1. L'ambiguïté comme langage performatif. Le président Sassou N'Guessou a déclaré: "Je ne serai plus là en 2016 si c'est la volonté des Congolais"... "mais ce n'est pas ma volonté." Chacun peut comprendre cette déclaration à sa façon. Le président, bon démocrate, laisse son destin politique entre les mains des Congolais qui en décideront. Ce qu'il ne dit pas, c'est comment la volonté des Congolais se manifestera. Ou alors, il confirme par le fait même la tenue du referendum que beaucoup d'acteurs politiques soutiennent comme moyen pour contourner la Constitution qui limite le mandat présidentiel à deux termes. En fait, il déclare et ne déclare pas. Il parle et se tait. Nos présidents aiment bien répondre à des questions par des énigmes, ce qui suscite de l'admiration chez leurs partisans ou de la méprise chez leurs opposants.
2. L'opposition rd-congolaise exigeait la publication du calendrier électoral par la CENI. Eh bien, le calendrier a été publié. Les présidentielles sont fixées au 27 novembre 2016. Le pouvoir s'en réjouit tandis que l'opposition y perçoit un piège. On risque de "glisser", c'est le vocable actuellement en poupe qui a causé morts d'hommes, arrestations, pillages, arrêts des services internet, mss ou sms, etc. On voudrait éviter le glissement à tout prix, mais les moyens mis pour l'éviter semblent paradoxalement le favoriser selon les opposants. On parle de financement en milliards qui ferait défaut. Là, je viens de lire sur Facebook que l'opposition propose un autre calendrier plus consensuel à leur avis, prétextant qu'elle n'a pas été consultée. Dans l'entre-temps, les figures majeures de l'opposition voyagent à l'étranger, en Belgique comme aux Etats-Unis sur invitation, espérant que la solution à leurs problèmes viendra de l'extérieur. Qu'on se le dise, les étrangers ne poursuivent que leurs propres intérêts et leur main-mise sur les immenses potentialités de ce pays. Le bien des Congolais ne les intéresse que peu ou prou. Ces contradictions donnent lieu à une crise de confiance dans les institutions à tous les niveaux.
3. Ce que j'entends par rhétorique démocratique, c'est ce discours lié à l'immédiateté qui entrouvre des impasses dont l'issue semble inconnue. Que dis-je? Inconnue n'est peut-être pas le mot juste, car n'oubliez pas que l'on a affaire à des politiciens très futés dans l'art de la conduite des hommes. M. Sassou sait très bien de quoi il parle, il pèse chaque mot qu'il prononce. Et il connaît très bien ses concitoyens auxquels il lance une bulle d'essai. Bon stratège et dirigeant expérimenté, soldat de surcroit, il sait exactement quand placer le mot juste. Du côté de la RDC, l'apparence d'ambiguïté du moment ne doit pas distraire des vrais enjeux de ce pays. Tout semble ouvert apparemment, aux yeux des naïfs comme moi, mais je crois qu'il faudrait attendre et observer l'évolution des événements. Les Belges qui s'en mêlent par réflexe colonial enfoncent une porte déjà ouverte. Le secret de cette rhétorique, c'est en dernière analyse, le tenant du pouvoir, non pas le peuple, qui le tient. Que dis-je encore? C'est l'année 2016 qui en décidera. Parole de littéraire qui estime, depuis toujours, que l'exercice de la démocratie est compliqué en Afrique.
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