24 novembre 2022. Le Cameroun joue contre la Suisse. En première mi-temps, les Camerounais ont eu plus d'occasions et une meilleure possession de balle. Equipe compacte, bien préparée, solidement défendue par Onana qui vient justement d'effectuer une parade spectaculaire, elle a eu la malchance d'encaisser un but dès le début de la deuxième période. Il reste à peine vingt minutes et tout peut arriver. Les Camerounais cherchent l'égalisation, et se découvrent en arrière. Ce qui donne des possibilités à Shaquiri pour semer les dangers.
Si j'écris maintenant pendant que je suis le match, c'est parce que je me pose des questions existentielles à propos de la naturalisation. Un droit international sans aucun doute, mais un droit injuste et contre-nature. Embolo suisse vient de marquer un but, le premier du match, contre son Cameroun natal. Il n'a pas célébré son but, se sentant ému et traitre de sa vraie nation et de sa terre, où son cordon ombilical est enterré. Je le comprends car il a brisé sa relation existentielle fondamentale pour des intérêts temporels et contingents. Voilà où mène la migration. On trahit sa patrie d'une façon ou d'une autre. Il est suisse certes, mais sa racine utérine demeure camerounaise. Cette réalité, jamais personne ne la changera. C'est le drame de la nationalité moderne.
Liberté individuelle, me rétorquera-t-on. Pas si vrai que cela, je regrette. Quand verra-t-on un Suisse se naturaliser Camerounais et jouer dans l'équipe nationale camerounaise? On trouve naturel de voir des Africains dans des équipes européennes, américaines ou asiatiques, alors que le contraire est impensable. Quoique rationnellement concevable, la réalité inverse est presque impossible. Gain financier. Migration économique. Colonialisme. Aliénation mentale. Lavage de cerveau. Infériorisation de l'Afrique. Plus brutalement exprimé: identité raciale. Je ne voudrais pas abonder dans ce sens, mais je ne saurais taire ce questionnement essentiel fondamental.
Le Cameroun vient de perdre. Je parie qu'il y aura du grabuge au Cameroun. Hier chez les Belges, c'est Batshwayi qui a marqué le but de la victoire contre les Canadiens. Aujourd'hui, c'est Embolo contre son pays natal. Africains, retrouvons nos racines, nos langues, nos cultures. Pas si vrai que cela. L'Afrique en tire aussi d'énormes bénéfices. Nous sommes citoyens du monde.
Je suis à présent une interview de Embolo, en allemand, en suisse allemand qu'il maîtrise parfaitement. Chapeau au sportif. Vive le football.
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