Oui migration, immigration, émigration riment souvent avec mort, humiliation, esclavage, expulsion. C'est en fait le cycle de la violence. Je m'explique. On a constaté des déplacements massifs de population suite à la guerre, la désertification ou encore à l'invasion capitaliste. Des milliers des personnes, pour la majorité des jeunes en quête de mieux-vivre, quittent leurs pays pour l'eldorado occidental ou oriental. De l'arrivée à leur établissement au cas où ils ne seraient refoulés à la frontière, ils affrontent des types inouïs de violence. Aucun pays, en dépit des discours officiels, ne les accueille à bras ouverts. Les risques pris pour contourner ces heurts sont périlleux, inhumains et exceptionnels. Quoique des procédures d'accueil soient en place, ils sont souvent victimes de toutes sortes d'humiliants sacrifices, à la limité de l'animalité. Des bouches commencent à se délier sur ces atrocités longtemps tues pour ne pas ternier l'image des pays-hôtes.
La violence contre l'étranger est devenue naturelle: on l'exploite, on l'expulse, on l'extermine. L'étranger c'est l'esclave, le mal-aimé qui est la source de tous les malheurs qui surviennent dans le pays-hôte. Il faudrait l'abattre avant qu'il prenne la décision de vous tuer. Principe de guerre anticipée et d'auto-protection programmée. On s'entretue pour un lot de terre. Tue-moi ou je te tue. Cette loi de la prédation humaine qu'est la guerre se concrétise sous plusieurs concepts pacifistes et certaines organisations internationales officiellement connues. N'est servi que l'intérêt du plus fort qui se trouve au-dessus de la loi. Pour moi qui ai plus de la moitié de ma vie hors de mon pays natal, je sais de quoi je parle, je sais quelles stratégies monter pour survivre avec une relative décence. "Le mal du pays" vous suit où que vous alliez cacher votre misère.
Pas plus tôt ou tard que hier, le Sénat français a durci les conditions d'octroi des séjours en France afin de faciliter les possibilités d'expulsion des étrangers en situation irrégulières ou dont les dossiers d'asile n'aboutissent pas. Ma compréhension. Corrigez-moi car j'ai l'art de mal comprendre certains illogicismes qui résistent à mon entendement. Bref, la France a besoin de la main-d'oeuvre étrangère, les inutiles ne l'intéressent pas, ils sont expulsés souvent manu militari. Quelle humiliation! Tout cela pour avoir cherché à vivre et travailleur dans ce pays.
Pas plus tôt ou tard qu'une semaine, je me trouvais à Madrid Airport. Une foule de jeunes sénégalais amassées dans la zone de transit. Voulant me renseigner sur ma connexion, on m'assimile à ces jeunes gens ignorant la sagesse de ma calvitie. J'ai dû forcer le passage pour que l'agent d'Iberia m'accueille, et me réserve ma chambre à Airport Suites. Le temps de l'attente m'a permis de socialiser avec ces jeunes qui tous voyageaient vers Nicaragua. Les portes de la France étant devenues hermétiques, une autre s'est ouverte du côté des Américas pour l'eldorado américain. L'aventure du déplacement intercontinental se poursuit, se poursuivra tant que la situation économique et politique ne s'améliorera pas en Afrique. Ce que Djouf confirme: "Il n'y a pas d'avenir pour les jeunes au Sénégal. Pas de travail. Pas de vie. Seule solution: partir. Nous sommes des nomades, émigrés traditionnels en mouvement perpétuel. Nos arrières grands-parents ont construit l'Europe, nous continuons leur mission à notre manière, etc. "
Aujourd'hui, je suis là à m'interroger sur le bonheur du bercail. Vaut-il mieux de profiter des avantages socio-économique qu'offre l'exil que de retourner travailler au pays natal? Cette question ne se pose plus pour moi, mais pour les personnes en actvité. J'ai choisi l'émigration. J'ai fait le choix de travailler à l'étranger pour raison de commodité personnelle. Dans mes conditions, il m'aurait été difficile, voire psychologiquement ou émotionnellement impossible, de m'épanouir au pays natal. Néamoins, sentant le mal du pays, j'y retourne depuis quelques années pour y exécuter ce que je sais le mieux faire: enseigner. "Insuffisant", me dit mon pourfendeur. A chacun de faire sa part pour le pays.
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