3 nov. 2020

Dans la fièvre des élections américaines

3 novembre 2020. Elections américaines. Voilà un événement qui, depuis des années, a toujours attiré mon attention. Autant que ma mémoire peut remonter, je me souviens clairement de la montée au pouvoir de Jimmy Carter, de sa défaite à Ronald Reagan. Je me souviens de tous les autres. Je me souviens de la démission de Nixon: c'est Lucien Tshimpumpu qui avait ce jour-là changé sa casquette de journaliste sportif pour couvrir cet événement depuis les Etats-Unis où il préparait le combat Ali-Foreman. Je revois depuis Rome Jimmy Carter suspendant l'assaut sur l'Iran de l'Ayatolah Khomeni pour libérer les otages, sonnant ainsi le glas de sa campagne. Je me souviens de la montée de Bill Clinton face à Bush Père. La dernière semaine de cette campagne ressemble un peu à celle-ci. Mené dans les sondages par un bouillant Clinton glanant toutes les faveurs des sondages, George Bush Sr se battit bec et ongles pour démentir les soit disant mensonges de son adversaire promettant une vie dorée à des Américains fascinés par son élégant discours. Je revois le sourire de Bush Jr lorsqu'il atteint les 270 pour sa très disputée réélection alors qu'il était au coeur du scandale des armes de destruction massive qui ont provoqué l'invasion de l'Irak. L'élection de Barack Obama reste encore vive dans les mémoires, ainsi que sa réélection. Par contre, j'étais très surpris par l'élection de Mr Donald Trump. Je me trouvais à Dakar, Sénégal, ce matin là où je participais au cinquantenaire du 1er Festival Mondial des Arts Nègres. J'étais trop fatigué pour suivre jusqu'au bout le décompte des voix état par état. Descendu au restaurant de l'Hôtel Fana ce matin-là de novembre 2016, je fus surpris par la morosité manifestée par des touristes français ou européens qui furent mes commensaux. A ma question de savoir si Mme Clinton a gagné, une dame me répondra toute consternée: "Non, c'est Trump." C'était aussi bien comme cela, car ce que je savais de l'administration Clinton à propos de son implication dans le renversement de Mobutu, l'invasion rwandaise et le pillage des ressources minières de la RDC, ne poussait guère à éprouver de la sympathie pour Mme Clinton. Dans des cas pareils comme aujourd'hui d'ailleurs, je me dis: "C'est les Américains qui décident librement de leur sort et de leur histoire. Ma préférence n'a aucune importance." Il faut toutefois avouer qu'il y a autour de ces élections une euphorie médiatique qui ne laisse personne indifférent, car qu'on le veuille ou non, elles nous touchent tous de près ou de loin. Je m'intéresse beaucoup à l'évolution des sondages, et aux résultats finals car ils permettent d'apprécier et de prédire la courbe que prendra l'histoire dans les années qui suivent. 

Ces élections américaines sont particulières. Elles se déroule dans un contexte de coronavirus, une situation unique. Joe Biden tire la couverture de son côté pour dénoncer la gestion calamiteuse de son rival par rapport à cette pandémie, alors que Donald Trump n'y accorde qu'une importance relative. Il revient aux Américains de départager les deux candidats. Les sondages donnent Biden vainqueur au vote national alors que les deux candidats sont au coude à coude au niveau des états. Or dans ce système, ce sont les grands électeurs des états qu'il faudrait rafler. Quoique en léger retard, Trump garde encore ses chances comme il y a quatre ans; mais la bataille s'avère plus rude et dure qu'en 2016. Le suspens est total: réiterera-t-il son exploit? Lui-même y croit ou le dit fermement. On dit même qu'il serait prêt à se proclamer vainqueur dès ce soir si les tendances générales lui accordent une quelconque avance confortable. Il le dément, mais c'est une habile stratégie. C'est serré: Biden peut tout aussi surprendre en gardant intacte son avance sur son rival. La fièvre est encore vive: aux urnes de dévoiler la vérité!


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