29 août 2015

Les migrations, un phénomène inévitable?

Les migrations ont plusieurs fois fait parler d'elles cette année. Il y a quelques mois, je pensais que la raison de la ruée vers l'Eldorado européen et américain était le manque de travail en Afrique, en Asie ou en Amérique latine. Ce n'est vrai qu'en partie. Après avoir visionné des documentaires et suivi des interviews de personnes traversant la Méditerranée, j'en suis arrivé à changer d'avis. Les migrations sont un phénomène inévitable, tant qu'il y aura la guerre, la pauvreté, les armes, les injustices, les atteintes à la liberté et aux droits de l'homme. Des milliers des morts en mer et 200.000 personnes versées par la mer vers l'Europe en un temps si cours, et la ruée ne prend pas fin, cela donne à réfléchir. La question qui revient à l'esprit est: pourquoi? Comment quelqu'un peut-il mettre sa vie en danger dans une mer tourbillonnante et impitoyablement périlleuse s'il n'y avait pas un quelconque avantage envisagé? La recherche du travail? "Chercher" comme disent les Camerounais? Est-ce seulement le confort social qui attire vers l'Europe? Certains pays comme l'Italie sont réputés être des passages vers d'autres pays d'accueil plus cléments comme l'Allemagne, le Royaume-Uni, la Suisse, la Suède, la France, etc. Les étrangers qui habitent ces pays européens sont-ils forcément plus heureux? J'en doute.
Il s'observe certes des retours spectaculaires au pays pour certaines gens exceptionnellement attirés par leurs origines, mais ces gens se comptent encore sur les bouts des doigts. Des jeunes entrepreneurs optent pour le retour simplement parce qu'ils peuvent, grâce à l'Internet, exercer leurs métiers à partir de n'importe quel coin du monde. Le monde est en train de changer: avec la difficulté d'obtenir des visas Schengen, les nouveaux riches réfèrent investir dans leurs propres pays où ils peuvent blanchir l'argent de leurs forfaits, loin des fouineurs de l'Occident. Les regards se tournent de plus en plus vers la Chine, Dubai, l'Est qui se révèlent plus accueillants. Les affaires semblent mieux prospérer de ce côté-là que du côté de l'Ouest.
Qu'à cela ne tienne, l'émigration vers l'Europe ne s'arrêtera jamais quels que soient les moyens mis en oeuvre par les Européens pour l'endiguer ou l'éradiquer. Comme une peste qui englue sa victime, elle est voulue, favorisée, entretenue par des forces obscures qui tirent les ficelles. Quoiqu'elle bénéficie à des pègres internes et externes assurément, qu'elle chosifie les personnes, mais elle continuera. Comment peut-on convaincre un Syrien dont le village a été brûlé, et la famille décimée par des tueurs sans coeur, de retourner en Syrie alors qu'il envisage de vivre en paix quelque part dans le paradis européen? L'appât du gain s'avère fatalement trop fort pour être rejeté sans remords. Le raisonnement change et déborde le cadre étroit de la logique. Le sens de l'honneur et des valeurs morales se déplace vers des futilités qui deviennent indispensables pour la survie. On prend un passeport américain, canadien ou français; mais on sait au fond qu'on trahit sa nationalité d'origine et son identité. Qu'importe! C'est la loi du nouveau monde.
Une collègue de travail m'a dit que l'Ouest paie les frais du colonialisme. Après avoir spolié sans contreparties des pays entiers de leurs éléments humains et matériels par l'esclavage, l'exploitation et l'oppression, l'Occident doit accepter de faire bénéficier de ses avantages aux victimes de leurs exactions séculaires. Les richesses de ces opérations n'ayant jamais été redistribuées équitablement, l'Occident est obligé de payer ses forfaits colonialistes contre les popultations qu'il a appauvries et déshumanisées. Empire fights back. C'est une opinion qui en vaut une autre.
La situation politique qui prévaut en Lybie, en Syrie, en Irak, en Erythrée ou en Somalie, fait des migrations une arme de guerre. L'Europe qui a longtemps minimisé ce phénomène, prend désormais la tragédie des migrations très au sérieux. Elle ne saurait fermer entièrement ses frontières terrestres et maritimes. La mer est malheureusement trop poreuse pour arrêter l'hémoragie migratoire qui l'atteint de toutes part. Là est le défi: comment y apporter une réponse collective qui tienne compte des droits humains reconnus à toute personne? L'Europe est au pied du mur.
Les migrations peut cesser si les décideurs du monde le veulent en prenant des mesures radicales en stabilisant le paysage politique des pays sous-développés. Mais hélas, les intérêts souterrains des puissances politico-maffieuses sont loin de faciliter cette option. 

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