29 juin 2023

Il y a 31 ans

29 juin 1992. Sur les plateaux du Pont Kwango, peu avant la bifurcation de Popokabaka, le véhicule Land Rover dans lequel je me trouvai avec le Frère Simon Van Steen et le chauffeur Zorro Musitu, fut attaqué par des hommes armés. Nous étions partis à 15 heures de Kinshasa pour Kenge, la nuit planait déjà sur le terroir. Scène unique dont la gravité ne m’émit que plus tard lorsque je vis l’impact des balles sur le véhicule. Le chauffeur, un ancien militaire, n’a pas hésité à foncer sur les assaillants alors qu’ils tiraient sur le sol pour nous intimider. À cet endroit la route était très mauvaise, pleine de nids de poule. Grâce au flegme et au courage de ce vaillant conducteur, nous fumes sauvés d’une mort qui aurait été sans aucun doute cruelle. Que serions-nous devenus si ces bandits armés avaient maîtrisé le véhicule? À ce jour, je suis le seul encore en vie. Je raconte ce rècit à FM chaque fois que nous passons là.  Honneur à la mémoire du frère Simon et de Zorro! 

Quelle expérience inoubliable! La mort, tout le monde en a peur. Surtout ceux-là que nous croyons bien protégés ou sécurisés malgré leur armada sécuritaire. Des services sont dédiés nuit et jour à protéger leur vie. Imaginez l’emoji de ces personnes sonnées de quitter leurs domiciles pour une évasion ou un déplacement forcés. Un traumatisme hallucinant. Des malfrats s’adonnent à la tuerie et au massacre des innocents. Des coupeurs de route terrorisent les paisibles usagers de la route en toute impunité. Pourquoi le mal continue à s’enraciner si profondément dans les cœurs des gens. On dirait qu’une violence cache une autre. Le schéma est infernal: hier c’était des kidnappeurs ou brigands de grand chemin, aujourd’hui ce sont les Mobondo qui font la loi sur le même tronçon. Le nombre de leurs victimes ne se compte plus. On dilapide, on tue sans sommation à l’arme blanche. Du jamais vu dans cette partie du pays. 

Il y a trente et un ans, j’avais frôlé la mort, j’avais vu la mort, de mes propres yeux. La menace jadis cachée et rare s’est généralisée sous l’étiquette du conflit Teke Yaka. Incroyable. On tue à la machette. Que nous réserve encore l’histoire?



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