Lorsqu'il y a près de vingt-cinq aujourd'hui, je partais du Zaïre pour des études à Fribourg, un oncle s'est écrié: Vaut-il vraiment encore la peine de réfléchir dans ce pays? Penser est impossible dans les conditions où nous nous trouvons au Zaïre. Vous aurez au moins un avantage, celui de vivre pour quelques années loin de nos réalités inconsistantes.
Je ne crois pas avoir connu dans ma vie un homme aussi pessimiste. Ses réflexions sur la politique de Mobutu étaient entachées de haine et de rancoeur. Le Grand Léopard le répugnait. L'oncle n'appréciait ni sa verve oratoire, ni son mode de gouvernance, encore moins son accoutrement d'histrion. A force de vivre dans ce pays, disait-il, on finit par devenir fou.
Pourtant, lors des pillages de 91, le même oncle réputé rigoureux et intransigeant a été pris en flagrant délit de vol de quelques produits de valeur. Aussi, clamait-il à qui voulait l'entendre: "Moi, je ne volerais jamais des miettes. S'il m'arrivait de voler un jour, tout le monde me donnerait raison et s'écrierait, admiratif, que j'ai vraiment volé". Vaut-il la peine de voler?
Abdoulaye Wade au Sénégal nous boucle le clapet. Il n'est pas fou, il défendra ses intérêts jusque dans la tombe. Ce n'est pas Juppé ni Clinton qui lui dicteront quoi que ce soit. Il a peut-être raison, mais jusques à quand abusera-t-il de notre patience?
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