30 mars 2015

"Pour faire mieux que Mobutu,... il suffit d'être correct" (2)

"Claver,
Je viens de lire ton article susmentionné et je m'empresse de réagir. Franchement là tu me surprends par tes raisonnements. Au lieu d'appeler le chat par son nom, tu te contentes de quelques phrases prudentes qui manifestent mal ta perspicacité habituelle. Avec tout le respect que je dois à Edy  Angulu d'heureuse mémoire, je crois qu'il n'y a aucune commune mesure à établir avec Mobutu, lequel a travaillé dans d'autres circonstances pour établir et assurer son pouvoir. C'est bien de vite dire qu'il faut être "correct." Il était ambassadeur à Paris, était-il correct? Le problème, c'est justement de définir cette "correction" ou "correctitude" ou mieux "attitude correcte". 
L'histoire juge Mobutu négativement, et ignore que cet homme fut, en son temps, un des plus grands personnages politiques africains. Les Américains ont misé sur lui pour faire barrage au communisme en Afrique ? Ne te souviens-tu pas de ses interviews, de ses discours et de ses meetings populaires? Il avait une vision, une philosophie politique; et on pouvait le suivre. Il a opéré beaucoup de réalisations pour le Congo: Air Zaïre, Inga-Shaba, CCIB, Stade Kamanyola, Palais du Peuple, etc. Lors des réunions internationales, sa parole était entendue, écoutée; il avait de la poigne. Qu'on l'aime ou qu'on le déteste, il était un monsieur. Dictateur, il l'était. Voleur comme tout politicien, il l'était. Assassin, il l'était aussi. Donne-moi le nom d'un président qui n'a pas du sang d'innocents sur les mains! Ils sont à compter sur les bouts des doigts. Corrompu? Oui, il l'était. Cite-moi le nom d'un seul qui ne l'est pas. Correct? Oui correct? That's the question. Correct par rapport à quoi? Il a servi son pays de la manière dont il a cru la plus correcte possible, en tant que garant de l'intégrité du territoire. En plus, il a insufflé aux Congolais la fierté d'être congolais. Si l'Est tient encore au Congo, c'est grâce à l'esprit d'unité nationale qu'il a inspiré.
Comprends-moi bien. Il ne me revient pas de faire l'éloge d'un président Mobutu que je n'aimais pas mais qui m'impressionnait par son patriotisme, sa tenue, et certaines de ses actions convaincantes. Je n'ai jamais apprécié son conflit avec l'église catholique. J'ai apprécié le soldat qui s'est installé au front à Kolwezi pour commander personnellement les troupes armées. Homme d'action, il a défendu l'intégrité territoriale de son pays au risque de sa vie.
Je crains, hélas, de donner raison au professeur Musey. La réalité politique laisse difficilement un homme correct. Malheureusement, dans ce pays, on ne considère que l'immédiateté et on oublie vite d'où l'on vient. La science de l'histoire est importante dans la vie d'un pays. Mon intention était de montrer que la phrase du ministre dite au hasard d'une interview n'était lancée qu'à l'intention des Suisses, ceux-là mêmes qui ont géré et gèrent encore les dividendes financiers des fonds Mobutu. Les Suisses sont-ils corrects? Et font-ils mieux que Mobutu? Je m'en tiens seulement à la déclaration du ministre."
GF, 30 mars 2015.

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