Dans la mémoire collective des Congolais de mon âge le 24 novembre est une date inoubliable et significative. Inoubliable parce qu'elle a marque notre enfance d'une façon indélébile. Significative parce que la montée du président Mobutu a bon gré mal gré touché la vie de chacun de nous. J'étais à peine revenu de Makiosi à Kenge pour ma troisième primaire le glas sonna pour Joseph Kasavubu renversé par Mobutu. Enfant, je trouvai l'acte méchant mais par après je finis par m'y habituer. Quelques mois plus tard, je me retrouvai à Kin peu après la pendaison de ceux qui furent appelés les martyrs de la Pentecôte. Là alors ma peur d'enfant terrorisé par la violence de ce soldat qui se présentait tous les jours à la radio pour annoncer ses messages propagandistes - c'est ce que je croyais - atteint un autre niveau. Mes compagnons de jeux à Kinshasa ne trouvaient pas mieux que de le vouer à l'enfer. Je vivrai l'épisode du CVR à travers les chants. Je me souviens des pratiques de défilés devant le bureau administratif pour sa venue annoncée à Kenge qui n'a jamais eu lieu. Par contre, je le vis à Léopoldville accompagnant les présidents Jean-Bedel Bokasa et François Tombalbaye, escorté par l'impressionnante garde républicaine. A cette époque, le général Mulamba était premier ministre. Puis vint le MPR, événement par excellence de la dérive dictatoriale et de la déchéance économique. Du Manifeste de la NSele à l'avénement du Parti-Etat, en passant par la zaïrianisation et l'authenticité mobutistes, nous avons été servis de tous les schémas du pouvoir. De nombreux ouvrages, films, livres, audio, etc. ont été publiés sur cet homme qui se croyait exceptionnel mais ont le destin termina comme un torchon de feu. Les nostalgiques gardent le souvenir du Grand Zaïre comme les aigris de ce régime et les nouveaux venus essaient de l'enterrer pour créer des idéologies d'une autre envergure. L'histoire seule jugera. Mobutu a marqué de son empreinte l'histoire de ce géant scandale géologique dont la population se classe parmi les plus pauvres de la planète.
"Et le Guide réponda" (sic). La célébration du Timonier de la Révolution et du Père de la Nation transforma le pays en une véritable machine de propagande idéologique et obscurantiste. Le Grand Tam-Tam d'Afrique tout comme Télé-Zaïre servit de tremplin pour la diffusion des idéés, des actions et des exploits du prestigieux Leader incontesté du Zaïre. On nous nourrissait d'illusions alors que le pays sombrait économiquement. Mais le Chef garda son aura autour de sa Prima Curia, et de sa Mouvance. Oui mouvanciers et hiboux nous offrirent tous les scénarios du culte de la personne du Chef. Je revois l'ambassadeur Tshimbalanga s'agenouillant aux pieds du Patron ou les gouverneurs Nzuzi wa Mbombo ou Ndjoku Eyobaba célébrant la gloire de Papa Maréchal Elombe Pacificateur et Sukisa, maître de l'histoire et du Zaïre. Je me souviens de l'époque où le nom du Président-Fondateur une fois cité au d'un discours, l'audience devait se lever pour applaudir joyeusement le vaillant Léopard. Ce fut une époque. Chacun de nous en a gardé un souvenir bon ou mauvais. Oui, oui, oui, tout cela est parti d'un certain 24 novembre 1965. Du moins officiellement et historiquement. Le reste est connu.
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