Condoléances émues à la famille biologique et spirituelle du philosophe Fabien Eboussi-Boulaga. Eboussi appartient à la classe des personnes que je place très haut dans mon panthéon personnel. J'ai entendu d'abord son nom dans le contexte de la philosophie africaine à côté des noms comme Tempels, Kagame, Crahay, Mulago, Lufulwabo, Houtondji, Mveng, Tshiamalenga, bref l'école philosophique de Kinshasa ou/et de Lubumbashi.
Nous sommes en 1975-76. Peu de temps ou l'année qui a suivi, en 1977, année où il a publié La Crise du Muntu (Paris Présence Africaine), il est descendu au grand séminaire de Mayidi pour une conférénce sur l'ethnophilosophie. Je ne me souviens plus de tout le contenu de la conférence, je me souviens par contre de la présence ce soir-la dans la salle d'un prêtre diocésain de Kisantu. Celui-ci séjournait à Mayidi en congé de reconstitution; il a suivi avec intérêt la présentation de l'éminent philosophe et a posé une question que je reconstitue comme suit: "Pour les gens de ma génération formée dans les années 50-60, la question de la philosphie africaine demeure étrangère. Pourquoi les jésuites ne l'ont-ils pas intégrée au programme alors que le P. Tempels avait déjà publié son livre depuis des années?" Du haut de sa grande taille, le père Eboussi sj prit un bref temps de réflexion avant de répondre; il portait ce soir-là un boubou simple mais beau. Il a reconnu la lacune de la formation et suggéré à son confrère de se former, comme lui, par lui-même à cette philosophie africaine qui peinait à s'imposer comme discipline. Si un des amis présents dans la salle pouvait corriger mon souvenir, je n'en serais que très heureux et honoré. Jusqu'à la preuve du contraire, la question de l'abbé et la réponse d'Eboussi sont demeurées comme telles dans ma tête.
Nous sommes en 1975-76. Peu de temps ou l'année qui a suivi, en 1977, année où il a publié La Crise du Muntu (Paris Présence Africaine), il est descendu au grand séminaire de Mayidi pour une conférénce sur l'ethnophilosophie. Je ne me souviens plus de tout le contenu de la conférence, je me souviens par contre de la présence ce soir-la dans la salle d'un prêtre diocésain de Kisantu. Celui-ci séjournait à Mayidi en congé de reconstitution; il a suivi avec intérêt la présentation de l'éminent philosophe et a posé une question que je reconstitue comme suit: "Pour les gens de ma génération formée dans les années 50-60, la question de la philosphie africaine demeure étrangère. Pourquoi les jésuites ne l'ont-ils pas intégrée au programme alors que le P. Tempels avait déjà publié son livre depuis des années?" Du haut de sa grande taille, le père Eboussi sj prit un bref temps de réflexion avant de répondre; il portait ce soir-là un boubou simple mais beau. Il a reconnu la lacune de la formation et suggéré à son confrère de se former, comme lui, par lui-même à cette philosophie africaine qui peinait à s'imposer comme discipline. Si un des amis présents dans la salle pouvait corriger mon souvenir, je n'en serais que très heureux et honoré. Jusqu'à la preuve du contraire, la question de l'abbé et la réponse d'Eboussi sont demeurées comme telles dans ma tête.
Au cours de ma formation philosophique et littéraire à Fribourg, j'ai continué de lire Eboussi Boulaga. Son A Contretemps. L'engjeu de Dieu en Afrique (Paris, Karthala, 1991) est cité dans ma thèse. Dans un article publié dans Conversations in Philosophy sous la direction d'Ochieng-Odhiambo, Roxanne Burton et Ed Brandon, je cite La Crise du Muntu. Comme pour dire que je tiens la pensée du philosophe Fabien Eboussi en grand respect, et l'utilise dans mes propres publications. Merci Fabien Eboussi Boulaga!
Oui, je joindrai ma voix à celles de Kom, Bidima, Mbembe, Ndinga, Ndumba, Nganang, Mudimbe, Laleye, Masolo, Souleymane, Towa, Tshiam, Djimeli et d'autres pour honorer la mémoire de ce grand esprit que le monde culturel africain vient de perdre. Que sa contribution scientifique soit reconnue à son juste degré de pertinence et de valeur. Honneur, hommage et respect à un des grands fils d'Afrique! J'ai eu l'immense privilège de lui serrer la main et d'échanger quelques mots de courtoisie avec lui.
Va, maître, et repose en paix! Que la terre de nos ancêtres te soit douce et tendre.
Oui, je joindrai ma voix à celles de Kom, Bidima, Mbembe, Ndinga, Ndumba, Nganang, Mudimbe, Laleye, Masolo, Souleymane, Towa, Tshiam, Djimeli et d'autres pour honorer la mémoire de ce grand esprit que le monde culturel africain vient de perdre. Que sa contribution scientifique soit reconnue à son juste degré de pertinence et de valeur. Honneur, hommage et respect à un des grands fils d'Afrique! J'ai eu l'immense privilège de lui serrer la main et d'échanger quelques mots de courtoisie avec lui.
Va, maître, et repose en paix! Que la terre de nos ancêtres te soit douce et tendre.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire