12 janv. 2024

Le ridicule ne tue plus

Le ridicule ne tue pas, il ne tue plus. A-t-il jamais tué? À considérer l'histoire comme elle marche, on en est là. On constate que le monde évolue selon sa propre dynamique, indépendante de nos attentes ou prévisions. On se retrouve là à assumer des situations inédites, à gérer des conflits imprévus ou à affronter des contradictions inavouées. Nous sommes finalement tellement habitués aux crimes, viols et vols que nous avons fini par les accepter, voire justifier, comme d'inévitables ingrédients de notre vie. Hier, j'étais estomaqué de voir une vidéo dans laquelle un motard transportant un cercueil a vu sa moto percutée et le cadavre renversé sur l'asphalte. Quelle scène macabre! Du jamais vu. En plein Kinshasa. Les passants riaient aux éclats au lieu d'apporter secours au malheur motard. Questions: D'où venait-il? Qui était ce cadavre? Où aillait-il avec ce fardeau insolite? Comment les autorités de l'état peuvent-elles autoriser un tel transport dégradant pour des morts?Et les pompes funèbres qui pullulent dans la ville?  Et la famille? ...  Nous sommes au fond de la décrépitude morale et mentale. Quel pays où le respect des morts est banni. 

Une telle scène qui ne respecte pas la dignité humaine montre le degré d'inhumanité qui gangrène à tous les niveaux la société congolaise actuelle. Je sais que les motos rendent d'énormes services dans nos villages... des morts sont transportés vers les villages pour y être enterrés. Des cercueils sont transportés des villes vers la campagne pour assurer un enterrement décent à nos défunts avec un minimum de respect toutefois dû de la part des vivants aux morts. Les situations sont diverses. La pauvreté ne peut pas nous empêcher de nous acquitter de nos devoirs fondamentaux. La dignité humaine doit être préservée à tout prix. Face à la mort l'apparat et le décor de la richesse ne comptent pas. Juste le respect et l'hommage dus aux morts! Je ne suis pas non plus pour des enterrements  prestigieux coûtant des millions alors que rien n'était fait du vivant se la personne décédée. De la mesure, car elle fonde toute vertu, disait Séneque. 

Au-delà de ces scènes que je juge macabres, il y a une réflexion plus profonde  à tenir sur les valeurs qui régissent actuellement le monde. Le violeur ou voleur est encensé et acquitté, et sa victime vilipendée et incarcérée. L Une grave crise mentale secoue le monde. Un chaos moral remplace les vertus. Le règne de l'insolite et du grotesque bat son plein. Le triomphe du scatologique et de la démesure est percu comme un réussite. Le monde est complètement à l'envers ou le juste est condamné à la perdition. Cette réflexion pourrait s'étendre à d'autres domaines tout aussi chaotiques de notre vie. La perte des repères est totale. Ne me parlez pas de la politique ni des valeurs fondamentales comme l'honnêteté, la rigueur, la mesure. Même là, surtout là, le ridicule ne tue plus. Vous avez dit démocratie? Rendez ce concept à ses concepteurs car il ne s'applique pas à l'Afrique. Pas du tout ou pas encore? À vous de juger. 

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