20 avr. 2023

Points sur la situation actuelle en RDC

À suivre de près ce qui se passe en RDC, on est totalement désorienté. Des alliances se font et se défont en fonction des intérêts individuels plutôt que nationaux. Parlons spécialement de trois sujets. 

1. Congolité. Le Parlement congolais est sur le point d'examiner la loi Tshiani vérouillant certains postes aux seuls Congolais de père et de mère. Il s'agit des postes de président de la république, premier-ministres, généraux, parlement, sénat, etc. En en réservant l'exclusivité aux seuls Congolais de souche, la Loi discrimine, selon certains, les citoyens en 1ere et 2e catégories. Le débat est houleux. Même la puissante église catholique par son Cardinal et le secrétaire-général de la conférence des évêques est opposée à cette loi. L'histoire a déjà prouvé que les natifs ne sont pas forcément les meilleurs défenseurs de leur territoire ou pays. C'est la conscience nationale ou le patriotisme qui définit l'engagement citoyen. Le concept de congolité repose au fond sur la polémique suscitée autour de la nationalité d'origine de certains individus élevés au sommet des institutions républicaines. Il plane sur eux un constant soupçon de trahison. C'est ce danger qu'il faudrait absolument écarter. Les uns et les autres possèdent leurs arguments concernant ce sujet si sensible. L'idéal aurait été de consulter par votation ou referendum le souverain primaire s'il y avait une garantie de transparence. Le parti au pouvoir pourrait en profiter pour fausser les résultats et privilégier sa vision. Si le Parlement jouait son rôle de représentant du peuple, l'opération aurait été facile à effectuer. On n'en est hélas pas là. 

2. Union Sacrée. Depuis la création de l'US il y a un peu plus d'une année, des défections s'illustrent dans l'opposition pour embrasser le parti présidentiel et ses alliés. Les politiciens se positionnent pour les prochaines échéances. On assiste à des mouvements de trahison, de rétractation ou de volte-face en faveur du camp présidentiel. Des personnes qui hier critiquaient Fatshi Beton le traitant d'incapable et d'idiot se rangent sans honte de son côté, soit disant pour le bien de la nation. En réalité, il n'y a que l'intérêt personnel qui guide leur choix. Des poids lourds du kabilisme ou de la kabilie ont tourné le dos à leur autorité morale pour bénéficier de la mangeoire de l'US. Dans la foulée, JP Bemba, V Kamerhe, Boshab, Atundu, Mende, et Mboso, ont vite tourné casaque pour embrasser la cause de Tshisekedi. Rouler pour le pouvoir et en tirer les profits conséquents, voilà la sagesse! Faire l'opposition dans ce pays, c'est se condamner bêtement  à la pauvreté et à la galère pendant que les tenants du pouvoir se la coulent douce. En plus, c'est de bonne guerre d'être au gouvernement plutôt que dans l'opposition. Un quidam a opté de soutenir le régime en place rien que pour cette raison. Alors on ratisse très large.

3. Insuffisance d'analyses. Je suis surpris par la prise de position de beaucoup de compatriotes après les déclarations de Paul Kagame au sujet des terres rwandaises prises attribuées à la RDC. La visée expansionniste des Rwandais n’a jamais fait l’ombre d’un doute. L’annexion des terres congolaises par les voisins a toujours été à l’ordre du jour. Le monde entier le savait ou le sait, sauf les Congolais qui sont surpris d’entendre les propos de Kagame à ce sujet. Honoré Ngbanda en parlait de son vivant, mais personne ne l’a cru. Nous avons la mémoire très courte, secoués que nous sommes par la gestion myope du présent et des avantages quotidiens liés à nos stratégies de survie. Nos politiciens visent l’immédiateté au lieu de se projeter dans une vision durable. Il y a une claire insuffisance d’analyses pertinentes dans leur chef. Est-ce à dire que les services congolais d’intelligence sont eux aussi infiltrés? Une réponse affirmative ne me surprendrait pas outre-mesure vu l’insouciance affichée vis-à-vis du lendemain et le manque de vision chez nos leaders jouisseurs et corrompus. Le manque d’analystes perspicaces fait cruellement défaut dans ce pays convoité par des voisins à cause de ses richesses naturelles. Le président rwandais en révisant les frontières a justifié explicitement le motif de son soutien aux M23 qui n’ont de Congolais que le nom. Les frontières ethniques ou tribales ont certes été bouleversées partout les puissances coloniales, pourquoi les rebelles ne sévissent-ils qu’à l’est de la RDC? Des tentatives d’invasion existent ailleurs comme au nord de l’Angola ou de la Zambie, mais sans véritable impact. Pourquoi une seule ethnie doit-elle s’accaparer de tous les postes-clés de l’armée, de la police et de la sécurité de la RDC? Comment en est-on arrivé à créer Minembwe? Les Mbororo et autres éleveurs de vaches qui traversent impunément le territoire congolais ne sont pas étrangers aux querelles intertribales constatée ici et là en RDC. Vous avez dit « Balkanisation »? Vous avez la réponse. 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire