Strasbourg, il est 10 heures passées lorsque je me présente au guichet d'Avis pour une voiture de location. Passeport, permis de conduire, formalités d'usage, tout est parfait sauf une chose. Ma carte bleue ne passe pas. Opération non autorisée, indique le TEP. Premiers embarras. J'appelle Mama Mapasa qui m'attend à Schiltigheim pout qu'elle présente sa carte, car une seconde tentative s'avère inefficace. Pour quelqu'un qui habite Barbados peu habitué à de telles déconvenues, la rasade semble difficile à avaler. Je propose un paiement en espèces. Négatif. Les instructions sont formelles. L'agent va jusqu'à évoquer une opération frauduleuse éventuelle par des truands. Ce qui ne m'inquiète pas outre-mesure car je sais que mes comptes sont en ordre. Je me connecte à l'Internet et constate que tout est normal. Est-ce ma carte ou est-ce ma banque? Je ne saurais le dire. Le temps en pareilles circonstances paraît interminable. Léon et Madame s'amènent. J'envisage même de recourir à la carte bleue de Léon, quitte à régler les comptes plus tard. Mais heureusement, la carte de Clavère passe. Ouffff :j'ai eu très chaud car nos plans allaient tomber dans l'eau.
La deuxième épreuve, c'est le démarrage de la voiture choisie. La Yaris que j'ai choisie n'a rien à voir avec celle de Mama Mapasa. Elle est ultrasophistiquée. Le broussard que je suis retourne à sa primitivité. Je ne panique pas pour autant. On regrette d'avoir laissé partir un agent qui était tantôt là. Comme par hasard, ou par essai et erreur, la voiture démarre comme un appareil ordinateur. Power on. L'autre hic, c'est de retourner à Schiltigheim prendre les enfants et les effets car il est prévu d'arriver à Lausanne, en Suisse, autour de 18 heures. Après quelques détours, on arrive à retrouver notre point de départ. Il faut étudier le parcours et utiliser le GPS incorporé dans la voiture. Un autre casse-tête. Là c'est Claver Junior qui montre son génie d'enfant de la génération dot.com. Il est complètement à l'aise avec cet appareil mystérieux que curieusement je n'ai jamais eu l'occasion d'utiliser en tant que conducteur. On s'en sort sans trop de dégâts, on choisit plutôt l'anglais comme langue de préférence. On se fourvoie dans le traffic o combien dense.
Dans ma tête d'ancien routier, il faut prendre Offenburg puis Freiburg avant de descendre à Basel. Que non le GPS préfère Colmar, Mulhouse et Bâle; Soit on suit, mais on ne suit pas en réalité car c'est l'homme au volant qui en réalité décide du parcours. Tant bien que mal, on finit par trouver un consensus. Alors tout va vite, je retrouve les vieilles sensations des voyages. C'est long pour les enfants, on doit faire des pauses, se relaxer. Ils roupillent. 'Papa, on est encore en France?" "La Suisse, c'est loin?". L'entrée à Basel est impressionnant avec ces longs tunnels si bien éclairés et si bien aérés. Je reconnais les lieux pour avoir vécu à Muttenz, Riehen et Basel Stadt du temps de mes ministères. Je remonte le temps. Avec Clavère, on reconnaît un endroit où une Ferrari avait failli nous cogner dans sa lancée incontrôlée. Wengen, Oensingen, des noms qui reviennent. A Bern après Wankdorf on va sur Neuchatel plutôt que Fribourg. Sans le vouloir en fait. Mais l'idée est d'arriver car la fatigue nous guette. Au milieu de ces noms me revient un plus récent mais ancien. Celui de ma muse. Ma poétesse inspiratrice et complice qui à travers les montagnes de Heidi me guide et fait d'interminables coucous. Je la salue à tout bout de champ dans son lointain logis de solitaire. Qkoteli wapi? Que je me demande. La Suisse, c'est la cinquième part de ma vie que j'y ai passée. Que des souvenirs! Que des visages dont certains ne reviendront plus. Shemsi, je ne la joins pas. Rose est absente. Faustin est où, je ne sais. Régine n'a pas répondu à mon appel.
Un arrêt au restauroute de Bavois pour signaler notre arrivée au Jeunotel et demander la direction. L'Internet nous est offert par Coop. On arrive à Lausanne Sud sans problème. Le temps de s'installer et de grignoter quelque chose. Je fais des appels et des messages à différentes personnes. Je joins Strasbourg, Yverdon, Kenge, Kin et Barbados Urgences ici, nouvelles là bas.
Il est 5 heures en ce 4 août. OOOhhh c'est le jour anniversaire de l'intronisation de Mgr M'Sanda d'heureuse mémoire, celui-là meme qui m'envoya étudier en Suisse en 87. Silence total à l'hotel. On dort. Sauf moi.
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