17 juin 2023

Médiation africaine entre Kiev et Moscou

On dirait que je rêve. Je tombe des nues. Quatre présidents africains (Sénégal, Afrique du Sud, Comores) sont en Europe pour tenter d’obtenir un cessez-le-feu entre les belligerents. À Kiev Zelensky leur a dit niet. Ils sont attendus à Moscou aujourd’hui. Un autre niet les attend fort probablement à Moscou au cas où il ne serait pas déjà prononcé. Je ne sais pas si je dois être fier de cette mission ou pas. Ça n’engage que moi. En littéraire avisé, je me pose des questions. 

Quel a été le but réel de cette démarche dont tous savaient pourtant qu’elle allait échouer? Comment ces présidents sont-ils allés à la rescousse de pays européens dont la rivalité historique si profonde est indéboulonnable? Alors qu’il y a des conflits irrésolus sur leur propre continent, n’y a-t-il pas lieu de soupçonner un agenda caché ou un téléguidage de la part des grandes puissances? Jamais des présidents africains n’ont constitué une délégation pour pacifier leurs propres frères et sœurs au Soudan, en RCA, au Nigeria, en Lybie, au Tchad, au Mali ou en RDC. Il y a certes des négociations mais elles sont plus motivées par les intérêts étrangers à l'Afrique plutôt que ceux des Africains. Les Européens démontrent qu’ils n’ont pas besoin de nous lorsqu’il s’agit des choses sérieuses. Il n'y a que les déplacements de Zelensky: il sillonne l’Europe, l'Asie, combien de fois s’est-il jamais rendu en Afrique? En cette matière, l’Afrique n’existe pas. La négociation africaine a été sèchement rejetée. 

Les motivations de cette médiation sont ailleurs, j’en suis sûr. Il y a certes une guerre en Europe, les Européens n’ont pas besoin de nos têtes pensantes mais de nos minerais et ressources si jamais. Ils ont plutôt besoin d’argent, d’armes, de nourritures, de médicaments et de matériels de guerre. Mobilisés comme jamais dans l'histoire contre l'ennemi russe, leurs alliés américains, anglais, français, allemands et autres européens déploient d'énormes ressources pour les aider. Le reste, c’est du blabla. Et nous Africains sommes des blablateurs dans cette histoire. Nos négociateurs essuyent du ridicule dans une guerre qui ne les regarde pas ou peu. Par contre les conséquences de ce conflit sont importantes pour l’équilibre mondial. Jusque là je e n’ai pas entendu parler d’une force d’interposition de l’ONU onéreuse comme c’est le cas dans les guerres africaines. Je me trompe peut-être. Ça fait réfléchir, même les non-politiques. 

Politica, politica, mani pulite! 

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