct. 2018

"Comme les gens changent"

Oui les gens changent. Les gens changent. Plusieurs preuves. J'en sais quelque chose. J'avais une fois donné une accolade à un inconnu, le prenant pour l'ami Alphonse Mukokila que j'étais censé rencontrer à la 6e Rue, Kinshasa Limete. Témoin Mama Mapasa. "Comme les gens changent", j'ai déjà relaté les circonstances de cet événement. Lorsque le véritable Alphonse vint, je reconnus tout de suite ses traits physiques et me souvins de toutes les anecdotes liées à ce personnage o combien cher comme tous mes frères aînés, congénères et cadets de Kalonda/Katende. Une véritable famille à mon sens. Les années ne pourraient rien y faire. Les gens changent physiquement, socialement et spirituellement.
Physiquement. Il est des personnes qui ne reflètent plus la physionomie de leur enfance ou jeunesse. Il m'est arrivé de ne reconnaitre quelqu'un que par son nom, sa voix ou son teint, sans que le visage soit reconnu. Surtout, je dois l'avouer, parmi les personnes d'autres races. Ernst Mayer n'a plus rien du visage que j'ai vu en août 1980. Ingrid Pfaff depuis qu'elle est devenue mère a complètement changé de visage, elle n'a gardé ni ses yeux ensorcelants ni ses traits parfaits qui faisaient d'elle une athlète olympique. Certaines personnes connues sombres révèlent un teint clair, parfois défiant la décence. Tout comme d'autres connues claires se sont assombries. J'entends des gens dire comme déçus de ma complexion: "Claver nge me kuma ndombe!" Beh… je ne trouve souvent aucune explication, car je suis toujours le même malgré la calvitie et les cheveux blancs. Sombre, je l'ai toujours été que diantre! Soit. D'autres exhibent des embonpoints spectaculaires proches de Toubi dans un environnement où misère et précarité jettent dans la maigreur leurs victimes.
Socialement. Oui, la promotion sociale lorsqu'elle est soutenue par une accumulation licite ou illicite d'argent fait de vous un monsieur ou une dame. Sir ou Lady. Oui, on dit qu'aux États-Unis, les Noirs quittent, une fois qu'ils acquièrent de l'argent, les bidonvilles pour régner dans les quartiers huppés réservés aux Blancs. Accéder à la richesse équivaut à obtenir le statut de Blanc, c'est le non-dit de cette attitude aliénante. Cette promotion s'accompagne souvent d'attitudes d'arrogance, de vantardise, de mépris, de condescendance ou d'exhibitionnisme outré. "Tala yo. Na mbongo nakosamba yo, mwasi na yo, ndako na ya na famille na yo mobimba." Orgueil des insensés, vanité des vanités, folie de parvenus ou grandeur d'esprits misérables, tout cela quoi. C'est du théâtre caricatural, mais cela s'est passé et se passe encore dans la vie réelle. Il m'arrive de rencontrer dans les rues d'anciens condisciples du primaire qui me vénèrent comme un dieu et me servent du tata labé ou du grand professeur. Or justement, s'il est une vertu que j'applique dans ma vie, c'est la simplicité, et conséquemment le respect de l'autre. Des copains ou copines du temps de "Mama eee mwana me belaeee" "Eeeeee eee", et la suite, s'abaissent, s'humilient inutilement devant moi simplement parce que je ne vis plus dans leur milieu. J'affirme haut et fort que je suis de ce milieu-là d'où je suis sorti et que je ne renierai jamais quoique changement social soit une réalité qui marque la vie.
Les gens changent. Des personnes amies sont devenues chiens et chats. Des mariés ont divorcés au point de s'en vouloir à mort au risque de frustrer leurs progénitures à vie ou à mort. Ils s'étaient dit "oui" devant Dieu et les hommes, devant l'Etat. Des prêtres se sont débarrassés de leurs frocs pour rejoindre le monde libéré des hommes normaux, comme me l'a si bien servi un de mes proches. Des collaborateurs, des alliés politiques, des associés commerciaux ou même des frères et sœurs s'acharnent à s'écraser, à s'annihiler ou se liquider, mus par le désir de faire, alors même qu'il y a quelques années ils se vouaient fidélité, respect, reconnaissance et amour. Les hommes changent avec les coups de la vie, avec les ambitions, les trahisons, la cupidité ou le goût du lux et des biens matériels, et… D'un jour à l'autre, la configuration relationnelle s'effrite, se fracture, se retisse et prend un visage jadis inattendu. Les hommes comme les femmes sont imprévisibles parce qu'ils agissent en fonction de leurs intérêts du moment: amour, argent, gloire. Le personnage social joue un rôle important dans le changement du comportement des hommes et des femmes.
Spirituellement. Hier encore, j'entendais le récit d'une nièce qui aurait reçu une prophétie de son église du réveil: "L'homme qui suit derrière est versé dans la sorcellerie; n'utilise pas l'argent qu'il te donne, verse-le à la caisse de la communauté pour qu'il soit purifié ou exorcisé, etc. Un autre homme est sur ta route. C'est lui que Dieu te destine." Cette nièce jadis baptisée catholique est désespérément en train de chercher l'homme de sa vie. Le pasteur a la clé de son bonheur, croit-elle.. Je ne sais pas trop ce qu'elle va faire; mais la premmière chose est qu'elle se rassure, redevienne elle-même. Est-elle encore en mesure de se contrôler? Telle est la question que je me pose. Ceci pour dire que la prolifération des églises dans nos pays a un impact considérable sur les changements de comportements qui s'observent chez nos compatriotes. Les pasteurs ayant le vent en poupe, les hommes et les femmes changent en fonction de leurs prédictions, de leurs prédications et aussi des scandales qu'ils provoquent. Ne vous étonnez pas qu'un jour votre frangin vous dise: "Je ne te salue pas, je ne peux pas partager la même nourriture que toi, parce que tu es le fruit du péché et que tu restes dans le péché, mais moi je suis re-né ou né de nouveau dans l'Esprit. Je suis sanctifié. Au nom de Jésus, éloigne-toi de moi."
Voilà ma réflexion de ce dimanche. "Et unam sanctam catholicam et apostolicam Ecclesiam…." Voilà mon Credo.

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