19 mai 2023. Mobondo c’est un groupe d’individus venus de nulle part qui sème la terreur sur la RN 1 entre Kinshasa et Kenge. Je ne connaissais ni le terme ni l’existence de ce groupe il y a une semaine. Depuis le déclenchement du conflit dit Teke vs Yaka dans le territoire de Kwamouth au Mayindombe, le territoire de Bagata au Kwilu, et la commune urbaine de Maluku dans la périphérie de Kinshasa, on croyait le phénomène limité à ces territoires, c’est-à-dire sur le terrain majoritairement occupé par les Teke. C’était sans compter avec la folie belliqueuse et incendiaire des Yaka désormais officiellement réunis au sein du groupe Mobondo. Mobondo signifierait étymologiquement un fétiche qui rendrait invulnérable selon les croyances populaires. Ils se réclament du Chef Kiamvu de Kasongo-Lunda. Un groupe de résistance et de représailles aux assauts des Teke avant de se muer en tueurs de grand chemin. Y sevit la loi de la jungle: les Teke tuent les Yaka et les Yaka tuent les Teke. Une terre-sans-loi. No Man’s Land.
Depuis une semaine, le bilan des massacres s’alourdit entre Mbankana, Mongata, Batshiongo et Pont-Kwango. Aux dernières nouvelles Pont-Kwango est vidé de ses habitants. Des bus Transco déversent hommes, femmes et enfants dans la ville de Kenge, chef lieu du Kwango. On apprend que les Mobondo se sont installés à PK dans la nuit au 17 au 18 mai, semant ainsi une panique et une débandade générales dans toute la contrée. Selon plusieurs sources, ces malfrats commencent leur opération de rançonnage à partir de 18 heures passant de maison à maison réclamer argent et nourriture. Ils auraient décapité en plein jour une femme Teke et ses enfants. Adoptés par les Kuluna locaux, ils font la chasse aux Teke pour se venger des atrocités dont ils auraient été victimes au Plateau des Bateke qu’ils renomment désormais Plateau des Lunda. Ils s'attaquent avec acharnement aux policiers et militaires, ennemis jurés. On apprend que d’autres groupes Mobondo dissidents ou pêcheurs en eau trouble, tuent aveuglément, brûlent maisons et élevages, et dévastent tout sur leur chemin. Intoxication ou réalité? Toujours est-il qu’ils pratiquent le même système d’occupation utilisé par les Tusi à l’Est de la RDC. Des analystes en viennent à évoquer l’existence d’une main noire ou d'une opération de déstabilisation de la RDC. Il se raconte beaucoup d’histoires atroces commises par les Mobondo, envahisseurs et ravageurs impitoyables. Que se passe-t-il au juste? J’ai parlé avec une rescapée du PK qui exclue un retour à PK et demande illico une mutation vers une région plus paisible. Etc. Des criminels en errance siègent sur de vastes étendues désormais désertes.
Questions. Que fait l’Etat? Où se trouvent les forces de l’ordre censées rétablir la sécurité des personnes et des biens? Où sont les FARDC pendant ce temps? Pourquoi la population est-elle abandonnée à elle-même? Le gouvernement central doit immédiatement envoyer du renfort. Qui sont-ils les Mobondo coupeurs de routes? De qui recoivent-ils les ordres et les armes à feu? Pourquoi l’ANR ni les services d’intelligence ou Think Thanks n’ont pas anticipé ces tensions intercommunautaires? A se demander s'ils sont au service de protection de la population. Pendant ce temps, nos autorités restent silencieuses face à cette tragédie jamais connue dans cette région. L'Etat est absent. Les chefs de villages sont décapités sauvagement pour effacer toute légitimité coutumière sur ce territoire, et éventuellement seront remplacés par des chefs de leur obédience. La haine inter-ethnique qui vient de poindre prendra des années pour se dissiper si jamais. Il s’opère sous nos yeux myopes une épuration ethnique et une invasion en profondeur sous le nez des autorités et de la population terrorisée et expulsée de sa terre natale. Bref le pays est en danger. A nos dirigeants, à nos élus et forces de protection, nous réclamons des actions, pas de discours vides ni des négociations des dupes. L'heure est grave: il faut sauver le pays. Il en va de l'exitence-même de la RDC, déjà morcelée et occupée par des armées étrangères. Il faut un élan patriotique pour sauver notre pays. J’ai dit.
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