Beaucoup de personnes ont choisi l'exil pour plusieurs raisons. Je me suis souvent demandé pourquoi j'ai choisi de vivre en dehors et loin de mon pays alors que j'ai toutes les raisons pour y retourner, y vivre et exercer événtuellement une responsabilité sociale et pourquoi pas politique (?). Vous savez très bien ce que je pense de la politique. Mais là n'est pas mon problème. D'autre part, chaque fois que l'occasion se présente, j'y retourne sans hésiter. A chaque voyage-retour, je me dis qu'il y aura une prochaine fois. Tout n'est pas forcément rose à l'étranger. Vivre en exil impose une séparation, un éloignement des siens. Vivre en exil sans être un réfugié expose à des dangers, à d'innombrables périls. J'ai lu, horrifié et scandalisé, sur le net le meurtre d'un compatriote congolais brûlé vif à Durban en Afrique du Sud. Avons-nous vraiment besoin de subir ces humiliations, ces agressions humaines, ces haines inhumaines et ces rejets ostracistes auxquels nous expose l'exil? Qu'en est-il de nos enfants nés si loin de la terre natale de leurs parents et qui ne connaissent d'autre terre que celle de l'exil de leurs parents? Quelle est leur identité?
La question de l'identité est elle-même complexe. Votre pays d'origine et la couleur de votre peau vous collent à la peau. Des stéréotypes raciaux ou discriminatoires vous classifient à votre insu et contre votre gré. L'autre jour, je lisais une réflexion d'un journaliste qui soutenait que "expatrié" est le terme utilisé pour désigner les européens émigrés tandis que le terme "immigré" est réservé aux Africains, aux Latino-Américains et aux Asiatiques; bref aux non-européens et aux gens du Tiers-Monde. Ma première réaction à de telles discriminations est: "c'est leur langue; ils jouent avec comme ils veulent". Intégré ou pas, on reste immigré pour le reste de sa vie même si on obient la nationalité du pays hôte, même si on jouit de tous les droits liés à ce statut.
L'émigration est à mes yeux une sorte de suicide. Un suicide à plusieurs niveaux de l'être. On se jette dans l'inconnu de l'imprévu. On fait une croix à son histoire traditionnelle ou familiale pour embrasser des réalités nouvelles qui, souvent, se révèlent contraires au schéma dans lequel on est né ou aux perspectives dans lesquelles on a grandi. Une sorte de négation de soi. Et on pose un poids sur la conscience de sa descendance. Ainsi que l'exprime dans sa Pétition Amir Issaa rappeur italien d'origine égyptienne:
Oui, l'exil est suicidaire car on ne sait jamais l'ampleur du danger auquel on s'expose ni à quelles conditions la tragédie incendiaire survient. On y perd ses repères culturels, son identité et parfois sa vie. On s'enfonce dans la gueule du loup ou du lion - chacun choisit son trou - et on joue à une sorte de lotto avec sa vie.
L'émigration est à mes yeux une sorte de suicide. Un suicide à plusieurs niveaux de l'être. On se jette dans l'inconnu de l'imprévu. On fait une croix à son histoire traditionnelle ou familiale pour embrasser des réalités nouvelles qui, souvent, se révèlent contraires au schéma dans lequel on est né ou aux perspectives dans lesquelles on a grandi. Une sorte de négation de soi. Et on pose un poids sur la conscience de sa descendance. Ainsi que l'exprime dans sa Pétition Amir Issaa rappeur italien d'origine égyptienne:
"Tristissimi recenti episodi hanno dimostrato
quanto crescere stranieri nella propria nazione alimenti l'odio, la
violenza. La risposta migliore a questa barbarie è l'inclusione.
L'integrazione è lo strumento più forte che abbiamo per prevenire
fenomeni come il terrorismo.
Adesso in Italia un’intera generazione cresce e
rischia di restare straniera nel paese che sente proprio, in cui è nata,
si è formata, e nel quale intende restare per sempre… " (Source: Amir Issaa, Petitio al Presidente )
L'atroce mort du Congolais brûlé vif il y a quelques jours à Durban constitue une horreur à laquelle on s'expose par l'exil. Des autochtones lui ont jeté de l'essence avant d'allumer une tige d'allumette. La xénophobie seule ne suffit pas pour expliquer ou justifier un tel acte criminel. Malheureusement, la haine de l'étranger constitue le hic de l'émigration. On lui attribue tous les malheurs des aborigènes. Il suffit d'une crise économique, d'une dépression financière ou d'une politique nationaliste pour mettre à prix la tête de l'étranger et déclencher la chasse aux sorcières. Il suffit d'user d'une expression comme "vermine" à l'endroit de l'étranger pour qu'un tollé général soit soulevé et qu'on soit banni de séjour à l'étranger. La haine des étrangers, ce n'est pas seulement l'apanage du Front National ni des nationalistes, mais un sursaut d'orgueil autochtone déplacé.Oui, l'exil est suicidaire car on ne sait jamais l'ampleur du danger auquel on s'expose ni à quelles conditions la tragédie incendiaire survient. On y perd ses repères culturels, son identité et parfois sa vie. On s'enfonce dans la gueule du loup ou du lion - chacun choisit son trou - et on joue à une sorte de lotto avec sa vie.
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