31 oct. 2019

Un octobre assez éprouvant

Rétrospective sur un mois que je juge éprouvant et défiant. Je suis revenu en août pour occuper un nouveau poste auquel je n'étais ni préparé ni destiné. La surprise du métier a été à la fois excitante et surprenante. Comme je l'ai dit le jour de l'orientation des étudiants: pourquoi moi? Pourquoi moi à ce poste? Un collègue a tenté de me convaincre que j'étais le meilleur et qu'autrement je n'aurais pas été choisi. Ni mon curriculum français ou francophone dans un milieu anglophone, ni ma nationalité africaine dans cette Caraïbe où parfois les origines se confondent sans se discerner clairement, sauf pour les activistes africanistes, ni encore mon parcours assez original ou excentrique, rien, alors rien ne me destinait à cette lourde tâche au sein de l'université des West Indies. Directeur des études postgraduées pour le campus de Cave Hill, j'ai eu à reconnaître les limites de mes capacités intellectuelles et pratiques devant l'aréopage de mes collègues, tous mieux outillés que moi pour ces responsabilités. La première réunion du Conseil des Etudes Postgraduées et Recherche qui a eu lieu à St Augustine a été l'occasion de me mesurer à l'aune des autres. Et là, je crois avoir été le moins bon, jusqu'à ce que mon autre collègue me révèle ses cauchemars depuis que cette responsabilité lui a été confiée. Je me suis alors consolé et me suis dit: il y a du travail, si les autres le font, pourquoi pas moi? Cur non ego? comme nous aimions à le clamer du temps de nos études secondaires. 
A ce titre, j'ai eu en septembre et en octobre à participer à d'importantes réunions sur le fonctionnement académique, administratif et financier de l'université. A ce titre, j'ai eu accès à des dossiers sensibles au sein de l'université; et j'ai été associé à la prise de décisions significatives de l'institution universitaire. Je suis donc entré comme une des têtes pensantes au sérail qui tourne autour de Mme le Recteur. Me voilà parachuté au sein du leadership de l'université. Il n'y a aucune raison de me vanter vu que des plus compétents que moi - et il y en a beaucoup - auraient pu assumer ces devoirs mieux que je ne l'ai fait jusqu'à ce jour. A ce titre encore, j'ai vécu un mois d'octobre éprouvant.
Du 29 septembre au 4 octobre, j'ai séjourné à Trinidad pour des réunions universitaires. Ces réunions se tiennent trois fois: en octobre à Trinidad, en février à Mona, Jamaique et en juin à Cave Hill. Tous les problèmes relatifs au fonctionnement de l’Université des West Indies y sont traités. Des décisions y sont prises qui engagent toute la structure universitaire. Des règlements y sont évalués, amendés, modifiés ou rejetés comme caducs. Je me suis rendu compte de l'immensité de ma mission au sein du campus et de l'université en collaboration avec mes collègues. J'ai vécu des moments d'observation, d'apprentissage tout en participant activement aux discussions comme aux événements de coulisses. J'ai pu mettre des visages sur des noms certains connus depuis des années. J'ai pu me faire reconnaître par certains, côtoyés souvent depuis le temps où je représentais notre conseil académique au sein de ces institutions. 
Enfin vinrent les promotions ou collations de grades. Comment dire? C'est l'aboutissement de tout le cursus académique au cours duquel corps enseignant et étudiants se donnent rendez-vous pour la reconnaissance du travail accompli. Diplômes, certificats, licences, maîtrises, doctorats sont décernés aux étudiants en signe de l'aboutissement de leur engagement au sein de l'université. Et l'honneur m'échut de lire les noms des étudiantes et étudiants pour les présenter au Chancelier de notre université. Moment d'une gravité inouïe et d'une distinction sociale sans pareil! Une véritable liturgie qui ne laisse aucun espace à l'improvisation ni à l'impréparation. 
Comment dire? J'ai vécu ce mois d'octobre comme l'occasion d'une épreuve du feu qui a commencé en août et qui se poursuivra au cours de l'année académique. Me voilà prêt pour affronter novembre 2019. Des réunions et des conseils à plusieurs niveaux m'attendent. L'apprentissage du métier continue. 

CK aveugle

Je viens d'apprendre avec consternation par Séraphin qu'une amie commune de notre jeunesse - souffrez que je garde l'anonymat pour des raisons de convenance - CK est devenue aveugle depuis plusieurs années. Que j'en suis triste! Je lui ai reproché son silence à ce propos. On parlait de l'ordination de l'abbé Mwela en avril 1974 où cette amie, alors étudiante au lycée Matondo, avait servi à l'accueil et à la restauration. La fameuse assiette des cacahuètes renversée me revient à la mémoire. Que des souvenirs depuis son premier voyage de septembre 1972 de Matari pour Bandundu en passant par Kalonda  - où Séraphin arriva de Bulungu un jour plus tard - jusqu'à notre rencontre à Lemba Salongo à Noël 1978. Je ne l'ai plus revue depuis. Je sais qu'elle s'est mariée, a eu deux ou trois enfants, et que son mari est décédé prématurément. Je crois lui avoir parlé une fois au téléphone il y a plus de dix ans. Aveugle, CK qui nous fit rêver autrefois, continue de braver courageusement la vie malgré la cécité et les coups durs que le destin lui a assénés. Que Dieu la protège et la garde!

30 oct. 2019

"Les absents ont toujours tort"2

" Cher Claver,
Une déclaration pareille défie tout confiance qui pourrait s'accorder à l'autre. Ni chrétienne ni païenne, elle défie l'éthique et tout principe de vie commune. Retourne-la dans tous les sens, tu verras qu'elle est mauvaise quoique tu la prétendes bonne. C'est vicieux. Tu es en train de recommander de ne jamais mettre sa confiance en personne.
Moi, j'ai au une autre vision de cet adage. Utopiste de formation et d'instinct, je vois la vie en rose comme on dit. Assurer la présence n'est pas forcément un acte physique, mais spirituel. Dieu que nous ne voyons pas est là pour en témoigner. Nous l'aimons et obéissons à ses lois. Nous vivons conformément à la volonté divine. De là à descendre aux relations humaines en les spiritualisant, la présence prend un autre aspect. Pour l'utopiste que je suis, la vie se vit de façon constante et droite quelles que soient les circonstances environnantes. Beaucoup de crimes, de trahisons et de délations se commettent lorsque la conscience perd ses racines profondes, lorsqu'elle se détache du sens commun. Cet isolement spirituel forme le socle du mal dans l'être humain. 
Je ne te fais pas de leçons. Tu es plus instruit que moi (?), mais moi je possède une sagesse unique que ni tes études ni tes lectures ne sauront refléter. Comme tu aimes le dire à propos de ta mémoire, moi je connais le cœur de l'homme dans sa bonté et sa perversité mais je choisis la droiture, symbole de maturité et de mesure. A cause de moi, un proche a osé refuser de signer une pétition contre mon boss alors que rien ne l'y forçait. A cause de moi, ce même proche a protesté contre des accusations proférées contre un ami commun alors qu'il a été victime des malversations financières de ce dernier. La fidélité n'est pas un mot vain; elle se vit au présent et constitue une vertu appréciée de tous. Donc absent ou pas, seul le cœur tranche sur le comportement à adopter. Même le scélérat le plus viscéral peut suivre des principes droits et recommandables.
Etc. "

26 oct. 2019

"Les absents ont toujours tort"

Là c'est Séra. C'est aussi le point de vue de ma muse littéraire MF qui précise notamment que "la chaise vide ne paie pas". Cette vérité s'est toujours vérifiée quels que que soient le lieu ou le temps. Je vous laisse là. Vous est-il déjà arrivé d'être trahi dans la vie? Vous est-il arrivé de rompre une relation amicale ou amoureuse? Vous est-il déjà arrivé de piéger ou d'espionner quelqu'un dans une situation de présence-absence physique ou virtuelle? Pour beaucoup de personnes, seul le présent compte. Entendez par "présent" tout ce que vous voulez. 
Cet adage, peut-être populaire, que j'attribue à mon ami, m'a été brandie à plusieurs étapes de ma vie. Vous ne savez jamais ce que votre meilleur ami - ou celui que vous croyez l'être - pourrait faire contre vous en votre absence. Et cette trahison-là se révèle souvent fatale. Le fait d'être ami vous expose à une fragilité inouïe. En réalité vous confiez votre sort entre les mains de quelqu'un(e) dont la volonté secrète est loin d'être sous votre emprise, incontrôlable jusqu'à ce qu'adviennent l'inacceptable, l'irréparable ou l'incroyable. Qu'un mari trahisse sa femme et vice-versa, rien de plus fréquent. Pensez à tous les aspects car cela peut aller jusqu'au meurtre. Qu'un collaborateur fidèle vende, après avoir rempli ses poches, la mèche qui déjoue tous les plans d'un projet, cela se voit et se verra toujours. Un partenaire trop loquace, aussi efficace et discret qu'il soit, est un potentiel ennemi à liquider. L'espionnage politique, financier et sécuritaire fonctionne sur ce simple et logique mécanisme dont les preuves sont légion. Une légère imprudence langagière ou d'attitude suffit pour éclabousser une relation pourtant fondée sur le roc. La moindre contradiction peut vous coûter la vie ou sceller votre sort à jamais. Ainsi se justifie l'omerta des maffiosi. Ainsi se justifient les meurtres o combien nombreux attribués, à tort ou à raison, à nos dirigeants politiques qui n'hésitent jamais à éliminer leurs adversaires. Masquer la vérité, la tisser à ses intérêts, imposer la pensée unique, voilà les manoeurvres d'un manipulateur rompu dans la gestion des hommes. Quel est l'état de votre conscience après avoir été trahi ou après avoir trahi votre être cher ou votre partenaire? Regret, remords, insouciance? Autant de questions dans le fond de son intimité.
Dès la mort de son mari africain, une femme européenne a décidé de rompre tout lien avec les Africains qu'elle a connus à travers lui. Elle se vengerait d'humiliations et trahisons subies au cours de leur longue vie commune. Son amour de jeunesse se serait fané, trahi, détruit par les contingences du temps, ou les coups de la vie. Elle aurait certes aimé son homme, mais pas les Africains dont elle se serait vachement passée si elle n'avait été obligée de composer avec cette race étrange et "autre". Si seulement son homme pouvait revenir à la vie!
"Les absents, quelle que soit la forme d'absence, ont toujours tort", dit l'adage. Il faut assurer. Comme pour se prémunir contre l'ironie de l'histoire, Don Quichotte s'empressait toujours de rappeler à sa dulcinée: "Ne m'oublie pas chérie". Ce qui ne manquait pas de surprendre cette dernière.
  

A propos de "Quidquid recipitur"

26 septembre 2019. Lorsqu'il s'agit de mémoire, je suis fort, même très fort. Ainsi je porte une correction à ce que j'ai écrit à propos de "Quidquid recipitur...". J'ai hier vérifié auprès de mon ami-jumeau Mafranx:

- Homo homini lupus aimait-il encore dire ce sacré papa Doc.
- "Quidquid recipitur recipitur ad modum recepientis" est-ce aussi de Mirabeau?
- Non c'est de Kapsy
-  On a eu une discussion avec Séraphin là-dessus. J'avais donc raison. Pour lui, c'était Mirabeau.
- Kapsy... Remember son cours de religion en 3eme ...Tant qu'on y est, comment as tu répondu à sa question "Mgr l'évêque, prêtre ; le père ben, prêtre ; le xien de masamuna, prêtre... Quel mic mac ; de grâce debarassez moi de ce pétrin.... De la haute théologie comme il le disait lui même.
- Je ne sais plus mais je me souviens de la question. Oui Kapsy... un gars qui nous a tous marqués. "Chantez diable" ou "Smile awhile and while you smile another smiles. There are miles of smiles when you smile awhile"... ou encore ...." ya kafu kafu" etc. Il m'a toujours répété que toi et moi étions ceux qui saisissaient ses blagues du premier coup."

Cette conversation Messenger avec François-Xavier Mapasu, que j'ai coupée-collée verbatim, a remis de l'ordre dans ma tête. Elle est authentique. Papa Doc, un autre nom de Mirabeau que je n'utilisais jamais. L'évêque de l'époque Mgr Hoenen. Ben, Big Ben, le père Overgoor svd. Kapsy, c'est l'abbé Charles Kapende Swa Yamfu M'Ketu Toma ku Nzo M'Kwenu M'Singa M'Situ. Plus correct linguistiquement serait de remplacer tous les M' par des N'. Car là je reprends la prothèse suku au lieu de garder l'original et la phonie de la culture pelende dont Kapsy fut longtemps l'apôtre poétique. Que Dieu le patafiole!
Même inspiré d'un souvenir légèrement décalé, mon hommage à Mgr M'Sanda garde sa pertinence émotionnelle. Paix éternelle à son âme! Et que son nom reste à jamais gravé dans nos mémoires.


24 oct. 2019

"Quidquid recipitur..."

22 octobre 2019. Une conversation de routine avec Séraphin nous conduit à remonter le temps. Cela arrive souvent sauf que cette fois nous discutons des vertus morales qui nous furent inculquées 
"Quidquid recipitur recipitur ad modum recipientis", ainsi a commencé notre souvenir de Mirabeau. Oui, je reviens à ce sobriquet longtemps abandonné par moi pour des raisons évidentes. J'ai été trop proche de lui pour oser y revenir... Mirabeau, c'est ainsi que les gens de ma génération appelaient Mgr Dieudonné M'Sanda. Un glissement linguistique qui est parti de Hamourabi, le pourvoyeur de la loi du talion, à Mirabeau, le politique français d'après la Révolution française. De la ressemblance à la parité, la pas a été vite franchi par les séminaristes de Kalonda. Pour avoir imposé le Directoire au petit séminaire, ce canoniste s'est forgé une réputation d'homme rigoureux, organisé et intègre. C'est par ce nom que, comme tout le monde, je l'appelais jusqu'à ce que je fus devenu son secrétaire.
- C'est l'AK qui nous a appris cet adage?
- Non, c'est Mirabeau en personne.
- Non, c'est AK, ai-je renchéri.
- AK ne savait pas le latin. Là tu ne m'auras pas. C'est Mirabeau. Ma mémoire ne me trahit pas. Tu te souviens de son ton chantant de l'époque?
- Mais non Séraphin, c'est AK. Soit. Tu peux avoir raison. Je vais vérifier auprès des congénères et des copains. Au fait sais-tu que cela fait aujourd'hui 18 ans, jour pour jour, que Mgr M'Sanda est décédé?
- Cela tombe bien. Paix à son âme et union de prière. Lors de mon dernier passage à Kenge, je suis allé à la cathédrale, et j'ai vu comment sa tombe est merveilleusement entretenue. C'est impressionnant.
- Oui, je l'ai constaté moi aussi. Souviens-toi de  ce que ce fut en juillet 2012, toutes les toiles d'araignée, les fientes d'oiseaux et la poussière ambiante. Les choses ont changé.
Paix éternelle à Mirabeau! Que son nom reste à jamais gravé dans nos mémoires et nos esprits.

21 oct. 2019

UWI Graduation 2019

Cette année est grandiose pour l'Université des West Indies. Classée première de la Caraïbe par THE, elle figure dans les 2% des Amériques et les 4% du monde entier. Une prouesse exceptionnelle. Elle vient d'obtenir une accréditation de 7 ans, la plus haute qu'une institution puisse obtenir sur le plan national, régional et international.  Félicitations à nos autorités académiques et administratives!

"The world's most reputable ranking agency Times Higher Education has ranked The Uwi among the top 600 universities in the world for 2019, and the 40 best universities in Latin America and the Caribbean for 2018 and 2019. The Uwi is the only Caribbean-based University to make these prestigious lists and is one of only two regional universities in the world (the other being the University of Souyth Pacific)." '(Source: www.uwi.edu/news-events)

"L'agence la plus réputée du monde en matière de classement Times Higher Education (THE) a rangé l'Université des West Indies parmi les 600 meilleures universités du monde pour 2019, et parmi les 40 meilleures d'Amérique Latine et de la Caraïbe pour 2018 et 2019. L'Uwi est la seule université basée à la Caraïbe à figurer dans ces listes prestigieuses et est une des seules deux univerisités régionales dans le monde (l'autre étant l'Université of South Pacific)."

Cette semaine a été marquée les différentes cérémonies liées à la collation des grades ou graduation. Une semaine des distinctions à différents niveaux: département, facultés, université. Entre autres la Faculté des lettres et l'école de l'éducation ont primé les meilleurs étudiant(e)s en langues, linguistiques, philosophie, histoire, littératures anglaises, psychologie ou sciences de l'éducation. J'ai participé à la cérémonie Pro-Vice Chancellor's Awards for Excellence au cours de laquelle j'ai remis les prix aux étudiants postgradués de différentes facultés: licence, maîtrise, doctorat. On a célébré l'excellence.
Le vendredi 18.10 a été offert à EBCCI par Mme le Recteur Eudine Barriteau le dîner annuel en l'honneur des lauréats des Doctorats Honoris Causa: Ms. Maxime Williams de Trinidad pour le leadership (Dr en droit), Mr. Stedson Wiltshire, Barbadien, pour son travail d'entertainer (Dr ès lettres) et Mr Alan Emtage, Barbadien, pour invention scientifique (Dr en sciences sociales). A cette soirée, nous avons eu le privilège de jouir de la compagnie de l'Ambassadeur de Chine, de Lee Yung, prochaine directrice de l'Institut Confucius, et du couple Edghill, donateur d'un terrain de plantation à l'université. Une ambiance agréable et relaxe avant de penser au marathon du lendemain. Le thème décoratif cette année était: "Le mystère de la forêt enchantée".
Hier samedi ont lieu à 10h et à 17h sous l'immense tente montée à cette occasion les grandes cérémonies de collations des grades BA, LLB, Postgraduate Certificates and Diplomas, MA, LLM, MPh, MSc, DM, MD, PhD. Le Chancellier de l'Université des West Indies, Mr Robert Bermudez, a présidé ces cérémonies en présence du Vice-Chancellier, Sir Hilary Beckles, et des PVC Recteurs et Présidents des conseils universitaires, et des membres du Sécrétariat général académique, etc. Impressionnants étaient les discours tenus par différents orateurs. Outre les docteurs h.c., les Class Valedictorians ont fasciné l'audience et les téléspectateurs par la profondeur de leurs témoignages si vivants et si inspirants. Bravo Ms. Andiesa Brandy M. Weste et Mr. Tristan Ward. Dr. h.c. Stedson Alan Emtage, compositeur et musicien de Calypso, n'a pas manqué de se joindre à la Cavite Chorale et à la Fanfare Royale pour exécuter deux morceaux d'une exceptionnelle finesse. Nous avons vécu des moments merveilleux.
Une cérémonie en grande pompe dans la stricte tradition médiatique anglo-saxonne. Une procession rapportée en direct à la télévision CBC grâce aux bons services de UWI TV. Chapeau Janet Carew. Un travail de professionnel minitieusement orchestré par Jennifer Hinkson, l'éminence grise des fêtes sur le campus. J'ai participé à tous ces événements et lu les noms des étudiant(e)s postgradués. Beaucoup d'émotion à ce show de fête américaine. Cela m'a rappelé les vieilles cérémonies d'ordination. Cela m'a aussi rappelé la courbette unique de ma fleur de cactus MF dans cette forêt mystérieusement enchantée. Jamais oublier que ma muse est une poétesse de talent qui sait trouver le mot juste.
Un petit incident pour redorer l'excellence de la fête, ma vieille bagnole a connu une crevaison de pneu. Comme des bus faisaient la navette entre les deux principaux parkings du complexe sportif Usain Bolt et Queen's College, j'ai profité de la seconde destination, proche de chez moi. Ce n'est que le matin du dimanche 20.10 que j'ai récupéré l'engin.
Congratulations et meilleurs voeux à tous les diplômés, à leurs familles, à leurs proches et ami(e)s.




16 oct. 2019

La guerre - aucune guerre n'est défendable

La guerre, c'est le dernier recours. Mieux la guerre devrait être le dernier recours. Le monde ressemble à une jungle qui ne dit pas son nom. La force est toujours l'atout des plus forts. Les Turcs déclarent la guerre aux forces négatives ou aux terroristes comme ils les appellent, justement parce qu'ils sont forts. Ils dictent la règle du jeu, déterminent ce qui doit vivre ou mourir. Les puissants abusent de leurs armes pour étouffer toute tentative de libération de la part des sujets qu'ils colonisent ou tiennent sous leur domination. Voici à peu près le dialogue que j'ai échangé avec mon pourfendeur:
- Au lieu de juger les Turcs, occupe-toi des conflits armés qui ont lieu dans ton propre pays.
- Que ce soit en RDC ou en Syrie ou encore en chez les Rohingas, la guerre n'est pas défendable.
- Chez toi, cela fait des années que des femmes sont violées, que des enfants sont embrigades comme soldats dans les milices, que des tribus sont dépossédés de leurs terres, par la force des armes. 
- Oui, c'est vrai. Je décrie la guerre, où qu'elle ait lieu. 
- Il ne suffit pas de la décrier, il faut poser des actes concrets pour défendre les innocents qui en souffrent. Tu le fais certes avec ta plume, mais ne crois-tu pas que tu ferais mieux de descendre sur le terrain. 
- Là tu m'en demandes trop. Je suis enseignant, j'enseigne la justice, la paix et l'honnêteté, loin de tout moralisme aveugle. 
- C'est une contribution qui se défend, mais au moralisme je substituerais l'activisme. C'est là que réside notre faiblesse. Nous prêchons dans le désert au lieu de prendre le taureau par les cornes..
- Tu touches là un point très important. Les organisations internationales, privées ou officielles, mettent d'importants moyens pour éradiquer la guerre, et assurer la paix. Cet effort s'avère souvent inutile. Mais imagine un peu ce que le monde sans la voix ni les actions de ces humanitaires. Je soutiens ces efforts...sans forcément en faire partie. 
- Homme de discours, tu as raison. J'admire ta détermination et ta foi dans tes convictions. 
- Chacun voit le monde à travers ses yeux. Oui, j'ai des convictions indéboulonnables sur lesquelles je base mon agir. Je ne porterai jamais le sang de quelqu'un sur mes mains. Et la guerre, c'est pas mon truc. 

15 oct. 2019

La meilleure bière actuelle du monde est produite à Wurmlingen

"Nun etwas ganz anderes - stell Dir mal vor: Unsere Wurmlinger Hirsch-Brauerei gewinnt den "World Beer Award". In London wurde das Hirsch Pils als bestes klassisches Pils der 'Welt ausgezeichnet. So sind nun eben mal wir Wurmlinger. Insgesamt wurden mehr als 3500 Biere aus über 50 Ländern bewertet." (T Schmitt).

"Maintenant quelque chose de complètement différent - peux-tu une fois t'imaginer: Notre  Brasserie Hirsch de Wurmlingen vient de gagner le "World Beer Award". A Londres la Hirsch Pils a reçu le prix de la meilleure Pils classique du monde. Ainsi sommes-nous les habitants de Wurmlingen. Au total il y avait en compétition plus de 3500 bières provenant de plus de 50 pays." (T Schmitt).

Même l'ancien curé de Wurmlingen en est très fier.
Auch der ehemalige Pfarrer von Wurmlingen ist sehr stolz darauf.

14 oct. 2019

Hommage au nonagenaire Mugabe décédé à 95 ans

95 ans, quel bel âge pour tirer sa révérence pour un être humain qui a marqué l'histoire de son pays. Qu'on l'aime ou qu'on le haïsse, Mugabé demeure un personnage important en Afrique. Il a lutté contre le colonialisme et affronté le néocolonialisme d'une façon originale. Héros national pour ses partisans et dictateur sanguinaire pour ses adversaires. 95 ans, trop longs pour ses détracteurs. 
J'ai suivi avec une certaine constance la montée et la descente de Robert Mugabe. Opportuniste et fin analyste des situations, il a su souffler le chaud et le froid en même temps. Des jeunes enthousiastes pour le discours anticolonial et nationaliste de ce conducteur d'hommes ont très vite déchanté dès que le président, lâché par les Britaniques, a durcit sa propagande en insistant sur l'occupation raciale de ce qui fut la Rhodésie du Sud. Les descendants des Anglais et les adhérents de Ian Smith ne s'étaient pas préparés au revers de Mugabé qu'ils avaient pourtant considéré au départ comme un modéré. La redistribution des terres pour une certaine parité raciale et l'occupation systématique des fermes des Blancs par des partisans noirs... ont enterré, aux yeux de beaucoup d'observateurs étrangers, les chances du développement du Zimbabwe qui ne s'est jamais vraiment relevé de cette crise congénitale. Tout cela est tombé sur la tête de Monsieur Mugabe qui, tentant de se faire remplacer par sa propre épouse, a été chassé du pouvoir par la petite porte. Je n'ai jamais soutenu le dictateur, mais je garde de lui l'image d'un grand leader africain qui a marqué son pays.

Retour de Trinidad

Du 29 septembre au 4 octobre j'étais à Trinidad pour particper à des réunions centrales de l'université des West Indies. Elles se tiennent trois fois l'année académique. La première a lieu à Trinidad, la seconde en Jamaïque et la troisième fois à Cave Hill, à la Barbade. Belle répartition pour une université régionale traditionnellement tripartite, mais qui depuis septembre compte cinq campus. The Five Island University compte les trois grands campus, plus l'Open Campus et le campus d'Antigua nouvellement créé. 
Ces réunions constituent des hauts lieux de leadership et des points de référence pour la direction des affaires de l'université au niveau le plus élevé. Toutes les unités importantes de la vie universitaire sont représentées ou présentes. S'y prennent des décisions concernant le fonctionnement de l'université tant au niveau académique, administratif et des services spécialisés. S'effectuent des nominations ou promotions aux postes de professeurs. Se discutent tous les problèmes relatifs aux différents aspects que comportent la direction et l'orientation de l'institution universitaire. Pendant ces cinq jours toute la communauté universitaire est en attente des décisions ou nominations.
J'y participais déjà en tant que représentant de notre conseil académique, mais c'est la première fois que j'y ai été comme Director for GSR. Comment dire? Un baptême de feu comme j'aime à le souligner. Un processus continuel d'apprentissage. Je prends de plus en plus conscience de l'ampleur de ma nouvelle responsabilité. Quelqu'un doit bien faire ce boulot. Cette fois, c'est moi. Je passerai,  Je passerai certes, mais j'y laisserai mon empreinte. Il faut savoir partir... sans tergiverser.  

La guerre

1. Depuis quelques jours la Turquie a commencé l'invasion du nord de la Syrie afin de neutraliser les poches de résistance des PKK. Ils profitent du départ des troupe américaines pour occuper le terrain et consolider leur main-mise sur ce territoire qui est vital à leurs yeux. Une guerre d'invasion ou d'expulsion des PKK de leurs fiefs. Légitime ou pas, cette guerre ne se justifie pas, car elle met sur la rue ou exile de leurs terres, des femmes, des enfants, des vieillards... simplement parce qu'ils sont nés et vivent sur cet espace qui sert de base-arrière aux PKK. Terroristes aux yeux des uns, liberateurs ou résistants aux yeux de leurs compatriotes.
2. Les images qui circulent devant nos yeux montrent à quel point la guerre est insensée. Des innocents sont mises sur les pavés du monde. Des familles sont divisées. Des enfants égarés ou arrachés à leurs parents par la force maléfique des hommes. Lorsque je vois des gens emballer leurs bagages dans cette fuite de salut, je me demande bien ce qu'ils choisissent et dans quel état d'âme. Il y a de nombreux souvenirs dont ils sont sommés de se séparer. Expérience pénible et douloureuse que de décider, c'est de choisir ce qui est bien en ce moment pour soi et pour les siens. 
3. La conscience de la vanité de ce monde. Dans ce monde, ce que nous possédons ne vaut rien. Rien que la poussière. On a beau avoir les meilleures bolides du monde, on n'est que humain et vulnérable. On a beau gravir la haute échelle de l'honneur et de la gloire, on n'est que des pauvres hommes. Les biens sont secondaires. Ce père ou cette mère de famille qui sont sommés d'abandonner la maison qu'ils ont construite de leur sueur sont désespérés et ne sauraient affronter le dessein simplement parce qu'ils s'en tiennent encore au matériel, à l'argent ou au bien, en même temps qu'ils se rendent compte que l'essentiel est ailleurs, pas immédiat. Se séparer d'une maison bâtie tout comme de son pilon à manioc ou millet pour une femme revient à dire adieu à la vie, à tourner définitivement la page de l'histoire.   
4. Folie des grandeurs. Les Turcs en tant que superpuissance dans la région veulent se sécuriser en créant une zone de non-agression... geste arrogant d'impérialistes sans vergogne. Le plus surprenant, c'est que le monde entier les regardent ahuris, indifférents ou impuissants devant cette preuve de défi au monde. Cette démonstration de force est à mes yeux criminelle puisqu'elle cause des morts d'hommes innocents et déstabilise la vie de centaines des milliers d'individus. Malheureusement, le mal a tellement pris racine dans le monde que le monde se révèle incapable de l'éradiquer. Les alliés applaudissent aveuglement, les opposants élèvent la voix sans convaincre. Et les Turcs continuent leur invasion sans être inquiétés même par plus puissants qu'eux. C'est la loi de l'histoire. 

3 oct. 2019

3 octobre, porté en terre

Le 3 octobre, Papa fut porté en terre à Kinkole. Silence, méditation et méditation.

Jessye Norman vient de tirer sa révérence

Adieu Jessye, icone de musique classique qui a longtemps fait vibrer mon coeur, vedette d'art symphonique qui s'est distinguée dans les cours des puissants de ce monde. La vedette de l'Opéra de Berlin est une fierté pour notre race. Dans mon univers de mélomane, Jessye a longtemps incarné la plus haute marche de l'excellence et du génie. 
Un jour, marchant dans les rues de Berlin, j'ai lu sur une porte privée "Jessye Norman". J'ai demandé à un vieux riverain du coin: "Kennen Sie JN?" "Ja, aber das ist nicht die JN an die Sie denken". 
Rest in peace Jessye.