De tous mes séjours à Kenge, celui-ci a été le plus troublant tant sur le plan du travail que sur le plan social. Le travail a été effectué dans des conditions particulièrement insolites. Classes surpeuplées. Travaux presque impossibles à corriger à temps. Brouhahas parfois incontrôlables. Chaleurs et pluies incommodantes. Etc. Du point de vue social, j'ai eu moins de relations avec les miens que par le passé. Manque de temps ou à dessein? Je ne saurais le dire clairement. J'ai eu quand l'impression que les miens s'attendent dans leurs coins à ce que je les visite, alors qu'ils ne font pas forcément l'effort de venir vers moi. Je les ai habitués à ce jeu-là. J'ai changé cette fois. Les plaintes sont nombreuses. Quoi qu'il en soit, je ne satisferai jamais tout le monde.
Hier, j'ai tenu à voir l'abbé Charles Kapende autour de 17h. Un moment très émouvant que de revoir mon aîné, mentor, formateur et confrère! Il m'a reconnu et m'a parlé alors qu'on le disait aphone. J'ai évoqué un tas de vieux souvenirs du genre "Smile awhile and while you smile...." ou "Quidquid recipitur... ad modum recipientis". Ou encore: "M'Ketu toma ku nzo nkwenu..." Il réagissait bien mieux que je ne m'y serais attendu. J'ai vraiment retrouvé Kapsy du bon vieux temps souriant et heureux. En tout cas, il rétrouvait les mots et les récitait avec moi. Je l'ai vu rire sans vraiment s'éclater comme par le passé, mais quand même très ému. Il m'a appelé "Claver". A la fin, il m'a dit "Kwenda mbote, merci". J'ai promis de repasser dire au revoir avant mon retour à Kinshasa.
C'est le dernier dimanche de mon séjour à Kenge. J'ai au programme encore quelques rencontres avec des personnalités académiques et des étudiants qui font leurs travaux de recherche avec moi. Encore quelques corrections des travaux et des mémoires soumis à mon attention. Encore quelques jours, je disparaîtrai de l'univers de mon Kwango natal.
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