Arrivé le 18 avril 2024, je suis retourné le 26 avril de la RDC via Londres avec Ethiopian Airlines et British Airways. Tout a fonctionné à merveille sur le plan du timing et de la logistique. Mes bagages sont arrivés malgré le surpoids. Contrairement à mes habitudes, je suis parfois contraint à accumuler des choses inutiles qui remplissent mes valises. Et il y a des gens qui ne laissent jamais passer cette occasion. Cela devra changer à l'avenir. Le plus important est ce que j'ai vu et entendu dans ce pays. Si les élections ont été l'occasion de beaucoup de commentaires concernant leur organisation chaotique, les résultats n'en sont pas moins discutables pour certains postes et certaines entités territoriales. Les bureaux des parlements sont constitués. Hier 29 avril, c'était les élections des gouverneurs et sénateurs à travers toute la RDC. Un peu partout, selon les dires, c'était une affaire d'influence et d'argent. Certains patriarches ou autorités morales, comme on les appelles, ont imposé leurs candidats, tandis que l'argent a parlé pour les postes de sénateurs. Il fallait soudoyer à coup des milliers de dollars les élus pour obtenir un poste. Victoire au plus offrant, pas forcément au meilleur. Pendant ce temps, la ville frontalière de Goma est menacée d'être prise par le M23. Sans compter les déplacements massifs et dramatiques des populations dans leur propre pays. Sans eau ni nourriture ni conditions sanitaires convenables. Les mobondos continuent de semer la panique dans les provinces de Kinshasa, du Mayindombe, du Kwilu et du Kwango malgré la signature d'un accord de paix entre les chefs Teke, Yaka et les autorités du pays. L'insécurité des Kuluna sévit toujours et ne cesse de s'étendre dans les villes du pays. Une de mes étudiantes, horrifiée, a vu son neveu de 23 ans devenir "Jamaïcain" ou "Américain". Ce sont des appellations bien connues des Kuluna selon les quartiers qu'on habite. L'autre jour, un ami a dû passer la nuit dans un hôtel faute de rejoindre son domicile avant 22 heures. Une compatriote raconte que la somptueuse villa de son oncle, construite sur les hauteurs du Virunga avec une vue splendide sur le lac Kivu, a été saccagée par les rebelles. Heureusement que son oncle se trouvait en soins aux Etats Unis au moment des faits. Pendant ce temps, on se rue sur les postes à fortes dividences sonnantes et trébuchantes sans qu'on pense à la sécurité des biens et des personnes. Seuls le pactole et le luxe qu'il offre comptent aux yeux de ces aspirants ou confirmés leaders du pays. Et comme pour illustrer la déchéance des valeurs, la tombe de ma mère a failli être spoliée si je n'avais pas eu l'idée d'y aller au bon moment. Aucun respect des morts. On vit, mange, boit, danse, dort, pisse, fait des excréments, sur des tombes des défunts. Voilà où nous en sommes arrivés! Nous Congolais avons l'entière responsabilité de ce qui nous arrive. Nous échouons à tous les niveaux. Le pays n'a pas de paix, et nos forces armées infiltrées jusqu'au plus haut commandement ne réussissent pas à récupérer le territoire perdu, ni à remettre la sécurité dans les zones qu'elles contrôlent. On en entend et en voit de toutes les couleurs. Des histoires de corruptions et des détournements de fonds publics destinés à la guerre ou à la sécurité du pays, qui donnent froid aux yeux. Une impunité alarmante en faveur des malfrats qui saignent les caisses du pays à blanc. Tout le monde se plaint, tout le monde dénonce... mais aucune action palpable ne réalise. Malgré les beaux discours, rien ne s'accomplit dans la sens de la sécurisation du pays. Le pillage des ressources minières prospère, les déplacements et tueries de masse continuent. Un ami politicien m'a clairement dit: "On ne sait pas où va la RDC. On attend, on attend voir." Tel est le triste sort de ce géant RD Congo au pied d'argile, démantelé de ses membres et balkanisés de fait. Levons-nous comme un seul peuple, défendons la terre de nos ancêtres, sans incriminer qui que ce soit. Nous n'avons pas de choix. Pro Patria Mori.
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