Hier discutant avec mon cadet de frangin nous en sommes arrivés à parler de certains événements qui se passent autour de nous. Très ému, il m’a rapporté le cas inexplicable d’ingratitude de la part de gens connus vis-à-vis de la main qui a fait qu’ils soient devenus ce qu’ils sont. Ce qu’il jugeait inacceptable se rangeait pour moi, lecteur de mythe, du côté de l’irrationnel. Le lien familial est inamovible; ce qui le sépare c’est l’évocation erronée de la sorcellerie et de croyances superstitieuses. Or ces croyances minent la vie sociale en Afrique. Chacun se croit victime; chacun évoque la force de Jésus-Christ pour se protéger contre l’assaillant. Selon toute apparence, ils se haïssent au point d’oublier leur consanguinité. Toutes les bonnes actions posées par l’aînée du temps où elle possédait bien et argent sont jetées à la poubelle, inévitablement oubliées et ignorées. La bienfaitrice est devenue l’ennemie à abattre maintenant que les plus jeunes ont des moyens. L’apparente ingratitude des assistés de jadis se justifie par un recours éventuel à des forces surnaturelles ou occultes. Chacun accuse l’autre d’avoir tenté de le sacrifier. Je l’ai entendu. C’est une obsession inéluctable. Dans cette confusion chaotique, chacun accuse l’autre d’avoir sollicité les services maléfiques d’un ensorceleur pour le liquider. Des accusations graves qui dépassent le niveau rationnel que nul n’est en mesure de gérer sagement. Tout compte fait, c’est la sorcellerie qui leur empeste et pourrit la vie. Tout est là: c’est le point central de la dispute que vivent ces si proches parents à nous. Au point où ils en sont, aucun conseil ne tient, aucune intervention spirituelle n’agit, aucune réconciliation ne pointe. Ils en souffrent car ils sont tous déstabilisés en dépit de l’apparente maîtrise de la situation qu’ils exhibent. Le manque de reconnaissance constaté chez les plus jeunes contraste avec l’indifférence offusquée de la bienfaitrice méprisée. En réalité, ils se livrent à une guerre de tranchées: ils en sont au point de non-retour. Au bout du compte, ils ne se disent pas la vérité, se craignent sans y croire vraiment, mais préfèrent se confier à des quidams qui ont intérêt de les séparer plutôt que de les voir unis, donc forts et puissants. Tout est là: ils ont atteint le point de non-retour.
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