“J’y suis, j’y reste”. Paraphrasé, manipulé, romancé, ce slogan a longtemps caractérisé les politiques de tout ordre. Observez attentivement les processus électoraux dans différents pays d’Afrique, vous remarquerez différents cas de figures illustrant ce slogan. Le pouvoir n’est jamais facile à lâcher, une fois qu’on l’a. Tous les trucs sont mis à profit pour qu’on le garde. C’est la résistance devant l’échéance temporelle. Le terme est difficilement acceptable; et c’est ce qui amène à un tas de scénarios qui paralysent tout progrès de passation de pouvoir. Les personnages de ma génération savent bien se quoi je parle.
“J’y suis, j’y reste”. Le père lègue le pouvoir à son fils comme dans une filiation royale. Le fils le lègue à son fils; et en cas d’absence, il tripatouille la constitution. La pérennisation du pouvoir est à l’ordre. On va jusqu’en faire un héritage familial. Voire une dynastie inavouée à la Baby Doc. Des candidats députés affichent sans honte comme suppléants leurs propres enfants à défaut de leurs épouses ou nièces, neveux, oncles. Ce n’est pas nouveau. En cas vacance, le fils ou la fille sont titularisés. Il arrive qu’un député déchu soit remplacé par un proche parent. J’ai appris que dans une famille a eu lieu une altercation entre le père qui ne voudrait pas entendre parler de retraite et le fils ambitieux qui voudrait du siège du père. Comme l’ancienne legislation continue, le fils suggérerait pour enrichir son profil et son expérience que le paternel lui cède la fin de son mandat. Mais l’ombre du Père règne encore. Le meurtre du père avorte. Ce dernier propose une solution plus sage et plus réaliste: comme il bénéficie d’une base électorale relativement solide, il prendrait le fils et la grande fille comme premier et deuxième suppléants. Et la boucle se boucle.
Dans cestypes d'arrangements ne compte que la filiation, pas forcément la compétence ni l’idonéité. L’identité se résume à: “Fils de… ou Fille de…” Le népotisme est désormais la voie royale. La discrétion familiale de jadis a cédé la place à l’exubérance de l’opulence et de l’honneur terrestres. Et c’est ces avantages qui font qu’on s’accroche au pouvoir. Au nom de l’intérêt familial, bénéficier et faire bénéficier aux siens des biens communs deviennent la norme pratique à tous les échelons. Vivent alors les abus, l’incompétence, la léthargie des institutions, le désastre et la faillite totale, etc. Tout le monde le fait, pourquoi pas moi? Il est urgent de passer une loi interdisant ce genre d’abus. Comme on ne peut scier la branche sur laquelle on s’accroche, il ne faudrait pas attendre cette réforme de ceux-là qui en profitent et qui sont aux commandes.
“J’y suis, j’y reste”, ce n’est pas nouveau. Cela s’est vu, cela se voit, cela se verra.
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