31 janv. 2015

"J'ai froide" (sic)

Hier matin, je me suis dit que dès que le temps me le permettrait, j'allais me livrer à la lecture des recueils de poèmes des poètes qui me sont les plus proches: Nlandu Mamingi avec que je partage l'exil barbadien et François-Médard Mayengo, mon double oncle paternel et maternel. Eh oui, aussi paradoxal que cela puisse paraître, il est cousin à mon père comme à ma mère. Je les ai choisis pour une conférence à Cambridge, parce que ces deux poètes possèdent beaucoup de similarités dans leur attitude vis-à-vis des troubles qui sévissent en RDC depuis des décennies. Dans un langage strictement personnel, chacun exprime son aigreur, sa révolte et son espoir. L'auteur de Du coté du Congo sous le pseudonyme de Ngolo mu Ntangu et celui de Du feu et du sang ont une conscience très aiguë des catastrophes humaines et des injustices ignobles dont souffrent leurs compatriotes. La seule différence réside dans le regard: le poète Mamingi écrit d'ailleurs alors que Mayengo écrit de l'intérieur. Un regard croisé très instructif du point de vue de la fonction poétique.
Pendant que je réfléchissais à comment j'allais procéder, Claver Jr crie de la douche:
- Maman, j'ai besoin d'eau chaude, j'ai froide (sic).
J'ai répété avec un sourire intéressé la phrase de mon fils pour moi-même. Oui, son français est parlé; il n'a jusque là reçu aucune notion de grammaire. L'anglaise oui, mais pas la française. Ce serait facile de parler d'anglicisme, mais je crois que c'est plus profond. "Chaude et froide" peuvent rimer si on force la versification. Alors, je me suis dit: "Et si mon fils était poète, j'entends poète comme mon frère d'exil et mon oncle de sang?".

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