23 mai 2023

Les arcanes du conflit dit Teke vs Yaka

Le problème est plus profond et plus complexe qu'il ne parait au premier abord. Il en va même de l'existence de la RDC en tant que pays. Il y a des coïncidences qui dépassent tout entendement. Et c'est sur ce point que se remarque l'absence de l'ordre, voire de l'etat. On parle d'une main noire. Dans mon entrée précédente j'ai évoqué la fameuse main noire à qui le conflit dit Teke vs Yaka profite. 
Le conflit est avant tout foncier, autrement dit la possession de la terre ou le droit du sol. Une légende soutient qu'ayant eu à choisir entre l'or et la terre, le chef yaka aurait choisi la terre. La terre léguée par les ancêtres est sacrée. Elle ne se vend ni se brade. Des riches propriétaires ont acquis d'immenses terrains dans les territoires de Maluku, Kwamouth, Bagata et Kenge. Il y a quelque trois ans, des éleveurs au phénotype rwandais ont traversé à pied, avec leurs troupeaux de vaches, le Congo de l'est à l'ouest, armés de Kalaschnikov sans être inquiétés ni identifiés. Ils se seraient installés dans cette région où ils auraient acquis des terres. Un ancien président, des ministres, des généraux et autres hommes d'affaires occupent cette terre à proximité de Kinshasa. Et ces terres leur appartiennent en toute légalité. Et ces non-natifs du coin sont plus puissants que les autochtones. En tant que littéraire, je pense spontanément au conte de Jomo Kenyatta: The Gentlemen of the Jungle. En tant que membre d'une tribu, je pense à la dépossession coloniale des terres aux Amériques et en Afrique. Une extermination programmée? C'est de tout temps la guerre qui fixe les frontières. Allez-y comprendre. De l'autre côté du fleuve Congo, le Rwanda a acheté 12 miĺle hectares. Est-ce juste un hasard? J’en doute. Je m’en doute. 
Le conflit dit Teke vs Yaka concerne avant tout l'occupation de la terre autour de Kinshasa: l'éviction des Yaka et leur remplacement forcé par des non-natifs meilleurs payeurs. L'opération a commencé depuis des années sans que l'on ne s'en rende compte. Comme toujours, nous sommes surpris. C'est là que réside selon moi la défaillance tant décriée de notre état et de nos services d'intelligence. La population n'est pas protégée. Tout peut basculer du jour au lendemain. Lorsque je vois des images de ces déplacés errants avec leurs effets de cuisine et matelas, une question me vient souvent à l'esprit: comment ou selon quels critères choisissent-ils ce qu'ils emportent? Un moment dramatique que de quitter sa maison sans espoir d'y retourner un jour. Tout ce qu’on a bâtie toute sa vie s’écroule. On n’en est pas encore là, rétorquera mon pourfendeur. Des villages sont incendiés, des troupeaux décimés. Que dire de vieilles personnes incapables de se mouvoir, des femmes enceintes, des malades, des enfants, etc. Le déplacement massif devenu presque quotidien à l'est s'étend à s'y méprendre à l'ouest du pays. En ce moment je prends la mesure du crime contre l'humanité. 






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