Je reprends une conversation que j'ai eue ce matin avec mon ami et collègue kenyan Ochieng'Odhiambo, professeur de philosophie. Nous nous donnons régulièrement des informations de ce qui se passe dans nos pays respectifs. Aujourd'hui, c'est lui qui m'a appelé afin de clarifier une situation d'organisation entre nos départements. Il est à la tête du département d'histoire et philosophie comme moi à celui de langue, linguistique et littérature. Le second thème concernait la finale de la CAN qui se joue en Guinée Equatoriale. Puis, on est passé à la politique.
- Un véhicule lourdement chargé a refusé de s'aquitter de la taxe routière. Parti de la côte, il a dépassé deux stations de paiement avant de se retrouver à Nakuru où il a été stoppé et prié de payer 25.000 Shilling Kenyan. Refus catégorique du chauffeur qui a alerté son patron. Celui-ci appelle, mais rien n'y fait, les agents s'en tiennent à leur déontologie. Après plusieurs tentatives infructueuses, le patron - un membre du gouvernement - s'amène finalement sur le lieu. Il intimide tout le monde et menace de les licencier tous de leurs fonctions. "Vous savez, même le président est intervenu... même un tel ministre est intervenu. Ne venez plus à ce travail, car vous êtes congédiés sans autre forme de procès. etc." Malheureusement pour cet abuseur de confiance, un passant a filmé et enregistré toute la scène avant de la diffuser sur Internet. Le monde entier s'est saisi de l'affaire... Le gouvernement s'est vu obligé de retirer son soutien et sa confiance à ce trafiquant d'influence et d'intimidation.
- Cela me rappelle le cas d'un ancien condisciple de classe, Mithéo Lukengo, ingénieur de son état, qui s'est vu révoqué de la Safricas pour avoir refusé qu'un ponton soit construit devant une propriété de Takizala à Kintambo, Kinshasa. En effet, sans tenir compte des instructions de l'ingénieur supérviseur absent, le puissant commissaire d'état avait exigé des ouvriers qu'ils maçonnent devant sa parcelle. Ce qui n'était pas l'avis du contremaître. Fort de son autorité, le ministre n'a trouvé comme solution que de demander au PDG de la Safricas d'en finir avec cet ingénieur récalcitrant et sans respect pour les autorités.
- C'est quoi encore cette histoire qui a bougé votre pays la semaine dernière? Demande Ochieng.
- Les gens de l'opposition ont marché contre une nouvelle loi électorale qui conditionnait l'organisation des élections présidentielles à un recensement d'identification de la population. Alors que le parlement l'a adoptée, les gens ont marché; ce qui a causé des morts: 11 selon le gouvernement, et 42 selon les opposants et la société civile. Les gens ont craint que cette disposition ne prolonge la présidence actuelle de quelques années.
- Nous au Kenya on effectue des recensements nationaux à la veille de chaque élection importante. Du temps d'Arap Moï, le recensement donnait toujours les Gikuyu en première position, les Kalenjin en deuxième et les Luo en troisième alors que les Luo étaient de loin plus nombreux que les Kalenjin. En fait, on gonflait les nombres afin de s'octroyer le plus grand nombre de sièges au parlement. C'est très décisif. J'ose espérer que les autorités congolaises se montreront plus honnêtes que leurs compères kenyans.
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