29 novembre 2023. Réaction à chaud. Henry Kissinger, le tout-puissant secrétaire d'état américain vient de tirer sa révérence à 100 ans. Oui 100 ans d'une vie très active, pleine de succès mais aussi de controverses. Cet homme réputé très brillant a marqué notre enfance. Mes condisciples et moi suivions ses paroles et gestes avec une avidité inouïe. Il incarnait pour nous le génie politique par excellence au point d'éclipser ses présidents et d'autres super-puissants du monde. L'obtention du Prix Nobel de la paix - mérite ou noun selon qu'on est son partisan ou son adversaire - constitue une distinction qui montre la dimension planétaire de ce maître en diplomatie. Je ne crois pas qu'il y ait jamais eu au 20e siècle un diplomate plus impressionnant que cet homme. Parole de littéraire. Un modèle. Un inspirateur imbattable dont l'influence sur le monde a été considérable. Pendant très longtemps j'étais son fervent admirateur jusqu'au jour où j'ai découvert l'existence de son fameux rapport sur l'ordre du monde. Le Kissinger Report, disponible en ligne, date de 1974. Un travail cynique qui met les intérêts des États-Unis et des Occidentaux au-dessus pour une main-miss sur le monde tout en prônant l'élimination physique des populations inutiles (les races inférieures étant visées en premier). .J'ai perdu depuis ce jour-là l'appréciation grandiose dont il a joui chez moi pendant plus d'une trentaine d'années. Du héros incontesté au raciste froid et sans cœur, le piédestal a basculé dans ma conscience. Et même encore, quelques séquelles d'admiration sont restées malgré ma témérité de le bannir de mon esprit. Excellent analyste, Kissinger n'a fait que servir son pays. Je lui dis toutefois merci pour m'avoir édifié pendant une grande partie de ma vie. Il ne me revient pas de le juger, que son âme repose en paix.
30 nov. 2023
27 nov. 2023
Oubli ou omission
Il y a des erreurs qui se commettent dans la vie qui s'expliquent par l'oubli ou par l'omission. L'oubli est inconscient, mais pas l'omission. L'omission peut être conçue comme un oubli conscient. C'est une décision que l'on prend d'oublier ou d'annuler un élément. La semaine passée, contrairement à mes habitudes, j'ai omis de parler d'écrire sur des thèmes qui me tiennent à coeur, surtout en ce qui concerne les méandres politiques actuels. J'avais une opinion tranchée sur les candidats à la présidence de la RDC, mais je me suis retenu de l'exposer. J'ai failli céder à la tentation de la publier n'eût-été la vertu de la patience. "Patience et longueur de temps / font plus que force ni que rage", nous rappellent deux vers octosyllabiques de Lafontaine. Ni oubli ni omission: seulement patience. Ne sois pas pressé, jamais pressé, tu verras. La vérité des urnes est au bout du tunnel. Observe, observe, observe encore. Analyse littéraire, dira le critique. Parole de ma Muse oubliée.
23 nov. 2023
Docteur honoris causa
Depuis que le président Félix-Antoine Tshisekedi a été promu docteur honoris causa par l'Unikin, des gens me/se posent la question de savoir de quoi il s'agit au juste. Je crois que, dans ma position d'ancien directeur des études postgraduées (graduate studies), je suis bien placé pour répondre à cette question. Un doctorat universitaire comporte des formalités liées à un dépôt et à la défense d'une thèse académique; cette thèse constitue une étude originale qui marque un avancement dans ledit domaine de recherche. Un doctorat honoris causa par contre est une distinction octroyée par un institut universitaire pour honorer un individu qui a accompli des actions d'une valeur remarquable.
Une sorte de prix accordé pour reconnaître les mérites du récipiendaire. Lors des processions académiques, le Dr hc a le privilège de siéger, en toge ou costume officiel, parmi les docteurs de l'université qui lui octroie la distinction. Le confèrement de ce titre est l'aboutissement d'un ensemble de démarches qui varient selon l'institut décernante, mais dont la finalité demeure identique: concéder un une personne non liéé à l'institut des privilèges spéciaux, l'élever à la distinction d'excellence selon les règles qui régissent l'institut. Et à ce titre, l'institut l'adopte, le considère comme un membre, sinon son représentant aux yeux du monde entier. Les collègues de l'Unikin, ce faisant, couronnent les accomplissements du président congolais. Je me souviens que le président Mobutu en a reçu un de l'université de Harvard, la première fois que d'ailleurs j'entendais parler et de ce doctorat et de cette université. Je ne saurais dire en quelle année, la seule chose sûre est que j'étais au petit séminaire de Kalonda.
A l'Université des West Indies par exemple, c'est sur proposition d'au moins deux professeurs ou administratifs auprès du bureau du Vice-Chancelier qui, lors du Conseil de Nomination de l'Université, en décidera. Un dossier contenant le CV du récipiendaire ainsi que diverses recommandations est requis: il est déposé par une faculté auprès du comité du nomination du campus des défenseurs de la cause avant d'être transmis, après approbation, auprès de l'Université. Bref, entre Département, Faculté, Comité de nomination du campus, Comité de nomination de l'Université, cette démarche peut prendre une année ou plus avant d'aboutir. La sélection est rigoureuse car elle engage l'intégrité de l'université. C'est un contrat de prestige gagnant-gagnant entre l'université et le récipiendaire qui peut être une personne du sport, des affaires, des sciences, des arts, de la politique ou du monde social. Un individu (même déjà docteur à thèse) peut obtenir autant de doctorats honoris causa que possible de différents instituts académiques.
Avis partagés sur les élections en RDC
Les avis sont partagés sur la capacité Tshisekedi de gagner un deuxième mandat et sur l'identité du candidat commun de l'opposition Moise Katumbi. Tshisekedi dispose de son arsenal gouvernemental et législatif de l'Union sacrée tandis que Katumbi peut compter sur les apports de ses partenaires et alliés. Quelles sont les chances de Martin Fayulu, le président élu de 2018, pour rééditer son précédent exploit s'il en était un? Très peu à voir la configuration actuelle des cartes, cependant une coalition avec d'autres canditdats de poids pourrait faire la différence. Un retournement de dernière minute pourrait aller en sa faveur car tout reste encore possible. Tout cela si les élections sont crédibles et transparentes. Les faiblesses ou échecs du leadership de Tshisekdi sont exposés par ses opposants: trop de promesses non tenues, amateurisme, tribalisme, gabegie, corruption, complicité dans les pillages des ressources minières, etc. L'opposition n'offre jusque là pas encore de stratégies d'alternatives convaincantes pour gagner le pouvoir. De Katumbi bien qu'il s'en défende, une certaine opinion persiste à dire qu'il détient ou a détenu trois passeports, donc trois nationalités avec des noms différents. Les adversaires ne manquent pas d'exploiter cette faille identitaire. Le candidat, quant à lui, s'appuie sur ses réalisations comme gouverneur du Katanga pour revendiquer la magistrature suprême. Apparemment, il serait le seul à affronter avec une certaine chance le tout-puissant président sortant. Et Fayulu, pourquoi pas? C'est le parfait outsider, la carte gagnante du Jungle Bridge. Attendons voir.
Autre problème, le non-tenue des élections dans Rutshuru et Masisi pose problème car elle ouvre une voie à la balkanisation du pays étant donné que ces deux régions sont convoitées et actuellement occupées par le M23. Ne faudrait-il pas prolonger le mandat des anciens élus de ce coin et réorganiser les élections plus tard? Que les politiques s'y penchent. Cette faille sera sans aucun doute utilisée par les pays voisins pour réaliser leur projet d'occupation. Le piège de ce dilemme consiste à jouer le jeu des envahisseurs. L'occasion, si l'on y prend garde, serait propice pour consolider la partition du Grand Kivu au profit des étrangers. Ce problème mérite d'être mûrement examiné et clarifié. Parole de littéraire!
Que les avis soient partagés, c'est une bonne chose. Signe que les Congolais réfléchissent sur le sort de leur pays et proposent des solutions. Signe aussi d'esprit démocratique car chacun a la liberté de solliciter le suffrage populaire ou de voter pour le candidat de son choix. Que les élections reflètent la voix du peuple, tel est le voeu à émettre au détriment d'un tripatouillage du scrutin. Meilleurs voeux à mes parents, amis, collègues et connaissances candidats à différents postes de ces élections. Qu'au-delà de la diversité des uns et des autres règne l'unité de la Nation Kongo. Parole de patriote!
22 nov. 2023
RDC: Lancement de la campagne électorale
Depuis le 19 novembre 2023 la campagne a été officiellement pour les élections présidentielles et législatives en RDC. Les tenors ont été très actifs. Le président sortant a lancé la sienne au Stade des Martyrs, misant sur son bilan et surtout sur sa détermination d'achever le travail commencé. L'opposition brandit les irrégularités observées dans le ficher électoral ainsi que la gestion des déniers publics alloués à la CENI. Tout en dénonçant la non-indépendance de la commission électorale vis-à-vis du pouvoir en place, elle déplore l'irréalisme des échéances et le manque de transparence et les incohérences dans différents mécanismes électoraux: machines à voter, kits, moyens de distribution, etc. A croire que toutes les conditions ne sont pas réunies pour des élections libres et transparentes. C'est l'heure des attaques directes sur chacun des candidats de la part de leurs adeptes. Il y aurait des candidats de l'étranger. C'est aussi l'heure de diffuser des slogans et de louer sur écrans géants les réalisations du Président candidat à sa ré-élection contesté par ses pairs. "Il a sauvé la RDC" des invasions étrangères, de Kagame et du Rwanda. En fait, tout est mis en place pour la ré-élection du Béton National. Tout semble verrouillé.
A Kenge, pas plus que ce lundi passé, mon cousin le maire de la ville a interdit au candidat président Sesanga d'utiliser la Tribune pour son meeting, mais il a permis le mardi au ministre Kamhere de tenir son discours sur cette esplanade. Deux poids deux mesures. Les marges de manoeuvres sont limitées pour les candidats de l'opposition: on hésite pas à leur compliquer les choses. Sesanga a dû aller au Désert pour ceux qui connaissent Kenge, et Kamhere a eu les honneurs de la Tribune. De telles traitements et scènes se répéteront à travers le pays selon que les gestionnaires du pouvoir seront du pouvoir ou de l'opposition.
L'autre jour, un collègue professeur barbadien retraité rencontré dans un supermarché s'est empressé de me demander pourquoi Mr Denis Mukwege était candidat à la présidence. "Ce monsieur, très respecté et honoré par la communauté internationale en tant que médecin, va salir sa réputation en entrant en politique. Il est déjà au sommet de la réputation avec son Prix Nobel. Que cherche-t-il encore comme président? Bon médecin ne veut pas forcément dire bon président." Je lui ai dit que j'étais mal placé pour répondre à une telle question. Cela m'a rappelé une réflexion d'un passager du Bus Bodi Batu. Il se demandait pourquoi Mr Kalenge se présentait comme candidat à la députation nationale alors qu'il est un excellent gestionnaire de sa compagnie de transport. Pour ce monsieur qui a un certain âge, il est évident que c'est une erreur. Je m'arrête à ce deux cas pour amorcer une courte réflexion et essayer de déchiffrer l'ambiance dans laquelle se développent ces insolites ambitions. Il faudrait forcément être de ce pays pour comprendre ses situations.
La politique offre d'énormes possibilités de pouvoir sur tous les plans. En plus du salaire et de l'enrichissement faramineux, elle permet de soumettre les hommes en les manipulant dans les sens de son tempérament, de se mettre au dessus-de la mêlée, d'exploiter impunément les rouages des interdits et des lois, de s'imposer sur d'immenses quantités d'hommes et de femmes. Ce pouvoir de domination meut l'homme congolais. Professeurs d'université ou du secondaire, magistrats, avocats, médecins, musiciens, comédiens, artistes, écrivains, journalistes, animateurs sociaux, fonctionnaires - la liste est longue - tous se ruent vers cette manne qui tombe du ciel, oubliant leurs talents naturels au profit d'un métier mal réputé mais rémunérant et lucratif en termes d'influence et d'espèces sonnantes. C'est finalement le seul métier qui met à l'abri de la pauvreté. Le seul qui paie. Accumuler des fortunes rien qu'en allant dormir ou ronfler aux assises parlementaires, sans rien apporter de constructif pour le pays. L'engouement pour les 21 000 dollars de salaire mensuel est tel que chacun, même et surtout le plus incompétent, sollicite la députation nationale. La finalité de la vie, on dirait, c'est de faire la politique.
18 nov. 2023
C'est fini avec George Weah au Liberia
17 novembre 2023. Le peuple a décidé au Liberia après un second tour qui a fait la différence. Monsieur George Weah a concédé sa défaite avec fairplay. Pendant son mandat, il n'a pas rempli sa mission ni les attentes de ses électeurs qui l'ont remis à sa place. Excellent footballeur mais piètre président. Le peuple libérien a tranché. Le nouveau président, c'est le vétéran Joseph Boakai, 78 ans. Une page est tournée. George Weah c'est fini. Vive la démocratie. Respect!
Une leçon à suivre! En Afrique les présidents ont tendance à s'accrocher au pouvoir comme s'ils étaient nés pour l'être à vie. Avec des bilans négatifs ou mitigés, ils ne cèdent jamais, tripatouillent la constitution et les règles démocratiques pour leurs intérêts personnels au lieu de viser le bien suprême. Souvent ils prétendent qu'ils incarnent les aspirations alors même qu'ils pillent les ressources du pays, sèment l'insécurité à défaut de défendre l'intégrité territoriale et de développer le pays. Tribalisme, népotisme, injustice, chômage, pillage, enrichissement illicite, corruption, gabegie, malversations financières, paupérisation de la population, etc. Voilà l'horrible bilan qu'ils affichent scandaleusement au lieu de travailler pour leur peuple, et avec ça, tout en ignorant prenant leurs compatriotes en otage, ils briguent et accumulent des mandats interminables. Les Liberiens ont dit leur dernier mot: Weah out. Boakai yes! Congratulations Mr President-Elect. Une passation de pouvoir sans ambiguité: Vive la démocratie. Vive le Liberia !
15 nov. 2023
Palestiniens et Juifs: Entente impossible
C'est commse si c'était inscrit dans le Coran et la Bible que ces deux peuples ne pourraient jamais s'entendre ni cohabiter pacifiquement sur ce territoire dont ils revendiquent l'origine. Tout les oppose. La religion, la culture et l'histoire quoiqu'une observation attentive montre d'incroyables similitudes dans leurs us et coutumes. Ils sont certes différents, mais très proches dans leurs comportements et approches des réalités du monde. Cette haine viscérale qui les marque réciproquement est fondée sur un héritage commun dont ils se disputent la propriété. Jérusalem Ouest mais il y a aussi Jérusalem-Est. Juifs, mais il y a aussi des Arabes en Israël. Impossible de les séparer ni de les anéantir quoique des efforts pour les museler et les faire disparaître existent. La Bande de Gaza est et a toujours été une poudrière depuis la création de l'état d'Israel. La cohabitation n'a jamais été pacifique, et au vu de ce qui s'y passe à chaque décennie je doute qu'elle le sera jamais un jour. "Israel a le droit de se défendre", tel est le slogan que proclament les Américains et leurs puisants alliés pour soutenir la cause d'Israël. Ce discours-là maintient l'existence et la survie d'Israel. Le Hamas se présente comme une bande des terroristes dont le seul but est de défendre leur terre natale en tuant leur plus des Juifs possible. Difficile pour un outsider de comprendre ce qu'il en est car il y a beaucoup de pesanteurs idéologiques et ethniques qui les séparent. Comment imposer la paix sur ce territoire du Moyen Orient demeure une énigme qui dépasse les efforts entrepris jusque là. L'ONU dénonce un carnage qui s'opère actuellement à Gaza. On ne sait pas jusqu'où ca ira. Le monde entier observe, ahuri et impuissant de maîtriser la fougue des Israëliens qui cherchent à libérer les ôtages à tous prix. Et tous les moyens sont mis en oeuvre pour atteindre ce but. Le Hamas accuse Israël d'être responsable de tous les maux et désastres. Il ne faudrait pas oublier les extrémistes où ultra-orthodoxes de tout bord. Tout le monde parle de paix, vise la paix, mais n'a pas le même agenda, ne met pas les moyens pour y arriver. Il y aura après les présentes atrocités un temps d'accalmie, puis le cycle infernal de la violence reprendra.
13 nov. 2023
12.11 Deux enterrements
Hier 12-11-23 ont été enterrés à Kinshasa deux proches - un oncle et un aîné - décédés de courte maladie. Papa Rigobert Mwangu, frère cadet de l'abbé Fidèle Pindi, je ne l'ai plus vu depuis plus de 40 ans. J'ai par contre revu Ya Sylvain Matensi aux obsèques de ma nièce Alida. Ce dernier etait le frère ainé de mon ami d'enfance Tryohon. Ainsi se boucle la boucle. Paix éternelles à leurs âmes!
11 nov. 2023
Deux événements mémorables
Peut-être oubliés par certains pour ne les avoir pas vécus, ces événements demeurent en moi, dans mes souvenirs.
Kenge, 12 novembre 1972. Le premier, il y a 51 ans, c'était l'ordination sacerdotale de l'abbé Kapende Swa Yamfu à Kenge, par Mgr François Hoenen. Le première ordination à laquelle j'assistai de ma vie. J'ai déjà plusieurs fois évoqué cet évenement dans ce blog. J'ai vu Kapsy à la Procure de Kenge en septembre 23. Sa santé a sérieusement décliné. Devenu totalement dépendant, Kapendson qui nous a tant fait rêver, passe difficilement ses vieux jours. Agé de 77 ans, il mérite une attention particulière de la part de ceux et celles qu'il a formés spirituellement et humainement. Ses prédications légendaires, sa tenue impéccable, son sens du verbe poétique spécialement pour moi littéraire, son intégrité lui ont valu l'estime et l'appréciation de nous tous. Quel grand humoriste Mr M'Khetu Toma Ku Nzo M'Kwenu Nsinga N'situ! Très peu se souviennent sans aucun doute de ce sobriquet pamphlétaire auquel lui répondait M'Tukidi Mayanda. Cela se passait entre 82 et 87. Que des souvenirs! Smile awhile Mbuta Mutu en ce jour béni!
Kalonda, 12 novembre 1978. Le second, il y a 45 ans, l'ouverture officielle du grand séminaire St Augustin de Kalonda, par Mgr Lubaki, alors évêque co-adjuteur de Matadi et président de la CEPKIN. Nous sommes en 78. Faustin Mampuya et moi venons de commencer notre régence au petit séminaire de Kalonda. Dans un esprit de proximité, les évêques du Bandundu - menés il faut le souligner par Mgr M'Sanda - ont décidé de créer ce philosophat, rompant ainsi la tradition d'envoyer des séminaristes du Bandundu à Mayidi. On nota l'absence de plusieurs évêques... Soit! La maison régionale déplacée à Ngondi et l'ancien juvénat SVD constituèrent le premier site d'installation en attendant que le petit séminaire ne vide progressivement les lieux les années suivantes. Les abbés Dosithée Ndoyi (+) et Jean-Valère Mbuluku furent les pionniers de cette aventure historique qui continue jusqu'à ce jour. Missionnaires SVD, formateurs des petit et grand séminaires partagèrent cet espace commun dans une convivialité remarquable. Cette pépinière a formé quelques centaines de prêtres et autres intellectuels en activité au pays et dans le monde. Il serait souhaitable qu'un historien de l'église retrace les débuts de ce grand et retrace la contribution de Kalonda à l'édification de l'église.
Les deux événements sont liés étant donné que l'abbé Charles Kapende était le directeur du petit séminaire alors que s'érigeait le grand sur le même site. Félicitations à l'abbé Kapende pour ses 51 ans de sacerdoce. Rendons grâce au Seigneur pour les 45 années d'existence du grand séminaire de Kalonda.
9 nov. 2023
Migration, immigration, émigration?
Oui migration, immigration, émigration riment souvent avec mort, humiliation, esclavage, expulsion. C'est en fait le cycle de la violence. Je m'explique. On a constaté des déplacements massifs de population suite à la guerre, la désertification ou encore à l'invasion capitaliste. Des milliers des personnes, pour la majorité des jeunes en quête de mieux-vivre, quittent leurs pays pour l'eldorado occidental ou oriental. De l'arrivée à leur établissement au cas où ils ne seraient refoulés à la frontière, ils affrontent des types inouïs de violence. Aucun pays, en dépit des discours officiels, ne les accueille à bras ouverts. Les risques pris pour contourner ces heurts sont périlleux, inhumains et exceptionnels. Quoique des procédures d'accueil soient en place, ils sont souvent victimes de toutes sortes d'humiliants sacrifices, à la limité de l'animalité. Des bouches commencent à se délier sur ces atrocités longtemps tues pour ne pas ternier l'image des pays-hôtes.
La violence contre l'étranger est devenue naturelle: on l'exploite, on l'expulse, on l'extermine. L'étranger c'est l'esclave, le mal-aimé qui est la source de tous les malheurs qui surviennent dans le pays-hôte. Il faudrait l'abattre avant qu'il prenne la décision de vous tuer. Principe de guerre anticipée et d'auto-protection programmée. On s'entretue pour un lot de terre. Tue-moi ou je te tue. Cette loi de la prédation humaine qu'est la guerre se concrétise sous plusieurs concepts pacifistes et certaines organisations internationales officiellement connues. N'est servi que l'intérêt du plus fort qui se trouve au-dessus de la loi. Pour moi qui ai plus de la moitié de ma vie hors de mon pays natal, je sais de quoi je parle, je sais quelles stratégies monter pour survivre avec une relative décence. "Le mal du pays" vous suit où que vous alliez cacher votre misère.
Pas plus tôt ou tard que hier, le Sénat français a durci les conditions d'octroi des séjours en France afin de faciliter les possibilités d'expulsion des étrangers en situation irrégulières ou dont les dossiers d'asile n'aboutissent pas. Ma compréhension. Corrigez-moi car j'ai l'art de mal comprendre certains illogicismes qui résistent à mon entendement. Bref, la France a besoin de la main-d'oeuvre étrangère, les inutiles ne l'intéressent pas, ils sont expulsés souvent manu militari. Quelle humiliation! Tout cela pour avoir cherché à vivre et travailleur dans ce pays.
Pas plus tôt ou tard qu'une semaine, je me trouvais à Madrid Airport. Une foule de jeunes sénégalais amassées dans la zone de transit. Voulant me renseigner sur ma connexion, on m'assimile à ces jeunes gens ignorant la sagesse de ma calvitie. J'ai dû forcer le passage pour que l'agent d'Iberia m'accueille, et me réserve ma chambre à Airport Suites. Le temps de l'attente m'a permis de socialiser avec ces jeunes qui tous voyageaient vers Nicaragua. Les portes de la France étant devenues hermétiques, une autre s'est ouverte du côté des Américas pour l'eldorado américain. L'aventure du déplacement intercontinental se poursuit, se poursuivra tant que la situation économique et politique ne s'améliorera pas en Afrique. Ce que Djouf confirme: "Il n'y a pas d'avenir pour les jeunes au Sénégal. Pas de travail. Pas de vie. Seule solution: partir. Nous sommes des nomades, émigrés traditionnels en mouvement perpétuel. Nos arrières grands-parents ont construit l'Europe, nous continuons leur mission à notre manière, etc. "
Aujourd'hui, je suis là à m'interroger sur le bonheur du bercail. Vaut-il mieux de profiter des avantages socio-économique qu'offre l'exil que de retourner travailler au pays natal? Cette question ne se pose plus pour moi, mais pour les personnes en actvité. J'ai choisi l'émigration. J'ai fait le choix de travailler à l'étranger pour raison de commodité personnelle. Dans mes conditions, il m'aurait été difficile, voire psychologiquement ou émotionnellement impossible, de m'épanouir au pays natal. Néamoins, sentant le mal du pays, j'y retourne depuis quelques années pour y exécuter ce que je sais le mieux faire: enseigner. "Insuffisant", me dit mon pourfendeur. A chacun de faire sa part pour le pays.
5 nov. 2023
Adieu Henri Lopes
Avec une grande douleur, je viens d'apprendre hier la mort de l'écrivain congolais Henri Lopes. Écrivain de grand talent, Lopes était surtout un homme très simple. Solennel dans son rôle de diplomate chevronné et surtout fin homme politique. J'ai l'immense plaisir de passer une semaine à ses côtés et son épouse elle aussi d'heureuse mémoire à Pointe-à-Pitre à l'édition 2006 de la foire du livre. C'était une excellente rencontre dont je garde des souvenirs inoubliables.
Pour la petite histoire, sans le savoir ni le vouloir, j'avais eu en 1982, l'occasion de rencontrer son père biologique à Maluku. Il m'était présenté comme étant le père d'un ancien premier-ministre du Congo-Brazzaville appelé Henri Lopes. A l'époque, j'étais secrétaire à l'évêché de Kenge. Je voyageais de Kinshasa vers Kenge dans la jeep du Fr Hans Krögner alors chargé des élevages à Kolokoso. Ce dernier entretenait des relations d'affaires avec le père d'Henri Lopes. Je n'oserai pas affirmer qu'il s'appelait aussi Lopes. Il nous a reçus dans son belle propriété sur les bords du fleuve Congo. L'escale a duré un peu moins d'une heure. Voilà que la vie dans son parcours compliqué a fait que je fasse des études de littérature française et me retrouve enseignant à l'université des West Indies, Barbados. Comme je me suis spécialisé dans la littérature africaine et caribéenne, j'ai eu l'honneur de représenter notre campus à la Foire du livre de Guadeloupe en 2006, où j'ai cotoyé René Depestre et Henri Lopes, Simone et André Schwarz-Bart, ou encore James et Emelie Prophète. Etant logés dans le même hôtel au Gosier, nous avions eu plusieurs occasions de communiquer et de socialiser.
Le nom d'HL est familier dans ce blog. Je l'ai évoqué à plusieurs reprises. Par exemple, en décembre 2014, j'ai écrit un pamphlet lorsqu'il a raté le poste de secrétaire général de l'OIF alors que tous les sondages le donnaient gagnant. Voilà entre autres ce que j'ai publié à son sujet.
"Lopes. Un homme fascinant à plusieurs égards. Simple, élégant, noble, Henri appartient à la catégorie des gens qui ont embrassé la politique par souci de servir leur nation. Il l'a fait et continue à servir son pays. Ministre, premier-ministre, directeur-général adjoint de l'UNESCO, ambassadeur, Henri Lopes demeure un homme exceptionnel et digne de foi. Un des rares politiciens que je respecte, parce qu'il est un littéraire comme moi. Notre rencontre à la Foire du Livre de Pointe-à-Pitre en 2006 m'est restée mémorable car, ne l'ayant jamais approché auparavant qu'à travers ses écrits, j'ai découvert un homme au grand coeur et sympathique. Sa défunte épouse était présente. Paix à son âme! Je me souvierns particulièrement du dîner pris ensemble chez André et Simone Schwartz-Bart. C'est par devoir d'amitié et d'appréciation personnelle que j'ai publié un article "Henri Lopes" dans The Encyclopaedia of Africa and the Americas (Santa Barbara, 2008)"
J'ai déjà parlé du récit anecdotique qu'il m'a racontée à propos du remplacement de la langue française dans les écoles primaires. Il était ministre de l'éducation ou de la culture dans les années 70, lorsque pris par l'engouement qui embrasait les esprits des intellectuels de l'époque, il a décidé de faire campagne pour l'adaptation des langues africaines dans le système éducation congolais. Alors qu'il parcourait des villages pour sensibiliser et faire campagne sur cette idée très révolutionnaires, le jeune ministre fut abordé par un monsieur d'un certain âge. "Tu es ministre parce que tu as appris le français, parce que tu as fait tes études en français. Tu demandes donc à mon fils d'effectuer ses études en langues africaines. Donc mon fils ne sera jamais ministre." Cette remarque sonna le glas de la révolution que le jeune ministre de l'éducation avait entreprise avec enthousiasame et zèle. Modèlée à l'image fascinante du colonisateur, la population congolaise n'était pas prête à accepter cette réforme scolaire. Un problème très sérieux et actuel lorsque l'on considère l'impact négatif de la francophonie sur la survie des langues colonisées.
Après la foire du livre, j'ai certes eu contact avec lui par des amis communs ou des personnes interposées. Combien de fois j'ai reçu des invitations de me rendre à l'ambassade de la RPC si jamais je me trouvais à Paris? Comme par coïncidence, j'ai une fois voyagé avec sa secrétaire dans un train entre Stuttgart et Ulm. Une dernière par la prof. Lydie Moudileno. Le contact était là, mais nous nous sommes plus rencontrés. Mais je garde des souvenirs de récits entendus de lui et de son épouse. Cette dernière aurait connu Wemba à Brazza aux premières années de sa carrière musicale. J'ai retenu que de l'auteur de Pleurer-rire qu'il est né à Léo, qu'il a grandi à Brazza, et qu'il a fini son école primaire à Bangui avant de revenir à Brazza d'où il obtenu une bourse d'études d'histoire en France. Qu'il parlait le sango, le lingala et le kikongo verso Congo-Brazza. Avec moi, nous parlions surtout français, mais son lingala n'était pas mauvais. C'était des retrouvailles au coeur de notre Congo commun en pleines Antilles. Du moins je garde de lui quelques observations remarquables sur la vie culturelle et politique de l'Afrique, sur la corruption et sur quelques individus comme Tchicaya U Tam'si ou René Depestre avec lesquels il a collaboré à l'UNESCO. Et même le plaisir de discuter avec deux écrivains majeurs de la littérature africaine et caribéenne. Il m'a aussi parlé de Tierno Monenembo comme de Sony Labou Tansi comme des proches. Merci H Lopes de m'avoir montré ta face humaine et ta simplicité admirable. J'ai entendu quelques critiques négatives de la part de quelques collègues lorsqu'il était ambassadeur, mais je crois que nul n'échappe au destin de son métier. Et nul n'est bon avec ou pour tout le monde.
Adieu Henri Lopes. Repose en paix! Que tes oeuvres parlent pour toi maintenant que tu es parti, car un artiste ne meurt. Puis la terre de nos ancêtres t'être douce et suave. L'Afrique gardera de toi une mémoire considérable.
3 nov. 2023
L'esclavage moderne
Un monsieur rencontré par hasard dans un aéroport m'a surpris en parlant d'esclavage moderne au lieu de parler d'esclavage tout court. Les formes de l'esclavage sont fondamentalement les mêmes quels que soient les temps historiques. C'est le complexe de supériorité ou d'infériorité qui justifie que le plus fort impose sa loi au plus faible. L'inférieur sert le supérieur. Cette hiérarchisation de la société a créé les castes et les classes sociales. Le roi s'impose à tous parce qu'il est un être qui se place au-dessus de la loi quoique la société lui concède seulement quelques droits limités ou étendus. Monarchie constitutionnelle ou et parlementaire, des astuces pour camoufler la puissance imparable du roi. En fait, les chefs de l'état jouissent du même principe régalien dans les territoires qu'ils président. Moderne ou traditionnel, l'esclavage obéit aux mêmes principes de sujetion de l'autre à sa puissance. Le Blanc exploite le Noir et ses richesses; le Noir va chercher l'eldorado chez le Blanc, modèle du développement tel que défini par les agences gouverneentales ou onusiennes. Entre le Noir, au bas de l'échelle sociale, et le Blanc au sommet de cette même échelle, se situent les autres races intermédiaires. Comme quoi le plus fort exploite le plus faible. Ce n'est pas aujourd'hui ni demain que cela changera. La dialectique du maitre - esclave jadis attribuée à ou soutenu par Hegel est une réalité. Elle fonctionne de tout temps comme l'explication la plus rationnelle de l'inégalité humaine. La conviction que les hommes sont inégaux fait partie des stéréotypes indécrottablez de l'esprit humain. Tous les hommes ne sont pas égaux; la réalité le démontre. Que tous les hommes soient égaux relève de la naïveté. Tout ce que le monde endure en termes de guerre, de conquête, d'invasion, de migration ou même de simple mutation professionnelle relève de cette dynamique.